Un marin cannois confiné sur son voilier en Norvège
Xavier David, capitaine de bateau, vit le confinement à des milliers de kilomètres de la France : il raconte son quotidien à bord de son voilier à Bodø, dans l’archipel des Lofoten en Norvège
Son confinement est à l’image de son parcours : atypique ! C’est à bord de son voilier, en Norvège, que le Cannois Xavier David traverse la crise sanitaire mondiale. Tour à tour membre de l’équipe de France de voile, chef d’entreprise spécialisé dans la fabrication de vêtements de snowboard, chef de projet du Vendée Globe mais aussi marin aguerri, le sexagénaire cannois a exploré la planète. Depuis bientôt 3 ans, le capitaine du Leatsa ade nouveau changé de cap et embarque sportifs et touristes du monde entier pour des randonnées à ski et safari-photo dans les archipels des Lofoten et du Svalbard, en Norvège.
« Le projet est né il y a 5 ans, avec un entrepreneur niçois à qui appartient le bateau. Il a été entièrement réaménagé pendant presque deux ans, notamment au chantier naval de l’Esterel, pour affronter le grand froid. C’est un bateau confortable ! », assure le marin.
« Les gens sont très respectueux ici »
Parti début février de Dunkerque pour accueillir un groupe en Norvège, Xavier David a accosté le 5marsauportdeBodø. « Les clients n’ont pas pu venir. Ensuite, les annulations se sont enchaînées… » Après une quarantaine de 14 jours à bord, le marin a pu retrouver le grand air. Et observer nos voisins nordiques gérer la crise. « Ici, le confinement n’est pas obligatoire. Les gens sont très respectueux. On peut sortir, il n’y a pas d’interdiction d’aller marcher ou faire une randonnée par exemple. Dans les supermarchés, pas de pénurie. Il y a du gel hydroalcoolique et des gants disponibles à l’entrée. Les bars et restaurants ont commencé à rouvrir avec les précautions d’usage il y a quelques jours. Une table sur deux par exemple. »
Les « réfugiés de Bodø » s’organisent
Sur le pont chaque jour, pas le temps de s’ennuyer, « il faut entretenir le voilier, il y a toujours de petits travaux à faire. » Le Cannois peut aussi compter sur son second, Julie Mira, Dunkerquoise de 30 ans, qui a fait le voyage avec lui : « Elle me donne des cours de dessin en ce moment ! Je passe aussi beaucoup de temps à lire et regarder des films. »
Dans le port, la solidarité s’est rapidement mise en place : « J’ai pu imprimer des photos de mes enfants pour les afficher dans ma cabine. » Ses voisins sur l’eau ont même créé un groupe, « Les réfugiés de Bodø. » « Il y a un bateau suisse, un belge et un autre français. On échange sur WhatsApp. On a prévu d’aller pêcher la morue et d’organiser un barbecue sur une île déserte pas très loin. » Malgré les quelques degrés ambiants ? « Ici, les Norvégiens disent qu’il fait toujours bon… mais que les étrangers n’ont pas les vêtements adéquats », rigole Xavier.
En attendant le retour d’éventuels groupes à transporter, il restera en Norvège : « La saison s’achève normalement en septembre. On va rester ici et voir si on peut respecter nos engagements. On a peu d’infos, on ne sait pas quand les frontières seront rouvertes. On est en attente des décisions gouvernementales européennes… Mais on ne va pas se plaindre, les conditions sont plutôt agréables. »