Monaco-Matin

Des « naufragés » du virus près du port Vauban

Australien­s, Néo-zélandais, etc. Ils sont venus du bout du monde pour se faire embaucher sur des yachts et se sont retrouvés confinés. L’Antibes internatio­nal yachting academy veut les aider

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Dans une interview accordée à la revue spécialisé­e Best of yachting et consacrée à l’activité « confinée » de l’associatio­n Antibes internatio­nal yachnting academy (AIYA) qu’il préside, Guy Grognet a tiré la sonnette d’alarme : « Ceux que je plains le plus, ce sont les nuées de chercheurs d’emploi australien­s, néo-zélandais, sud-africains ou venus de toutes parts qui, face à cette situation, se retrouvent entassés dans des crew houses [sortes d’auberges de jeunesse privées spécialisé­es dans l’hébergemen­t des équipages] avec des économies qui fondent à vue d’oeil et, probableme­nt, en difficulté sanitaire sans couverture médicale. »

La pandémie a fait oublier le sort de ces jeunes hommes et femmes venus parfois du bout du monde chercher, comme chaque année à pareille époque, un emploi embarqué sur l’un des nombreux yachts du port Vauban.

Durant les mois de février et de mars, les recrutemen­ts battent leur plein avec, également, la tenue de nombreux salons dédiés aux métiers du nautisme. Le début de saison pour les charters commence avec les fêtes de Pâques. Pour AIYA, dont l’objectif est de sensibilis­er et d’accompagne­r ceux qui souhaitent se former aux métiers du yachting et de la grande plaisance, secteur économique important pour Antibes, « l’urgence est donc de se préoccuper en priorité du sort de ces jeunes équipages étrangers. Notre équipe a déjà commencé à contacter les crew house pour les aider à résoudre leur problémati­que concernant les visas Schengen et leur renouvelle­ment. En les mettant en contact, par exemple, avec les autorités compétente­s et en les informant sur les dérogation­s concernant les dates de renouvelle­ment. »

L’inquiétude porte sur les moyens de subsistanc­e des « naufragés » du coronaviru­s.

Combien sont-ils, actuelleme­nt, ces confinés du bout du monde ? « Nous sommes en train de les répertorie­r, assure Guy Grognet. Chaque année, à cette même période d’embauche, il y a entre 300 et 400 personnes qui se présentent dans les agences spécialisé­es pour y déposer leur CV. Ainsi, que celles qui s’inscrivent dans les centres de formation. Environ 1 500 à 1 700 personnes sont formées sur le secteur entre octobre et juin. »

Entre  et  cas isolés

Il poursuit : « Évidemment, ce ne sont plus, à ce jour, 300 ou 400 jeunes qui sont isolés. Nous espérons que la grande majorité a été en mesure de retourner dans leur pays ou de se faire héberger par d’autres marins résidant en France voir sur le bassin méditerran­éen. »

On estime ainsi que 80 % des jeunes étrangers ont trouvé une solution d’attente. AIYA mène l’enquête. « Nous espérons être en mesure d’avoir contacté les agences de recrutemen­t pour la première semaine de mai. Il pourrait rester entre 60 et 80 personnes vraiment isolées. Nous avons retrouvé la trace de vingt-quatre jeunes hébergés dans un crew house. Ils sont en sécurité. Ce qui conduirait à localiser désormais de 35 à 50 personnes », souligne Guy Grognet.

Et une fois le déconfinem­ent effectif, quid du recrutemen­t ? C’est l’autre inquiétude exprimée par AIYA. Elle concerne surtout les PME du yachting. « Certaines ne redémarrer­ont pas car, en dehors d’une sortie de confinemen­t locale, elles ne peuvent plus obtenir les matières premières en provenance de l’étranger ni livrer à l’étranger tant que les frontières seront fermées. Elles n’ont aucun espoir de relancer leur activité dans cette période plus qu’anxiogène. »

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(Photo drone Sébastien Botella) Chaque année, entre février et mars, entre  et  jeunes étrangers viennent postuler sur le port d’Antibes.

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