« LA FIN DU CONFINEMENT STRICT LE LUNDI 4 MAI »
Un déconfinement « par étapes et sous conditions » à Monaco Le port du masque « très fortement recommandé » «Ledéfiqui nous attend est immense »
Surtout marqué jusqu’ici par la confusion et les polémiques, le débat public sur le déconfinement va franchir une étape décisive, cet après-midi à partir de 15 heures, avec la présentation de la « stratégie nationale » en la matière par le Premier ministre, Édouard Philippe, devant les députés. L’étendue de ce qui sera dévoilé restait hier inconnue, avec la possibilité que seuls de grands principes soient édictés (nos éditions d’hier). Seule certitude : Emmanuel Macron avait insisté, le 13 avril, sur le fait que la « levée du confinement » serait « progressive ». À part ça, les questions et les doutes ont plutôt eu tendance à se multiplier au gré des déclarations de Matignon ou des différents ministres.
● De nombreuses questions
Sujet le plus controversé : la réouverture à partir du 11 mai des crèches, écoles, collèges et lycées. Le Conseil scientifique (nos éditions d’hier), la quasi-totalité de l’opposition politique et une majorité de parents d’élèves, à en croire les sondages, y sont opposés. Mais pas l’Académie de médecine, notamment, qui a néanmoins suggéré toute une batterie de mesures pour l’accompagner.
Sauf coup de théâtre, le Premier ministre ne devrait pas revenir sur cette mesure annoncée par le président de la République lui-même. Les modalités, en revanche, pourraient commencer à être actées. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a en effet déjà avancé plusieurs pistes : sur trois semaines par groupes de niveaux, en commençant par les plus jeunes ; la possibilité de demi-classes ; la priorité mise sur les élèves les plus défavorisés ; des distinctions éventuelles en fonction de la gravité de l’épidémie selon les territoires. Plusieurs voix se sont par ailleurs exprimées pour réclamer que les masques soient obligatoires pour les enseignants, les collégiens et lycéens.
D’une manière plus générale, la question du port obligatoire des masques est aussi très sensible. Jusqu’ici, le ministre de la Santé, Olivier Véran, ne l’a évoqué, et encore de façon « probable », que pour les transports publics. Mais certaines collectivités locales et de nombreux membres de l’opposition souhaiteraient que cela soit le cas dans tous les lieux publics. Encore faudrait-il, pour ce faire, que les objectifs ambitieux en matière de masques disponibles (lire ci-dessous) soient tenus.
Outre ces deux points les plus débattus, de nombreux autres restent complètement en suspens. Y aura-t-il des différences selon les régions ? Tous les commerces – à part les restaurants, cafés, bars et boîtes de nuit, qui ne seront fixés que fin mai – pourront-ils rouvrir, ou cela dépendra-t-il des secteurs, de la taille des magasins (comme en Allemagne, par exemple)... ? Quelles mesures sanitaires (nombre de clients simultanés, distribution de gel hydroalcoolique...) devront-ils respecter ? Le télétravail restera-t-il la norme lorsque cela est possible ?
Quid des rassemblements festifs ou sportifs, entre autres ? Les déplacements seront-ils possibles sur l’ensemble du territoire, y compris en train et en avion ? Et à l’étranger ?
● Un vote historique dans des conditions inédites
Vu l’ampleur du défi à relever, et alors que – malgré des signaux positifs – la situation sanitaire reste très tendue et la crainte d’une « deuxième vague » est présente dans toutes les têtes, l’exécutif joue donc gros. Et saura très vite s’il a réussi à convaincre, le discours d’Édouard Philippe étant suivi d’un débat avec les députés, puis d’un vote. Celui-ci est bien maintenu dans la foulée, malgré les protestations unanimes des oppositions, qui réclamaient un délai avant de donner leur réponse (nos éditions d’hier).
Qui plus est, ce vote intégrera la question de l’application de traçage numérique « StopCovid », autre sujet très polémique et qui devait à l’origine être débattu séparément. Les résultats du scrutin – qui, du fait des contraintes sanitaires, ne sera concrètement effectué que par 75 députés, auxquels les autres membres de leurs groupes auront confié leur position – devraient être connus vers 18 heures. La France insoumise votera contre, a déjà fait savoir Jean-Luc Mélenchon. Pour le reste, et étant donné les remous de ces dernières 48 heures, tout est ouvert.