Monaco-Matin

« Dites-leur bien de ne pas se précipiter »

- F. L.

Hier matin, un pharmacien préoccupé : « Dites bien à vos lecteurs de ne pas se précipiter ! Pour beaucoup d’entre nous, il sera impossible d’avoir des masques à vendre avant plusieurs jours… »

Wilfried Ramey, installé à Ferber, à Nice, veut revenir à la réalité. « Ce n’est pas parce que le décret est sorti que ça y est, tout est à dispositio­n. Ce matin, j’avais des gens qui faisaient le siège de la pharmacie, avant même l’ouverture. Les médias ont évoqué ce sujet en boucle durant tout le week-end et tout le monde pense que nous sommes prêts. Non, ce n’est pas le cas. »

Il explique que les officines ont été intégrées tardivemen­t dans le réseau. Et qu’elles n’ont pu engager de commandes de façon plus précoce. Résultat, les demandes s’amoncellen­t et les fournisseu­rs peinent à suivre.

« La décision de réserver les premiers masques aux profession­nels de santé a été assez lourde en termes d’organisati­on et de contrôle. L’OMS n’a pas préconisé leur port généralisé dans un premier temps, puis nos représenta­nts ont changé de position quand on s’est rendu compte que c’était le cas ailleurs, en Asie notamment. » Il souligne aussi que le Conseil scientifiq­ue préconise cinq à six masques par personne, aucun ne devant être porté plus de quatre heures avant d’être lavé. Pour celles et ceux qui reprendron­t le travail collectif, compter six masques pour trois jours.

« On cherche tous »

Président de l’Union des syndicats de pharmacien­s d’officine (USPO 06), Cyril Colombani,

qui exerce à

,se souvient d’avoir été sollicité par de nombreux fabricants dès le 6 avril : « Mais nous ne connaissio­ns pas les caractéris­tiques des masques que nous aurions le droit de vendre. D’ailleurs, on nous a proposé des choses que nous ne serions pas autorisés à présenter aujourd’hui. » Il était donc urgent d’attendre, même si, aujourd’hui, il faut rattraper le temps perdu. « On cherche tous. D’autant que, tant qu’il n’existe aucun vaccin, on risque de devoir vivre avec ces masques pendant un moment », imagine-t-il.

Les pharmacien­s des Alpes-Maritimes se rassemblen­t massivemen­t sur un réseau social : « On y trouve 90 % des 400 pharmacies du 06. Aujourd’hui, une vingtaine seulement ont des masques à vendre. Je crois que les buralistes n’en ont pas non plus… » Cyril Colombani ne voit aucun inconvénie­nt à ce que le circuit soit ainsi élargi : «Si 20 millions de Français retournent sur leur lieu de travail, on aura besoin de 80 ou 100 millions de masques, très vite. Tous les acteurs sont donc les bienvenus. »

Si l’on a mis la charrue avant les boeufs, il reste peu de temps pour s’adapter. « Avec les ponts des 1er et 8 mai et des délais de livraison de 5 à 10 jours, il faut encore un peu de patience. En se disant que, de toute façon, les fournisseu­rs auraient refusé d’honorer des commandes tant que le cahier des charges n’était pas connu, par crainte de devoir récupérer une marchandis­e qui n’aurait pas été conforme. »

Seul réconfort : « Le 11 mai, je pense que tout le monde sera servi. »

 ??  ?? « On risque de devoir vivre avec ces masques pendant un bon moment. » (Photo Frantz Bouton)
Roquebrune­Cap-Martin
« On risque de devoir vivre avec ces masques pendant un bon moment. » (Photo Frantz Bouton) Roquebrune­Cap-Martin

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