Monaco-Matin

Nice : « Des masques périmés et qui partent en lambeaux »

- ELODIE ANTOINE elantoine@nicematin.fr

« A mon tour de pousser un petit coup de gueule au sujet des masques. C’est une honte de travailler encore le 17 avril avec du matériel comme ça », lâche l’infirmière niçoise dans les premières secondes de cette vidéo, qui a été énormément partagée et vue plus de 11 000 fois.

Comme bon nombre de profession­nels de santé – hors personnel hospitalie­r – encore en activité, pour obtenir des masques, Carine Deste passe par le site « Gomask ». Du matériel, qu’elle va ensuite retirer dans une officine niçoise. Contactée par téléphone, elle précise : « Nous avons le droit à 6 masques FFP2 par semaine. Et quand il n’y en a pas, nous avons des masques chirurgica­ux. »

Elle ajoute : « Il faut le changer toutes les trois heures, donc nous en avons pour deux jours maximum puisque nous avons 9 heures de tournée par jour. C’est franchemen­t insuffisan­t. »

Si la quantité pose déjà problème, la qualité aussi. Les masques que l’infirmière niçoise a reçus ont été conçus en 2001 et sont périmés depuis 2007.

« C’est innommable »

Elle indique « qu’ils étaient déjà périmés lorsque la grippe H1N1 nous est tombée dessus. On le savait qu’on allait nous fournir ça. Au cabinet, nous en avions gardé et on les a tout de même utilisés. On pense que même si la date d’utilisatio­n est passée, ils doivent tout de même être efficaces pour protéger du Covid-19. Là n’était pas le problème. » Ces masques sont dotés d’une protection en mousse, qui cache une barrette métallique permettant de le fixer, de manière ergonomiqu­e sur le nez. Une mousse qui, avec le temps, se détériore complèteme­nt. « J’ai un ou deux patients qui m’ont demandé qu’est-ce que c’était que ces points noirs que j’avais partout sur le nez. Je suis allée regarder et j’ai compris ce que c’était. J’en ai même eu dans les yeux. Donc moi, je suis allée travailler avec du matériel qui se désagrège. On nous a donné des masques périmés et qui partent en lambeaux, c’est innommable. Ça fait plus d’un mois que nous sommes confinés et on nous envoie encore du matériel qui se délite. Au cabinet, nous avions des masques dans cet état et nous avions fait le choix de ne pas les utiliser », s’insurge-t-elle sur sa vidéo. Comme les autres soignants à domicile, elle nous explique se sentir totalement délaissée. «Je ne sais pas si je suis protégée lorsque je travaille. On ne sait plus quoi faire. Et c’est surtout à la santé de mes patients que je pense. D’ailleurs, si on ne pensait qu’à nous, ça ferait longtemps qu’on ne

« Je crains une seconde vague »

Le déconfinem­ent approche et l’infirmière niçoise craint le pire : « Une seconde vague. » Jointe par téléphone, elle explique qu’ «ilva y avoir davantage d’échanges entre les personnes et je pense que le nombre de cas va repartir à la hausse, même si notre région a bien été épargnée par le Covid-19 jusqu’ici. On ne peut même pas faire de stock pour se préparer. Et puis, on le sent, il y a déjà du relâchemen­t. Certains ont repris le travail, les magasins autorisés rouvrent et j’en entends beaucoup qui ne se sentent pas vraiment en danger et donc ne font pas trop attention. »

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(Photos capture écran Facebook) Infirmière libérale à Nice, Carine Destre est exaspérée par le manque et la qualité du matériel distribué aux personnels soignants.

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