Ce que l’on sait des vaccins à l’étude et de l’immunité
Cent dix-neuf projets lancés, 9 en phase d’essais cliniques : on fait le point sur les vaccins contre le coronavirus et sur la création d’anticorps pour se protéger
Alors que le déconfinement se profile le 11 mai, les Français vont devoir apprendre à vivre avec le virus encore plusieurs mois, voire années, sauf si un vaccin était rapidement commercialisé ? On fait le point sur les projets en cours.
De quoi parle-t-on ? Pour que l’épidémie de Covid-19 s’enraye – sauf disparition soudaine de ce nouveau coronavirus – il faut que la population atteigne ce que l’on appelle « l’immunité collective » ou « immunité de groupe ».
Pour cela, deux solutions : soit au moins 60 % de la population (c’est une estimation des épidémiologistes) a contracté la maladie et développé une immunité, c’est-à-dire que le corps garde en mémoire la façon de vaincre l’infection pour ne pas retomber malade, soit la population a été massivement vaccinée.
Depuis le début de l’épidémie de Sars-Cov-2 en Chine, des laboratoires du monde entier se sont lancés dans une course contre la montre pour développer un vaccin le plus rapidement possible.
Où en sont les différents projets ? Produire un vaccin prend du temps. Le Premier ministre français, Édouard Philippe, a indiqué dimanche 19 avril qu’il ne fallait pas en attendre un « avant 2021 ». Il existe actuellement 119 projets de vaccins – on les appelle « candidats vaccins » – qui ont été recensés par le centre de vaccination de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (la London school of hygiene & tropical medicine).
Cent onze candidats vaccins en sont au stade « préclinique » ,qui correspond à la formulation du vaccin et à son test sur des animaux en laboratoire.
Huit candidats vaccins sont dans la phase 1, qui comprend le test du vaccin sur un petit nombre de volontaires sains (entre 10 et 100), pour répondre à une première série de questions : « Le vaccin provoque-t-il des effets indésirables sérieux ? », « Génère-t-il une réponse optimale du système immunitaire ? », « Quelle est la dose adaptée ? ».
Un candidat-vaccin est déjà en phase 2, qui correspond, elle, à l’administration du vaccin à un nombre plus élevé de volontaires, entre 100 et 1 000. On continue à vérifier la tolérance et l’innocuité du candidat-vaccin et s’il procure bien une protection durable contre l’infection.
En phase 3, enfin, il s’agira de tester le vaccin sur un large panel de volontaires (entre 1 000 et 10 000) et répondre aux questions de type bénéfices-risques pour un échantillon large et plus divers de population. Normalement, ces étapes avant la commercialisation d’un vaccin durent une dizaine d’années. Dans le cas du Covid-19, on parle de les ramener au moins àunan.
Un vaccin en phase à l’automne ?
L’une des équipes les plus avancées est celle de Moderna. La société américaine de biotechnologie a mis 42 jours à produire son candidat-vaccin « mRNA-1273 » et il est actuellement en phase 1. Si celle-ci est concluante, la phase 2 pourrait être enclenchée avant le début de l’été, la phase 3 à l’automne.
Son vaccin repose sur une technologie nouvelle : l’ARN (acide ribonucléique) messager. Plutôt que d’injecter des protéines virales qui permettent au virus de pénétrer dans les cellules pour s’y répliquer (comme c’est le cas par exemple des vaccins contre la coqueluche ou l’hépatite B), l’idée du vaccin mRNA-1273 est d’administrer l’ARN du virus, c’est-à-dire le programme qui produit ces protéines. Des laboratoires de l’université d’Oxford travaillent eux aussi sur un vaccin, baptisé « ChAdOx1 ». Il est actuellement en phase 1. Mais sa fabrication massive a déjà commencé, a annoncé le directeur de l’institut Jenner à l’université d’Oxford, Adrian Hill, dans un entretien accordé à l’agence Reuters le 17 avril. « L’objectif est de disposer d’un million de doses en septembre, en espérant les résultats positifs des essais cliniques », indique le chercheur.