Une place sans camembert
Après trois mois de travaux et quelque 2,5 millions d’euros investis, l’espace entre le Casino, le Café de Paris et l’Hôtel de Paris a été totalement repensé pour être à géométrie variable
Avouons-le d’emblée : la nouvelle place du Casino, célébrissime « place du camembert », fait pousser des cris d’orfraie sur les réseaux. Nous, nous sommes bien plus indulgents. Certes, difficile d’appeler encore « place » ces quelque 3 500 m2 qui, après trois mois de travaux et une enveloppe de 2,5 millions d’euros, auraient dû être inaugurés à Pâques.
Entre le Casino, l’Hôtel de Paris et le Café de Paris, un vaste espace dallé de pierres de Comblanchien et ponctué de vingt palmiers attend le déconfinement derrière les palissades de chantier.
Alors oui, aujourd’hui, l’ambiance semble décliner le thème de la pauvre oasis au milieu du désert. Ce n’est d’ailleurs pas plus attristant qu’une place du Palais princier ou une esplanade du Grimaldi Forum totalement vides.
Le passé (très) revisité
La place du Casino du « monde d’après » trouve son inspiration dans l’histoire de Monte-Carlo, explique Daniel Lambrecht, directeur de l’immobilier de la Société des Bains de Mer.
« Nous nous sommes inspirés des photographies anciennes ; à l’époque où la place était piétonnière et où seule les calèches venaient arrêter les clients devant le Casino de MonteCarlo. Cette pierre de couleur claire choisie pour le sol est celle de l’Opéra
Garnier, du socle de la Statue de la Liberté et des marches de la Pyramide conçue par Ieoh Ming Pei au Louvre. Nous ne l’avons pas poli pour éviter que le revêtement soit ni trop lisse, ni glissant. Nous avons réfléchi deux ans avant de retenir le projet de l’architecte Michel Desvigne, qui a pensé également les espaces paysagers du Larvotto. Le bassin au centre duquel est installé le miroir d’Anish Kapoor rappelle le bassin qui existait au début du siècle dernier. La SBM revisite le passé mais s’inscrit toujours dans son histoire. »
Le style de Michel Desvigne reprend donc des éléments du passé dans une veine particulièrement épurée. L’architecte n’a pas été le seul à être consulté. Jean Mus, qui a réalisé les jardins de la Petite Afrique, avait imaginé un projet très végétal. Il n’a pas été retenu.
Aspect particulier de ce projet : sa transformation possible en immense cirque pour des shows ou événements culturels exceptionnels. Ainsi, les vingt palmiers sont dans des bacs et peuvent être « déménagés », la sculpture d’Anish Kapoor et son socle peuvent être démontés facilement, tout comme le bassin qui, lui, peut être recouvert. Tous les réseaux ont été installés et sont accessibles par des trappes. De quoi imaginer des événements qui continueront à faire les belles heures de Monte-Carlo, sans forcément imaginer un bal masqué…