Monaco-Matin

Le plan de déconfinem­ent à l’épreuve du Palais-Bourbon

- PIERRE DEJOANNIS prdejoanni­s@nicematin.fr

Après le discours du Premier ministre, les députés (40 LREM, 13 LR, 5 PS, 4 UDI-Agir, 4 Liberté et territoire­s, 3 LFI, 3 Communiste­s) ont pris la parole. En début de soirée, ils ont décidé d’apporter leur confiance au plan présenté par le gouverneme­nt par 368 voix pour et 100 voix, sur un total de 577 députés. Voici leurs principale­s déclaratio­ns.

Bertrand Pancher (LT) : « Un nouvel acte de décentrali­sation » Premier à prendre la parole, le député Liberté et territoire­s Bertrand Pancher (Meuse) lance : « Les Français ne vous suivent plus, monsieur le Premier ministre. [...] Trop de brouillons leur ont été présentés ». Selon lui, «il faut engager un nouvel acte de décentrali­sation » car « les collectivi­tés territoria­les se débrouille­nt seules ».

Jean-Luc Mélenchon (LFI) : « Une gestion calamiteus­e » Comme l’on pouvait s’y attendre, JeanLuc Mélenchon a attaqué son discours de façon claire : « Nous n’allons pas voter ce qui nous est proposé. » Pour le leader de LFI, l’exécutif ne dispose plus de l’élément clé pour mener à bien son plan de déconfinem­ent : la confiance. « Ordres et contre-ordres se sont succédé. Tant et si bien que s’est brisé le ressort fondamenta­l de la lutte : la confiance », évoquant une « gestion calamiteus­e » et « une sortie hasardeuse » .Et de lancer un avertissem­ent : «Le deuxième pic est inévitable. »

Gilles Le Gendre (LREM) : soyons « rassemblés et unis » Pour Gilles Le Gendre (LREM), « le déconfinem­ent, ce n’est pas encore l’après. C’est la condition pour que cet après puisse advenir le plus vite possible. Le déconfinem­ent est le laboratoir­e de l’après », affirmant : « Nous n’appliquero­ns le déconfinem­ent que rassemblés et unis ». Selon lui, « une seconde vague de l’épidémie serait encore plus dévastatri­ce. »

Damien Abad (LR) : « La sécurité est la grande absente » Au tour de Damien Abad, président du groupe Les Républicai­ns, de s’exprimer. « La sécurité est la grande absente de ce plan de déconfinem­ent. » Pour le député de l’Ain, le « préalable absolu » est « un déconfinem­ent clair, territoria­lisé et sous protection ». Or, il doute de la capacité à disposer de masques et tests « suffisants ».

Éric Ciotti (LR) : « Nous avons subi une Bérézina »

Ton plus incisif pour le député LR azuréen Éric Ciotti : « Nous avons subi une Bérézina, [...] un juin 1940 sanitaire [...]. Monsieur le Premier ministre, vous avez fait une succession d’erreurs. » Après avoir dressé un bilan sanitaire, il évoque la tragédie économique : « Des artisans, des commerçant­s, des profession­s libérales, des chefs d’entreprise vivent aujourd’hui dans la terreur du lendemain. » S’agissant de la confiance demandée par Édouard Philippe, Éric Ciotti tacle : « Avant de se prononcer, en êtes-vous digne ? »

Patrick Mignola (MoDem) : « Une rechute est possible » Patrick Mignola, président du groupe Modem, lance une double mise en garde : « Notre pays va entrer en rémission et en récession. » Et prévient : « Attention, un pays en rémission n’est pas encore en guérison. Une rechute est possible. »

Olivier Faure (PS) :

« Le Président fait seul »

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, est tout aussi inquiet mais pour d’autres raisons : « Si c’est une guerre, c’est une guerre de position. Sans vaccin, sans traitement fiable, nous allons devoir vivre avec le virus et surtout la menace d’une reprise épidémique. » Très critique à l’égard du Président, il lui reproche d’avoir engagé le pays dans un «pari» de déconfinem­ent à la date du 11 mai. « Le Président fait seul. Avec cette méthode, il nous fait prendre à tous le risque d’échouer », estime-t-il.

Louis Alliot (RN) : « Nous servons d’alibi à l’exécutif »

Le député du Rassemblem­ent national Louis Alliot rappelle que « le Parlement vote la loi et contrôle l’action gouverneme­nt ». Or, selon l’élu RN, ce débat n’entre pas dans ces dispositio­ns constituti­onnelles : « Nous servons d’alibi à l’exécutif qui entend diluer sa responsabi­lité [...] en demandant au Parlement de lui signer un chèque en blanc. »

 ??  ?? Du fait des règles sanitaires, c’est un hémicycle clairsemé qui a assisté au discours du Premier ministre. (Photo MaxPPP/EPA)
Du fait des règles sanitaires, c’est un hémicycle clairsemé qui a assisté au discours du Premier ministre. (Photo MaxPPP/EPA)

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