Toutes les personnes symptomatiques testées
Protéger, tester, isoler. Tels sont les grands axes de la stratégie présentée par le Premier ministre. Une seule mesure réellement « disruptive » : un test PCR au moindre signe clinique
J’ai apprécié que le Premier ministre introduise ses déclarations par cette phrase : « Il faut apprendre à vivre avec le virus », car c’est la réalité », estime le Dr Véronique Mondain, chef du service d’infectiologie du CHU de Nice. « Même si on peut espérer aller vers de meilleurs jours avec la période estivale, il est probable que le virus ne nous quittera pas de sitôt, et il est fondamental que les Azuréens continuent de respecter les gestes barrières et la distanciation sociale. » L’infectiologue se réjouit par ailleurs que les mesures soient adaptées aux réalités locales en rappelant : « Nous avons jusque-là eu beaucoup de chance ; il n’y a pas eu de clusters importants. » Mais, si notre région a été relativement épargnée, il reste que selon elle, l’élargissement du dépistage à toutes les personnes symptomatiques et à leurs cas contacts – « mesure réellement disruptive, alors que jusque-là seules les personnes à risque (ou les soignants) étaient testées » – est une excellente décision.
Casser la chaîne de transmission
« Nous l’attendions tous, c’est très important pour casser la chaîne de transmission. Et il est tout aussi impératif d’isoler les cas positifs pendant toute la phase de contagiosité, soit 8 à 10 jours après les premiers symptômes. Des dispositifs d’aide à une quatorzaine optimale sont maintenant en place, avec la possibilité d’utiliser des habitats alternatifs ou hôtels hospitaliers en cas de positivité et de difficulté à maintenir une protection du reste de la famille. Sinon, elle restera aussi confinée au domicile. »
Si la spécialiste approuve la réalisation de tests à grande échelle, elle met néanmoins en garde contre leur utilisation hors cadre fixé par l’exécutif.
Attention aux faux négatifs
« On reçoit de plus en plus d’appels de personnes qui se voient exiger de leurs employeurs, collectivités locales ou entreprises, des tests PCR ou sérologiques avant la reprise du travail. Cela n’a pas d’intérêt dans ce contexte non ciblé. Un test par PCR peut-être faussement négatif, mais aussi positif longtemps après une infection à Covid. Des fragments d’ARN du virus peuvent en effet être présents des semaines, alors que la personne est totalement guérie, non contagieuse, et peut donc parfaitement reprendre le travail. Quant aux sérologies, elles ne sont pas encore validées »
« Le plus important, conclut-elle, c’est le port du masque – à condition de bien l’utiliser – et les mesures barrières, et il faut être exigeant sur leur mise effective à disposition. Actuellement, rappelons que les patients Covid suivis en ambulatoire ne disposent pas encore de masques ! »