Monaco-Matin

Renaud Capuçon: « Les Heures reviendron­t encore plus belles ! »

- PHILIPPE DEPETRIS

Les Heures Musicales devaient accueillir, entre le 15 mai et le 16 juin, de véritables événements particuliè­rement articulés cette année autour du bicentenai­re de la naissance de Beethoven. Renaud et son frère le violoncell­iste Gautier Capuçon, les pianistes Frank Braley, Arcadi Volodos et Khatia Buniatishv­ili et le trio Zadig avaient répondu présents à ce rendezvous traditionn­el avec les mélomanes Biotois. L’équipe du festival et sa directrice artistique Liliane Valsecchi ont dû se résoudre la mort dans l’âme à cette décision imposée par la pandémie de coronaviru­s, et prise d’un commun accord avec la maire en place Guilaine Debras et celui qui doit lui succéder, Jean-Pierre Dermit.

« C’est avec beaucoup de tristesse que nous subissons, artistes et organisate­urs, ces annulation­s. En ce qui me concerne ce qui me manque évidemment c’est le partage avec mes amis musiciens et avec notre public. C’est ce qui me motive en priorité, et particuliè­rement ici à Biot où je reviens avec plaisir chaque année alors bien sûr comme tous je suis triste et frustré », indique Renaud Capuçon.

Pour autant le célèbre concertist­e se veut optimiste : «Les moments des retrouvail­les n’en seront que plus intenses. Il faut que nous soyons pragmatiqu­es, que les artistes et l’art soient défendus. Si personne n’est responsabl­e de cette situation, l’incertitud­e est pénible à vivre. » Renaud a reçu comme un cadeau « ces quelques semaines passées en famille, sans voyages, un temps où nous avons pu profiter de joies simples et essentiell­es et qui nous réapprend les vertus de la patience. »

Pas question pour autant de rompre ce lien essentiel avec le public et ses fans : « J’enregistre chaque jour à 9 heures un miniconcer­t que je mets ensuite en ligne. Je veux le faire quotidienn­ement pour garder cette adrénaline de la rencontre et de l’émotion. Nous en sommes déjà à la .... 43e séquence, indique Renaud Capuçon, et c’est pour moi un rendez-vous nécessaire. » Tout comme celui qu’il a honoré avec intensité et émotion, lors de la célébratio­n du premier anniversai­re de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris et qui l’a profondéme­nt touché. En relation avec ses élèves et avec ses amis musiciens, Renaud

Capuçon mesure toute l’étendue des sentiments qui se bousculent chez les musiciens : « Il y a eu d’abord cette phase de stupéfacti­on face aux événements, puis une forme d’adaptation à cette nouvelle vie qui nous est imposée. Maintenant s’expriment vraiment les désespoirs et les inquiétude­s. »

« Je suis convaincu que les moments difficiles et angoissant­s que nous vivons nous nourrissen­t et nous seront utiles lorsque les choses reprendron­t leurs cours », conclut Renaud Capuçon. En attendant, sur les réseaux sociaux et sur les médias, la longue plainte de son violon est aussi présente au quotidien pour rendre hommage à ceux qui nous soignent et nous permettent de vivre, pour apaiser nos peurs et nous rappeler la beauté qui nous entoure. Comme le véritable cadeau d’un formidable artiste au coeur immense dont le message d’espoir apparaît comme un beau symbole de la vie !

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(Photo Ph. D.)

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