Il avait passé la frontière avec deux Bangladais dans son coffre
Ils sont Bangladais, ont fui la misère de leur pays en 2017. A Bordighera, des Pakistanais ont vite compris le profit qu’ils pouvaient tirer de ces deux clandestins qui souhaitaient à toutes fins se rendre en France.. Abdel Bouzerdoum, 42 ans, un chauffeur algérien, est alors recruté par les rabatteurs. Il est présenté par les autorités italiennes comme un passeur professionnel.
Reconnu à la télé
Il a même été reconnu, en 2018, dans un reportage télé qui montrait, à l’époque, la facilité de franchir la frontière italo-française. La police italienne le soupçonne d’effectuer jusqu’à deux passages quotidiens.
Le 2 février dernier, les carabiniers le repèrent. Deux étrangers viennent de monter dans sa Peugeot 307 qui file à vive allure vers l’Ouest. Ils préviennent leurs homologues français qui interceptent le véhicule vers 17 heures au péage de La Turbie.
Dans le coffre, deux Bangladais, dans une situation inconfortable, sont cachés sous des sacs. Pendant sa garde à vue, le passeur reste silencieux. A la différence de son téléphone qui ne cesse de recevoir des appels. Le suspect refuse de donner ses codes d’accès. Ce qui est un délit. Il explique que ce sont des policiers maladroits qui ont bloqué son téléphone. Abel Bouzerdoum a déjà été condamné pour aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière à vingt mois de prison. Son casier judiciaire évoque aussi une condamnation pour de l’importation de tabac de contrebande.
« Connu à Bordighera »
« Vous faites partie d’un réseau, vous êtes un passeur habituel semble-t-il », note le président Alain Chemama. « Non, non », répond le prévenu, en visioconférence depuis la maison d’arrêt de Nice. « Mes deux passagers me semblaient en situation régulière. » « Pourquoi les avoir mis dans le coffre ? », interroge le magistrat. L’individu se perd dans des explications labyrinthiques. L’un des Bangladais a versé 100 euros au rabatteur alors que son titre de séjour italien lui permettait d’entrer légalement sur le territoire français. Abdel Bouzerdoum vivrait à Marseille, sa femme et ses trois enfants sont restés en Algérie. Il est manifestement en lien étroit avec des rabatteurs en Italie. Le procureur Yves Teyssier insiste sur ce point : « Cette Peugeot 307 avait été très souvent repérée. Ce monsieur participe de manière habituelle à du trafic d’êtres humains. Il est d’ailleurs très connu et reconnu à Bordighera. »
Contre un homme « qui ne s’intègre pas à la société mais qui se met hors la loi », le magistrat du parquet requiert quatre ans de prison et l’interdiction définitive du territoire national. En état de récidive, Abel Bouzerdroum écope de quarante mois de prison. Il devra être expulsé en fin de peine.