Bonnet : « Me balader dans le Vieux-Nice me manque »
Chaque jour, un sportif de la région nous raconte son quotidien dans cette période de confinement. Aujourd’hui, la nageuse de l’Olympic Nice Natation, Charlotte Bonnet.
« Un événement a compté pour moi cette semaine : les 91 ans de mon papi. Il vit seul depuis plusieurs années. C’est un peu compliqué pour lui en ce moment puisqu’on lui a retiré ses aides à domicile à cause du confinement. Ma tante qui habite Paris, comme lui, lui a rendu exceptionnellement visite, avec gants et masque, pour lui offrir un petit gâteau d’anniversaire. On en a profité pour s’appeler sur Facetime. Il y avait aussi mes parents, mon cousin et on a soufflé virtuellement les bougies tous ensemble. C’est la personne qui me manque le plus en ce moment. On est très proches, on s’appelle tout le temps. Il a une importance capitale pour moi. J’ai grandi avec lui. Pendant mon enfance, je passais plus de temps à ses côtés qu’avec mes parents (très pris sur le plan professionnel, NDLR). On a partagé tant de choses, des souvenirs. C’est lui qui me jetait dans la piscine au camping avec mes brassards et je me débrouillais pour nager (rire). Il m’a suivie sur plein de compétitions. C’est un fidèle supporter. On parle de tout et il a des avis décalés. Bref, c’est un papi plutôt jeune dans la tête. Si je lui mets une casquette à l’envers et que je lui dis de danser, il va le faire (rire).
J’ai écouté le Premier ministre (hier) au sujet du déconfinement. Je n’étais pas pessimiste ou optimiste avant ses annonces. Je n’en attendais pas grand-chose pour les sportifs et sur la réouverture des piscines. Il faudra attendre fin mai pour avoir des nouvelles. Pour l’instant, je pense qu’il faut simplement être à l’écoute du corps médical. C’est lui qui est en première ligne et le mieux placé pour s’exprimer. Les soignants sont les témoins du flux des malades, de ceux qui guérissent. Ce sont eux qui peuvent nous dire si la situation empire. Il y a encore une semaine, ils nous conseillaient de rester chez nous. Quand j’écoute leurs témoignages, qu’ils ne peuvent pas toucher leurs enfants quand ils rentrent, c’est terrible et j’en ai les larmes aux yeux… Eux ne pensent même pas au déconfinement. Pour eux, la situation restera inchangée. Le virus sera encore là le 11 mai. Respect à eux. Bien sûr que j’ai hâte de sortir et flâner dans les rues. Me balader dans le Vieux-Nice, acheter des produits locaux ou des pâtes dans les épiceries italiennes, au-delà de mon sport et de sa pratique, ça me manque. Ce sont des détails mais j’aime vivre à Nice. Malgré ça, je suis prête à rester confinée au-delà du 11 mai si ça nous protège.
J’entends parfois parler de dérogations qui permettraient à des sportifs de haut niveau de reprendre tout de suite leur activité.
Je suis partagée sur cette question. Même si le sport est une part importante de la vie et que deux mois sans entraînement c’est long, ça me gênerait d’avoir ma dérogation puis rentrer et constater qu’il y a encore de nombreux décès. Continuer ma vie alors que d’autres en sont privés, ça me ferait bizarre. »