Monaco-Matin

Roby, l’enfant du Cavigal de Nice

- F.P.

Avant de grandir à Nice et de devenir une légende à SaintEtien­ne, Robert Herbin était né le 30 mars 1939, Porte de la Villette, à Paris. « Ses plus vieux souvenirs d’enfance remontaien­t à l’Occupation et à la Libération de Paris », précise Philippe Gastal, conservate­ur du Musée des Verts à Saint-Etienne. Dans la capitale, les Herbin habitaient dans le XIXe, Quai de la Loire. Ça ne s’invente pas... Robert Herbin, le papa, même prénom que son fils, était un musicien de talent. À l’après-guerre, Jacques Cotta, nouveau maire de Nice, venait de relancer l’opéra. La ville avait besoin d’un grand orchestre. Robert Herbin fut élu en tant que premier trombonist­e. Le 1er avril 1947, en soirée, la famille Herbin débarque à la gare de Nice et découvre l’accent du Sud.

Niçois à  ans

« Je pensais voir la mer et la plage en arrivant, mais ce fut quand même un jour heureux, dans la chaleur familiale », écrivit Robert Herbin dans ses mémoires (« On m’appelle le Sphinx », éditions Robert Laffont paru en 1984). Il y a donc Robert, le papa, la maman tant aimée et les enfants, Paul, l’aîné, Robert junior, qui vient de fêter ses 8 ans, Nicole et Danielle, que tout le monde appelle Dany et qui habite toujours à Nice, restée très proche de Roby. La trajectoir­e de Robert Herbin va épouser celle du grand club niçois, le Cavigal, cher au secrétaire général Bob Rémond. La famille Herbin vit dans un 4-pièces au 15 de l’avenue Saint-Lambert.

Le Cavigal visait son frère

Les deux garçons,

Paul et Robert, jouent au foot à l’école (St-Lambert) et dans des équipes de patronages. Ils évoluent dans l’équipe de la paroisse Jeanne d’Arc, tenue par l’abbé Donadey. « À l’époque, le challenge Espoir mettait aux prises les équipes de football des écoles primaires de la ville. La finale avait lieu en lever de rideau au stade du Ray », explique Jacky Rémond, ancien joueur pro et reporter de Nice-Matin. « Or, un certain Paul Herbin avait tapé dans l’oeil de mon père Bob Rémond. Il voulait le faire signer au Cavigal. Pour cela, il était venu rendre visite aux parents pour tenter de les convaincre. ‘‘C’est d’accord, mais à condition que vous preniez aussi son petit frère, Robert’’» avait lâché le paternel après un long silence. Accord conclu. A 11 ans, Robert Herbin devient ainsi joueur du Cavigal En 1952, à 13 ans, il est déjà capitaine de l’équipe minime, avant d’être surclassé en cadets. Paul, qui deviendra instituteu­r dans le haut pays niçois, s’avère un bon footballeu­r. Mais c’est le petit Robert, en grandissan­t, qui va épater la galerie. Il deviendra aussi très proche de Bob Rémond, qui se révélera comme un deuxième père pour Roby, toujours prêt à prendre sa défense en toutes circonstan­ces… Robert Herbin pratiqua aussi au Cavigal l’athlétisme et le basket. « En sortant de l’école, j’allais m’entraîner avec les basketteur­s, les sprinters, les coureurs de demi-fond et les sauteurs en hauteur (…) J’ai pu cultiver ainsi ma détente, ma résistance, ma vitesse de course », écrira aussi le Sphinx à la crinière rousse.

L’équipe junior de /

Roger-Louis Bianchini, devenu par la suite grand reporter à Nice-Matin et écrivain, fut le coéquipier de Robert Herbin au Cavigal lors de la saison 1956/57, en Junior. « Une année formidable. Nous avions une super équipe, on a disputé ce qui s’appelait à l’époque le 1er critérium junior du sud-est. Il y avait les clubs pros, l’OGC Nice, l’AS Cannes, le Sporting Toulon, l’OM, et les meilleurs clubs amateurs, dont le Cavigal. On a fini 2e. Roby était notre meilleur joueur. Il jouait demicentre, mais quand on avait besoin d’égaliser, il montait. Il avait une super détente, un jeu de tête redoutable. Il a été sélectionn­é en équipe de France junior, il a disputé un tournoi en Espagne où il a été nommé capitaine. Dans la foulée, il était recruté par SaintEtien­ne, à 17 ans, où il a gagné aussitôt sa place dans la grande équipe des Verts »..

Il signe à Sainté et pas à l’OGC Nice

A Saint-Etienne, et pas à l’OGC Nice ? Voilà ce qui va devenir ‘‘l’affaire Herbin’’ et faire causer dans les chaumières. « Roby a porté une fois le maillot de l’OGC Nice, pour un essai », précise Jacky Rémond. « Il semble que le Gym n’en avait pas fait sa priorité, alors que Saint-Etienne, le club champion de France, lui proposait un plan de carrière ambitieux ». Une amitié indéfectib­le a lié éternellem­ent Robert Herbin, l’enfant du Cavigal, avec la famille Rémond.

« Nous étions trois garçons, on disait que Robert était le 4e fils de Bob glisse Jacky. Lorsque Bob est décédé, ma maman est restée toute seule à Besançon. Tous les dimanches, à 11h15, Robert Herbin n’a jamais cessé de l’appeler pour prendre des nouvelles ».

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(Photos DR et R. Golberg) Avec son équipe junior du Cavigal de Nice (). Sélectionn­é pour la ère fois en équipe de France junior, Robert Herbin se voit offrir par ses copains un survêtemen­t aux couleurs du Cavi.
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Roby tout jeune, avec Bob Rémond et Jacques Cotta, qui fut aussi président du Cavi.

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