Monaco-Matin

Il s’était marié à Nice

- F.P.

Avis unanimes : Robert Herbin était d’une fidélité rare en amitié, homme cultivé, grand mélomane (Beethoven, Brel, Brassens...), féru de peinture et d’une vraie richesse humaine. Pour percer la carapace de ce grand réservé, encore fallait-il qu’on lui plaise. « Quand quelque chose ne lui convenait pas, Roby pouvait se refermer comme une huître, plus rien à faire », témoigne l’un de ses proches. « À l’inverse, dans la discussion, si vous arriviez à atteindre sa galaxie, vous passiez des moments extraordin­aires ». La personnali­té de Robert Herbin a toujours été entourée de mystère, à la hauteur des barrières qu’il a souvent dressées. Un personnage complexe, comme le fut sa vie privée.

Roby, alors tout jeune joueur de SaintEtien­ne, était revenu à Nice pour célébrer son mariage, en compagnie de ses anciens coéquipier­s du Cavigal. Georgette, son épouse eurasienne, était déjà maman d’une petite fille. Ils divorceron­t quelques années plus tard.

À Saint-Etienne, il refera sa vie d’homme, sans en dévoiler les bonheurs et les peines. Le Niçois Albert Goldberg, créateur de Façonnable, fut aussi le coéquipier de Robert Herbin lors de cette fameuse saison 5657. « On était une grande équipe de copains. Roby était très fort balle au pied et il avait quelque chose en plus, sa mentalité de gagneur. Nous, on jouait surtout pour s’amuser. Lui ne supportait pas de perdre. Cette annéelà, pour fêter sa sélection en équipe de France junior, on s’était tous cotisé pour lui offrir un survêtemen­t du Cavigal… C’était une autre époque ». « Quand il est devenu entraîneur de Saint-Etienne,

Roby donnait moins souvent de ses nouvelles. On sentait qu’il était investi à 3000 % dans sa mission ».

L’ancien ‘‘rouquin’’ du Cavigal se construira le plus beau palmarès Lors de son du foot français. mariage avec ses Robert Herbin amis du Cavi. aimait que les choses soient carrées. Sauf les poteaux de Glasgow. Une défaite cruelle face au Bayern en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions de 76, dont il ne s’est jamais vraiment remis. Ces dernières années, Robert Herbin vivait seul, en ermite, entouré de ses chiens, dans sa maison de l’État, sur les collines qui entourent Saint-Etienne. Il ne voyait plus grand monde. La femme de ménage passait au quotidien. Durant ces années de retraite, le tabac ne fut pas un bon ami pour l’ancien entraîneur. Il avait perdu, dernièreme­nt, l’un des animaux de compagnie qui lui était cher. Le 30 mars dernier, lors d’une de ses sorties en voiture pour aller faire ses courses au géant Casino, proche de chez lui, la police l’avait arrêté pour lui demander ses papiers du confinemen­t. Un épisode qui l’avait troublé. Il a terminé sa vie dans cette période assortie d’angoisse. Lui, Roby, avait rempli d’espoir et de fierté toute une nation devenue verte en 76.

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