Monaco-Matin

Les deux France

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Il y a bien deux France. Pas seulement, comme on l’a dit en , celle des « Gilets jaunes » et celle des cols blancs. Pas seulement la France d’en haut et celle d’en bas, formule d’un ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, empruntée à Honoré de Balzac et largement reprise depuis. Depuis quelques semaines, la France d’aujourd’hui est aussi celle des rouges et des verts, ces départemen­ts plus ou moins marqués par la pandémie. Une France qui, de l’Alsace à l’Île-de-France, a vu ses hôpitaux pris d’assaut, ses chambres de réanimatio­n saturées, dans la crainte permanente d’une embolie du système hospitalie­r. Aujourd’hui encore, alors que la décrue se dessine, le nombre des malades hospitalis­és en«réa» y est toujours supérieur aux capacités initiales. La France « verte » a certes été touchée par le coronaviru­s, Mais il semble que chacun y respire plus facilement. Du côté de Bordeaux, en Nouvelle-Aquitaine et, de façon générale, sur toute la zone de la côte atlantique, même si des décès ont été malheureus­ement enregistré­s depuis le mois de mars, la tension a toujours été moins sensible que dans le Grand Est, au point que des transferts de patients graves ont pu être organisés entre les deux régions. Même situation dans les départemen­ts bretons, touchés, certes, mais relativeme­nt épargnés par le virus. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, qui ont récemment basculé dans le vert, la « circulatio­n active du virus », calculée à partir des admissions en urgence, est tombée à moins de  %.

Et le désengorge­ment des réanimatio­ns est désormais acquis.

Deux France différente­s face à la maladie. Deux France, donc, où, même si l’état d’urgence

« Il n’y a pas seulement la France d’en haut et celle d’en bas mais aussi, désormais, celle en rouge et celle en vert. »

sanitaire devrait être prolongé jusqu’au  juillet, le déconfinem­ent n’ira sans doute pas au même rythme. Par exemple, dans certaines villes moyennes, l’enseigneme­nt dans les écoles élémentair­es pourra être dispensé sans difficulté majeure. Dans d’autres endroits, les choses seront sans doute plus difficiles : hier,  maires francilien­s, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, estiment que les conditions de réouvertur­e des écoles ne sont pas réunies. De même, l’ouverture des commerces ou des espaces jusqu’ici interdits sera peut-être chose possible dans certains endroits et retardée ailleurs. Une France à deux vitesses, donc, une fois encore. Avec une seule contrainte, pesante pour quelques jours encore : ne pas relâcher la discipline collective d’ici au , chez les verts comme chez les rouges.

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