Les deux France
Il y a bien deux France. Pas seulement, comme on l’a dit en , celle des « Gilets jaunes » et celle des cols blancs. Pas seulement la France d’en haut et celle d’en bas, formule d’un ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, empruntée à Honoré de Balzac et largement reprise depuis. Depuis quelques semaines, la France d’aujourd’hui est aussi celle des rouges et des verts, ces départements plus ou moins marqués par la pandémie. Une France qui, de l’Alsace à l’Île-de-France, a vu ses hôpitaux pris d’assaut, ses chambres de réanimation saturées, dans la crainte permanente d’une embolie du système hospitalier. Aujourd’hui encore, alors que la décrue se dessine, le nombre des malades hospitalisés en«réa» y est toujours supérieur aux capacités initiales. La France « verte » a certes été touchée par le coronavirus, Mais il semble que chacun y respire plus facilement. Du côté de Bordeaux, en Nouvelle-Aquitaine et, de façon générale, sur toute la zone de la côte atlantique, même si des décès ont été malheureusement enregistrés depuis le mois de mars, la tension a toujours été moins sensible que dans le Grand Est, au point que des transferts de patients graves ont pu être organisés entre les deux régions. Même situation dans les départements bretons, touchés, certes, mais relativement épargnés par le virus. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, qui ont récemment basculé dans le vert, la « circulation active du virus », calculée à partir des admissions en urgence, est tombée à moins de %.
Et le désengorgement des réanimations est désormais acquis.
Deux France différentes face à la maladie. Deux France, donc, où, même si l’état d’urgence
« Il n’y a pas seulement la France d’en haut et celle d’en bas mais aussi, désormais, celle en rouge et celle en vert. »
sanitaire devrait être prolongé jusqu’au juillet, le déconfinement n’ira sans doute pas au même rythme. Par exemple, dans certaines villes moyennes, l’enseignement dans les écoles élémentaires pourra être dispensé sans difficulté majeure. Dans d’autres endroits, les choses seront sans doute plus difficiles : hier, maires franciliens, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, estiment que les conditions de réouverture des écoles ne sont pas réunies. De même, l’ouverture des commerces ou des espaces jusqu’ici interdits sera peut-être chose possible dans certains endroits et retardée ailleurs. Une France à deux vitesses, donc, une fois encore. Avec une seule contrainte, pesante pour quelques jours encore : ne pas relâcher la discipline collective d’ici au , chez les verts comme chez les rouges.