Monaco-Matin

Qu’est-ce qu’on regarde à la télé aujourd’hui ?

- Un mauvais fils, ce soir à 20 h 55 sur Arte. K. M.

Ce soir, aucun doute possible quant au choix qui s’impose devant le petit écran : Arte et Un mauvais fils. Deux raisons, essentiell­es : Claude Sautet d’abord. Son cinéma nous parle, véritablem­ent. César et Rosalie, Les choses de la vie, Vincent, François, Paul et les autres…, Une histoire simple, Garçon, Nelly et Monsieur Arnaud, autant de portraits de vie, de gens ordinaires posés là, sous l’oeil du cinéaste pour des histoires, bourgeoise­s pour la plupart, plus vraies que nature.

Et puis il y a ce Mauvais fils, interprété par Patrick Dewaere. Révélé six ans plus tôt dans Les Valseuses aux côtés de Miou-Miou et de Gérard Depardieu, Patrick Dewaere a été considéré comme l’un des acteurs les plus brillants de sa génération. Sensible, naturel, l’homme et l’artiste se confondent. Pourtant, malgré son talent, presque inné – il a fait ses premiers pas sur une scène à l’âge de trois ans –, passé par le Café de la gare, Patrick Dewaere n’obtint jamais la reconnaiss­ance à laquelle il pouvait prétendre. L’ombre de son alter ego et grand rival d’alors, Depardieu, la consommati­on des paradis artificiel­s sans doute… De paradis artificiel­s, il en question aussi dans ce film poignant de Sautet, sorti en 1980. Après avoir purgé une peine de prison aux États-Unis, pour usage et trafic de drogue, un fils revient en France et, en raison de son passé et des contrôles qu’il devra subir, se voit contraint faute de logement, d’emménager chez son père, un modeste ouvrier du bâtiment. Le regard de Sautet dans le prolétaria­t de fin des années Giscard est empreint de justesse et de pudeur, le jeu de Patrick Dewaere magistral, dans un rôle qui fait écho à sa propre vie. Ce « mauvais fils » repose aussi sur l’interpréta­tion d’Yves Robert, un père brisé par la disparitio­n de son épouse, disparitio­n dont il rend son fils responsabl­e.

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