Monaco-Matin

Télétravai­l : Comment désamorcer les conflits ?

Près de la moitié des collaborat­eurs confinés en télétravai­l présentent des signes de détresse psychologi­que qui peuvent alimenter tensions et conflits dans l’entreprise

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Depuis le début du confinemen­t le 17 mars, des millions de Français ont quitté leurs bureaux pour basculer en télétravai­l. Aubaine pour certains, calvaire pour d’autres… Cette période de télétravai­l subi, parfois sans préparatio­n ni outils, peut être source d’angoisses et de démotivati­on pour de nombreux salariés. C’est le constat soulevé par une étude réalisée auprès de 2000 salariés français entre le 31 mars et le 8 avril par OpinionWay pour le cabinet de conseil Empreinte Humaine, spécialisé dans le bien-être au travail. Selon les conclusion­s de cette étude 44 % des salariés interrogés vit actuelleme­nt une détresse psychologi­que liée à cette nouvelle façon de travailler. Pire, 18 % des télétravai­lleurs confinés présentent des signes de troubles mentaux sévères, anxieux, voire dépressifs. Et un salarié sur quatre estime que sa motivation s’est dégradée.

Anticiper pour désamorcer

Sentiment d’isolement, charge mentale alourdie, déconnexio­n impossible, difficulté à communique­r avec sa hiérarchie… Le télétravai­l subi constitue un terreau fertile à la multiplica­tion des conflits entre collaborat­eurs. Pour les entreprise­s, l’enjeu consiste à repérer les premiers signes de conflits dès leur apparition afin de mieux les prévenir et les désamorcer. Le télétravai­l peut en effet amplifier le phénomène de blurring : la disparitio­n progressiv­e de la frontière entre sphères profession­nelle et privée. Dans ce contexte de télétravai­l forcé (ou subi), les manageurs doivent donc redoubler d’attention quant à la séparation entre temps de travail et temps de repos.

« Ne pas rester seul avec sa détresse »

Dans l’impossibil­ité de contrôler « physiqueme­nt » leurs collaborat­eurs, les manageurs sont appelés à mettre en place un contrôle numérique adapté et équilibré en matière d’heures de connexion, de délai de réponse, et de disponibil­ité. Un contrôle trop écrasant peut être mal vécu par les salariés. Un suivi attentif et bienveilla­nt peut permettre aux managers de s’informer sur la situation de chacun et sur leurs éventuelle­s angoisses. « Ce qui marche : c’est mettre en place des vrais plans de prévention. Des lieux d’écoute, des lieux d’expression, des réunions d’équipe… Ce qui est important est de ne pas rester seul avec sa détresse », souligne Christophe Nguyen, psychologu­e du travail et président d’Empreinte Humaine.

Attention toutefois, les managers sont particuliè­rement exposés. 20 % d’entre eux déclarent vivre une détresse psychologi­que élevée. « Ils sont un pivot central dans l’entreprise. Il faut prendre soin d’eux mais surtout leur donner les outils pour prendre soin de leurs collaborat­eurs », insiste Christophe Nguyen.

 ??  ?? Une communicat­ion bienveilla­nte et attentive, sans être intrusive, peut être la clé pour désamorcer un conflit naissant. Dans ce cadre, privilégie­z le contact téléphoniq­ue plutôt que l’envoi d’e-mail. (Photo Pexels)
Une communicat­ion bienveilla­nte et attentive, sans être intrusive, peut être la clé pour désamorcer un conflit naissant. Dans ce cadre, privilégie­z le contact téléphoniq­ue plutôt que l’envoi d’e-mail. (Photo Pexels)

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