Troubles psychiques : unis pour vaincre l’isolement Monaco,
À l’association D’Amore Psy ne peut plus recevoir les personnes souffrant de troubles psychiques, même avec le déconfinement. Les semaines passent et les angoisses croissent
Chaque vendredi, le GEMM (Groupe d’entraide mutuelle monégasque) d’Amore Psy, un lieu d’accueil de jour pour les nationaux et résidents monégasques souffrant d’un isolement consécutif à des troubles d’ordre psychique et social, abrite une réunion dans ses locaux de l’immeuble des Caroubiers, avenue Pasteur. Le 13 mars dernier, à l’aube de l’entrée en vigueur du confinement en Principauté, les adhérents et usagers de santé mentale membres du conseil d’administration ont dû prendre la décision de fermer les lieux. Une nécessité autant qu’un crève-coeur. Il est en effet des pathologies qui ne tolèrent pas – ou difficilement – de pause dans leur suivi. Pour exemple, alors que les services hospitaliers étaient bouleversés et réorganisés pour affronter le Covid-19, en France comme à Monaco, des unités étaient épargnées pour assurer une continuité aussi bien médicale que psychologique. A commencer par les services de psychiatrie.
« Certains sont apeurés »
Alors, certes, le GEMM n’effectue pas de suivi médical, tâche dévolue au CHPG avec qui un partenariat efficace existe, mais sa mission est tout aussi importante : tisser et entretenir un lien social entre les adhérents et l’extérieur. Offrir un lieu d’expression libre à des personnes vulnérables.
Une vocation mise logiquement en suspens avec cette crise sanitaire inédite mais, deux mois plus tard, le temps essaime son lot d’anxiétés et de questions pour la présidente et fondatrice de l’association, Béatrice Latore.
« Dès que le confinement a été décidé, nous avons mis en place une plateforme virtuelle (lire ci-contre) grâce au dévouement de nos deux animatrices », se félicite-t-elle. Difficile toutefois de rassembler tous les adhérents et de mesurer pleinement, à travers un écran, leur bonne santé.
« Nos adhérents sont à Monaco mais aussi à Roquebrune, Beausoleil ou Cap-d’Ail. Ils ont de 25 à 65 ans mais ce sont essentiellement de jeunes adultes qui ne travaillent pas et ne vivent pas seuls. Au final, c’est une vingtaine de familles que nous prenons en charge. »
Des familles souvent logées dans de petits appartements et qui reçoivent, heureusement, des coups de main de l’extérieur. « Les aides ménagères de Togi Santé sont exceptionnelles. Bernard Prat [l’un des fondateurs, ndlr] leur a rapidement donné tout le matériel de protection nécessaire pour qu’elles continuent à travailler à domicile. »
Un logis sain qui n’efface pas toutes les angoisses. Ainsi, à Pâques, Béatrice et l’une des animatrices du GEMM, Mylène, ont fait une tournée des adhérents. Après avoir offert quelques chocolats au personnel soignant de Monaco, les deux anges gardiens ont fait du porte à porte pour amener chocolat, masques, et un peu de douceur à leurs protégés.
« C’était difficile. Ils se plaignent beaucoup de cet isolement. Ils nous ont dit “merci pour ce que vous faites” mais il manquait un peu le sourire, regrette Béatrice. Certains sont apeurés, ils n’osent pas sortir du tout parce qu’il y a le virus. »
« Fermé au moins jusqu’à la fin mai »
Et maintenant ? Certes, le déconfinement va redonner un peu de liberté de mouvement à ces personnes, mais auront-elles la résilience de le surmonter seule ? Car «le GEMM sera fermé au moins jusqu’à fin mai », concède Béatrice Latore, qui a rencontré ce lundi ces collègues de l’Amapei et se demande si l’UPPM (Unité de psychiatrie et de psychologie) de la Roseraie, à Fontvieille, va rouvrir bientôt. Bien qu’épaulée par le conseiller de gouvernement-ministre de la Santé, Didier Gamerdinger, et les élus du Conseil national dans sa mission, Béatrice Latore, ses adhérents et collègues auraient bien besoin que l’horizon se dégage. D’autant que la crise va laisser des traces et un budget « restreint » va devoir être établi pour le prochain exercice, en plus du chômage partiel déjà appliqué aux animatrices. Inutile de préciser qu’en ces temps d’entraide, le GEMM n’attend qu’un coup de pouce.