Quelles plages azuréennes pourraient rouvrir bientôt ?
Le littoral désormais se résume à plusieurs kilomètres de sable sans âme (humaine) qui vive. Alors que beaucoup râlent, le gouvernement a annoncé hier que des dérogations pourraient être faites
Une flopée de pétitions misent en ligne, un hashtag (#rendeznousnosplages) devenu viral sur les réseaux sociaux et des lettres d’élus aux préfets et ministres qui se multiplient. Bref, ça urge. Les Français veulent retourner à la plage. La sentence est tombée hier après-midi lors de l’allocution du premier ministre : « La règle générale, c’est la fermeture. Mais il sera possible d’avoir accès à ces sites à la demande des maires sur autorisation du préfet », a indiqué Edouard Philippe. Cette mesure concerne les plages, les lacs et les centres nautiques. À Menton, le maire, Jean-Claude Guibal attend avec impatience les décisions de l’État concernant la réouverture des plages et des restaurants des plages privées. Il a déjà prévu de rencontrer dans les prochains jours le sous-préfet Nice Montagne, Yoann Toubhans, pour lui faire part des spécificités du littoral mentonnais. Les commerces et restaurateurs de l’esplanade des Sablettes qui borde une partie du littoral mentonnais espèrent bien rouvrir au plus tôt.
Cap-d’Ail ? Xavier Beck va demander au préfet une dérogation afin d’autoriser l’accès du public à la plage Marquet. « Nous organiserons des rondes de police municipale pour veiller à la distanciation physique sur la plage », indique le maire. La plage de la Mala, en revanche, est placée sous l’autorité de la préfecture. Il reviendra donc au préfet de voir ce qu’il s’autorisera à faire…
La commune d’Èze compte deux plages. Et Stéphane Cherki, le maire, est partant. « Si on peut, on va le faire. On imaginera des solutions et on tentera le coup ». Dans la ville voisine, à Beaulieu, c’est un autre son de cloche. « Je suis favorable à l’ouverture des plages si on est toujours en vert mais à partir du 2 juin. Pas avant », spécifie l’édile, Roger Roux. Et d’ajouter : «Jeveux que tout soit opérationnel pour la saison. Dans l’immédiat, c’est trop compliqué à mettre en place pour faire respecter les mesures sanitaires sur les plages. » Sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, les plagistes se sont aussi organisés pour accueillir du public début juin. « On avait prévu cette hypothèse, si on reste en zone verte évidemment. Mais s’il y a une ouverture possible avant, on est favorable. Je pense que ça ne se fera pas avant le 25 mai. Le temps que les plages privées mettent tout en place. Quant aux plages publiques, c’est plus compliqué. Il faut considérer que c’est la voie publique. Donc, a priori, ce sont les services de l’État qui feront respecter les mesures, avec la police municipale si nécessaire », développe le maire, Jean-François Dieterich.
À Villefranche-sur-Mer, l’édile est catégorique : c’est non. « Il ne faut pas oublier que ces trois semaines sont de l’observation. Rouvrir les plages à ce stade serait prématuré. Tout espoir de faire respecter les préconisations sanitaires est illusoire », évalue Christophe Trojani. L’élu, qui est médecin de surcroît, remet en cause le plan gouvernemental de déconfinement. «Ilya un vrai problème de santé publique et moi, je ne veux pas qu’on l’oublie trop vite ».
Fin avril, le maire de Nice avait comme projet d’élargir les concessions privées pour compenser la perte de transats en raison des règles sanitaires. Cette hypothèse avait été vivement critiquée à gauche. Pour l’heure, Christian Estrosi n’a pas encore tranché. Il le fera dans les prochains jours après s’être concerté avec les différents édiles du littoral.
Sur la rive droite du Var, Joseph Segura compte demander une dérogation. La ville va élaborer un protocole en concertation avec la préfecture. « Il y aura notamment une période que nous devrons respecter afin de nettoyer nos plages », affirme la mairie de Saint-Laurentdu-Var. Louis Nègre souhaite que la réouverture se fasse le plus rapidement possible. Le premier magistrat de Cagnes-sur-Mer a envoyé une lettre dans ce sens, il y a une dizaine de jours, au gouvernement. Il a également sollicité le préfet pour obtenir une extension limitée à titre gratuit des terrasses des plagistes pour cette année. « Actuellement moins de 10 % des plages sont privées alors que la loi autorise jusqu’à 20 %. L’extension provisoire est possible et pour éviter que la saison ne soit catastrophique ».
A Villeneuve-Loubet Lionnel Luca a, lui aussi, déjà interpellé le préfet pour demander l’autorisation de « la nage sans plage » pour les 16 communes du littoral. Alors, sans grande surprise, il fera la demande de dérogation à la préfecture. « J’attends d’avoir des précisions. Est-ce qu’on peut stationner ou bien on doit marcher ? La distanciation n’est pas possible sur toutes les plages non plus. Il faut y aller étape par étape. »
Même démarche à Antibes : « Lundi matin, à la première heure, je demanderai cette dérogation », martèle Jean Leonetti. « Et nous allons solliciter, avec des mesures, la pratique des activités en mer. Nous interdirons évidemment les regroupements sur la plage. Je pense que le préfet y sera favorable. En tout cas, je n’interprète pas cette annonce comme un éventuel accès à la plage pour y venir avec son parasol. Il s’agit des activités nautiques. »
« Je demanderai cette dérogation mais avec un cadre strict », annonce Michèle Salucki, maire de VallaurisGolfe Juan. « Seulement s’il y a une régulation raisonnable. Sans la possibilité de se regrouper, c’est acceptable. Du coup, on va installer les plagistes. Il faut réfléchir et faire une proposition cohérente. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, nous n’avons aucune information. »
« La mer est vue par certains simplement comme un appel au tourisme. Pour nous, elle est un élément fondamental de notre identité. Le littoral, c’est une partie de notre oxygène. Avec des règles rigoureuses, il peut redevenir accessible en sécurité sanitaire », commente David Lisnard sur son compte Twitter. Le maire de Cannes a officiellement demandé dès hier au préfet « la levée de l’interdiction de la pratique de sports individuels en mer à partir du 11 mai. »
Il souhaite un retour à l’accès à la mer et « s’engage à réaliser tous les contrôles nécessaires » pour que celui-ci s’effectue « dans le respect des règles d’hygiène et sanitaires. »