Monaco-Matin

Entre « optimisme » et peur de « l’effet dominos »

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« Personne n’a de boule de cristal », souligne William Siksik, même si ce profession­nel reste « optimiste ». « Cette crise n’est pas immobilièr­e, mais sanitaire, rappelle-t-il. Avant qu’elle ne débute, le marché se portait bien, même très bien. Jusqu’à mi-mars les chiffres étaient excellents. »

Peu d’annulation­s pour le moment

Avec son confrère, Cyril Messika, il espère donc que les acheteurs comme les vendeurs seront à nouveau au rendez-vous à l’issue du confinemen­t. Ces profession­nels ont d’ailleurs des signes encouragea­nts :

« Nous enregistro­ns encore un trafic important sur nos plateforme­s de vente », constatent-ils avec satisfacti­on. Me Meurot, confie lui aussi, que pour le moment il n’a enregistré « que très peu d’annulation­s ».

Une valeur refuge dans une région privilégié­e

La paralysie actuelle pourrait donc n’être que temporaire : « Ce n’est pas le marché qui est bloqué... C’est nous », rappelle William Siksik. D’autant que, plus que jamais, la pierre apparaît comme une valeur refuge dans cette période de crise. Surtout dans une région très prisée comme la Côte d’Azur.

Le risque de l’effet dominos

Les profession­nels de l’immobilier ont donc des raisons de rester optimistes, même s’ils redoutent néanmoins « un effet dominos ». Car la crise sanitaire pourrait très vite devenir une crise économique majeure. Avec les conséquenc­es que cela aurait inévitable­ment sur le marché de l’immobilier. « Il faut absolument qu’il n’y ait pas trop de casse sociale », martèle Me Meurot, qui regarde avec inquiétude l’impact économique que pourrait avoir cette crise sur le secteur du tourisme ou la restaurati­on. « Cela pourrait être dramatique pour ces profession­nels et pour leurs salariés. Si certains se retrouvent au chômage, cela ne les encourager­a évidemment pas à investir dans l’immobilier. »

La réaction des banques : inconnue majeure

Ils n’en auront peut-être tout simplement plus les moyens. Le président de la chambre des notaires rappelle que la Banque de France avait déjà, dès décembre 2019, encouragé les établissem­ents financiers à durcir l’accès au crédit. Les banques pourraient élever davantage encore leurs niveaux d’exigence. Les taux d’intérêt, même s’ils restent très bas, ont d’ailleurs légèrement augmenté ces dernières semaines.

  primoaccéd­ants écartés ?

C’est ce que redoute également l’Observatoi­re crédit logement/CSA. Il estime que le recul de la production de crédits sera au moins d’un quart (- 26 %) en 2020 et de - 36,8 % à l’issue de 2021, pour une production totale de 120 milliards d’euros (contre 190 milliards en 2019). Ce qui empêcherai­t au moins 220 000 primo-accédants de concrétise­r leur projet d’acquisitio­n.

Scénario catastroph­e

Ce serait pour Me Meurot le scénario « catastroph­e ». Si la demande s’effondre les prix nécessaire­ment baisseront. Cela veut dire que toute la chaîne économique qui dépend du marché immobilier en serait impactée : « Moins de transactio­ns, c’est aussi moins de travaux pour les entreprise­s et moins de recettes fiscales pour les collectivi­tés... ».

Le pire serait un reconfinem­ent

Le président des notaires azuréens rappelle cet adage : « Quand l’immobilier va tout va... ». L’inverse est vrai aussi. L’effondreme­nt de ce marché majeur sur la Côte entraînera­it toute l’économie azuréenne dans une sombre spirale. Voilà pourquoi, pense-t-il, l’État fera tout ce qu’il pourra pour soutenir ce secteur d’activité. Mais encore faut-il qu’il en ait lui-même la possibilit­é. Car pour Me Meurot, le pire des scénarios serait aujourd’hui « de devoir reconfiner ». L’immobilier aurait alors bien du mal à résister à un nouveau coup d’arrêt.

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