Monaco-Matin

Les anciens privés de -Mai : entre déception et colère

En raison de la pandémie, les commémorat­ions, dans les Alpes-Maritimes, se feront sans public et en comité très restreint. Seuls les préfets et les élus pourront déposer une gerbe

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

C’est dommage, cette année correspond­ait aux 75 ans de la Victoire du 8-Mai 1945. On aurait pu faire quelque chose de beau », regrette Jean-Claude Pelou. Le président du comité de Vence, du Souvenir français est déçu, et même « assez en colère »deladécisi­on, prise par la ministre des Armées, d’exclure le public et de limiter les participan­ts à une poignée de personnes.

« On fait ou on ne fait pas. J’aurais été d’avis de ne rien faire. Une cérémonie patriotiqu­e, c’est rendre hommage à ceux qui sont morts pour la France. Ce n’est pas une opération de communicat­ion. Là, on demande aux anciens combattant­s de rester chez eux, ce que je comprends, ils ont entre 92 et 94, et aux associatio­ns de se limiter pour laisser la place aux élus ».

« On aurait pu faire autrement »

« À Vence, ce vendredi matin, nous ne serons que trois représenta­nts d’associatio­n avec, chacun, un porte-drapeau, et des élus, déplore encore Jean-Claude Pelou. Je n’ai rien contre la mairie de Vence, ils ne font qu’appliquer les directives, mais les cérémonies se tiennent en plein air : en respectant les distances, on aurait pu autoriser les personnes à venir ». À Cagnes-sur-Mer, comme dans beaucoup de communes du départemen­t, il a aussi été décidé une cérémonie en comité très restreint.

Un rendez-vous que Marcel Cornaille, 85 ans, porte-drapeau depuis l’âge de 20 ans et président de l’associatio­n des porte-drapeaux, ne manquerait pour rien au monde.

« Je vais braver l’interdit »

« Le 11 novembre 1940, les Français avaient bravé l’interdit pour aller déposer des gerbes au monument aux Morts, en pleine France occupée, sous le nez des Allemands. Moi, ce vendredi je vais braver l’interdit à la mémoire de mes aînés », rapporte-t-il.

« Ça me fait de la peine qu’on ne soit pas plus nombreux à se réunir vendredi car, pour moi, les commémorat­ions du 8-Mai c’est aussi l’occasion de se souvenir du massacre d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, le 5 mai 1988, et la fin de la bataille de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954. Des dates que les gens oublient et qui pourtant devraient être commémorée­s tous les ans, regrette Marcel Cornaille. C’est aussi l’occasion de se souvenir de ces deux légionnair­es français tués au Mali ce moisci».

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(Photo Frantz Bouton) Cette année, les commémorat­ions se dérouleron­t en comité très restreint.

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