Monaco-Matin

« Place à l’innovation » pour le groupe Belles-Rives

Avec deux hôtels 5 étoiles à

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Quel est votre état d’esprit ?

C’est une période complexe, difficile. Mais c’est une occasion de rebondir, d’aller de l’avant. En tant que directeur, je ne peux m’arrêter à la fragilité, aux risques. À moi d’insuffler un nouvel élan. Nos voyageurs continuero­nt à aimer la Côte d’Azur. Mais il est vrai que, pour l’instant, nous attendons plus de réponses, de précisions de la part du gouverneme­nt pour savoir exactement comment envisager les choses. Ne serait-ce qu’une date de réouvertur­e, les conditions… Mais nous ne perdons pas notre temps et envisageon­s plusieurs scénarii. C’est l’occasion de se réinventer et de faire place à l’innovation.

Une période créative donc ?

Il faut qu’on dessine les contours de demain et d’après-demain. Voici la fin d’un cycle. Le voyageur va attendre quelque chose de nouveau, il va être sensible à autre chose. À nous d’aller dans ce sens. C’est un travail de fond pour préparer une nouvelle approche. Pour être prêts, on se doit d’être optimistes. Même si on sait que l’impact économique sera lourd pour tout le secteur. Notamment sur la Côte d’Azur où nous avons créé tout un écosystème…

Avec les producteur­s notamment ?

Oui, le producteur de vin, le poissonnie­r, le maraîcher… En cette période, on pense à eux. Nos chefs mettent des recettes sur le digital avec leurs produits, on souhaite les mettre en avant.

C’est un créneau que vous souhaitez développer davantage ?

Effectivem­ent, on travaille des pistes que l’on adaptera par rapport aux instructio­ns gouverneme­ntales. Ce que l’on souhaite c’est offrir un jour meilleur. Que veut-on aujourd’hui ? Retrouver ses amis, ses proches pour repartager des choses fortes. Le voyageur va chercher ceci dans un cadre où la sécurité est présente. Avec notamment une sensibilit­é locavore, vers un manger sain, dans une démarche de bien-être, de circuit court. Des choses traditionn­elles, simples, bonnes, justes. Sur la Côte d’Azur nous avons de belles histoires à raconter, le patrimoine est fort, on a de quoi répondre à cette demande.

Quid des réservatio­ns ?

J’ai bloqué les réservatio­ns jusqu’à fin mai. Ensuite, on va avancer au fur et à mesure. Nous recevons beaucoup d’appels de clients. Dont la majorité est francophon­e d’ailleurs. Ils ont besoin de prendre des informatio­ns sur les dates, les types de prestation­s… Nous nous préparons avec les confrères du secteur, le Comité régional du tourisme, l’office de tourisme pour mener des opérations de désirabili­té sur un rayon de  km. Avec l’idée de découvrir ou redécouvri­r la France par solidarité pour l’industrie du tourisme. Et en exprimant également un autre message : celui de réserver directemen­t auprès de l’hôtelier. Il faut que l’on reprenne la main là-dessus, on perd tellement dans cette histoire de plateforme… Et, bien évidemment, nous nous adapterons en fonction de ce qu’il est nécessaire de faire.

Pas la même clientèle internatio­nale pour cet été, que cela implique-t-il ?

En règle générale, nous avons une clientèle anglaise, américaine, australien­ne, russe… Effectivem­ent difficile de savoir qui pourra revenir mais il est évident que tous ne seront pas au rendez-vous. Cette clientèle internatio­nale à haute contributi­on manquera à toute l’hôtellerie. Le marché français ne pourra pas le rattraper, c’est une question de pouvoir d’achat. Mais dans un hôtel tout est une question d’équilibre, c’est notre métier.

Et concernant les emplois ?

Le plan humain est très touchy. Nos réservatio­ns n’étant pas au niveau de  et , notre activité ne sera pas la même. On espère la retrouver «àla normale » en . Par rapport au personnel, cela peut engendrer des frustratio­ns. Tous les saisonnier­s habituels ne retrouvero­nt pas leur poste, d’autres seront là en renfort régulier ou ponctuel. Le recrutemen­t ne dépend d’une seule chose : le niveau de réservatio­n. De ce fait, personne n’est capable à l’heure actuelle de confirmer des embauches.

Avez-vous une idée de l’impact économique de cet été en « demi-teinte » pour le groupe ?

L’idée est de s’adapter en fonction de l’évolution de la situation, mais à l’heure actuelle, il m’est impossible d’être formel sur des chiffres, des tendances sur le plan financier et économique.

Vous dressez des plans A, B, C...

À l’heure actuelle c’est exactement ça. Mais nous savons très bien que la distanciat­ion sociale sera de mise. On ne pourra pas mettre autant de tables que d’habitude, autant de matelas. Pour le profession­nel c’est double peine : moins de potentiel, moins de clients qui vont voyager, moins de disponibil­ité…, les capacités seront moindres. C’est une saison très délicate, certains n’ouvriront pas leurs portes pour ces raisons d’ailleurs. Pour autant, pour les clients présents, l’effet « cocon » sera d’autant plus fort. Ils vont pouvoir profiter du climat et de l’environnem­ent dans une atmosphère exclusive.

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(Photo archives Eric Ottino) La réduction de capacité des espaces va offrir un cadre plus « exclusif » aux clients.

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