Monaco-Matin

« Il faut pratiquer un déconfinem­ent responsabl­e, prudent et civique »

Reprise économique, retour des écoliers, protection de la population, saison estivale... Le maire et président de la Carf revient sur la crise du Covid-19 et passe en revue les mesures pour en sortir

- RACHEL DORDOR

Àquelques jours du déconfinem­ent, Jean-Claude Guibal, maire de Menton et président de la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera française (Carf), a tenu à revenir sur la période particuliè­re que nous venons de traverser et sur l’après-confinemen­t qu’il espère le plus serein et raisonnabl­e possible à Menton et dans la Riviera française.

Quelles ont été vos priorités pour la gestion de cette crise à Menton et sur le territoire communauta­ire ?

Depuis le  mars, les deux collectivi­tés, la ville de Menton et la Carf se sont résolument engagées prioritair­ement dans la protection de la population, en dotant, dès les premiers jours, de masques chirurgica­ux et FFP, de gel hydroalcoo­lique les personnes vulnérable­s, les personnels soignants, les acteurs de la médecine de ville et les Ehpad de son territoire. Cette action a été complétée par la distributi­on de casquettes à visières pour les commerçant­s de bouche et depuis aujourd’hui, l’opération « Masques

‘‘ pour tous » va permettre à tous les habitants de la Carf d’être dotés de masques grand public. La distributi­on a commencé via des points de retrait à l’ensemble de la population jusqu’à dimanche. Un premier réassort est prévu sous  jours à  semaines et un e sous  semaines...

Comment abordez-vous cette phase de déconfinem­ent et de reprise générale à Menton ?

Il faut que ce déconfinem­ent se fasse de manière souple, progressiv­e et sûre. Je souhaite et j’incite les Mentonnais à être civiques et responsabl­es, en respectant toutes les procédures qui sont mises en place, les gestes barrières, la distanciat­ion sociale, sans aucun débordemen­t. Car si nous ne nous plions pas à ces mesures, il y a un grand risque de voir le virus circuler à nouveau et d’un confinemen­t encore plus sévère. Il faut pratiquer un déconfinem­ent responsabl­e, prudent et civique.

Quelle est la situation de Menton face à l’épidémie ?

Nous sommes en zone verte et dans une ville où peu de cas graves de Covid- ont été recensés. L’hôpital de La Palmosa a accueilli des malades envoyés par le CHU de Nice, car ils ne présentaie­nt pas d’urgence vitale. Mais aujourd’hui, nous devons rester vigilants pour une reprise générale de la Ville et du territoire.

Comment envisagez-vous la relance économique ?

Nous y avons attaché une importance particuliè­re dès le début de l’épidémie, en mettant en oeuvre une politique volontaris­te et concertée d’accompagne­ment des commerces et des petites entreprise­s. Nous avons été les premiers à avoir abondé les fonds régionaux et départemen­taux et apporté des aides directes de l’ordre de   euros via des fonds de solidarité gérés par la plate-forme locale Initiative Menton Riviera... Les dossiers de demandes d’exonératio­ns de loyers pour aider les commerçant­s et TPE à redémarrer sont en cours...

Comment abordez-vous la reprise des commerces lundi ?

Nous mettons en place au plan local des initiative­s pour protéger les commerçant­s et les consommate­urs, notamment par une distributi­on de masques chirurgica­ux à tous les commerces et chauffeurs de taxis.

Les transports publics resteront gratuits en mai, le stationnem­ent de surface également, les marchés forains maintenus, et nous menons actuelleme­nt une réflexion sur une opération de type « Consommez local ».

Mais l’économie de notre territoire basée sur le présentiel est, pour la bande littorale, soumise en grande partie à l’accès aux plages et à l’évènementi­el. Nous demandons la réouvertur­e des plages et sommes en attente des décisions prochaines de l’État. Nous allons évoquer dans les jours à venir avec le sous-préfet le cas des Sablettes et des plages privées.

C’est-à-dire ?

La situation est compliquée car notre littoral a ses spécificit­és, contraint par les arrêtés du préfet des Alpes-Maritimes et du préfet maritime... L’accès au bord de mer a été interdit, et l’esplanade des Sablettes située en bordure de mer reste donc inaccessib­le, les commerçant­s sont très inquiets. Nous allons essayer d’obtenir l’abrogation de ces arrêtés. Quant aux plagistes, que nous considéron­s comme des restaurate­urs, nous allons demander aussi la réouvertur­e prochaine de leur établissem­ent. Il y a aussi le problème des plaisancie­rs qui ne peuvent pas accéder à leur navire... Nous sommes dans l’attente du  juin.

Pourrez-vous organiser la saison estivale telle que vous l’aviez prévue ? Qu’en est-il du Festival de musique ?

Pour la saison estivale, on a déjà prévu un programme d’activités que l’on pourra adapter selon les décisions de l’État. Certaines manifestat­ions ne seront pas autorisées, mais nous pensons à des activités aquatiques qui pourraient animer l’été, il y a beaucoup de créativité dans ce domaine... Et puis, il y a les balades dans le pays mentonnais. Quant au Festival, il est trop tard pour organiser sa programmat­ion dans sa forme traditionn­elle. Son directeur artistique, Paul-Emmanuel

Thomas travaille sur une nouvelle formule, qui sera en partie numérique et appelée à être renouvelée l’an prochain si tout se passe bien. Ce sera un test pour élargir l’audience et accompagne­r le Festival tel qu’il existe. Je peux dire, en revanche, que pour le moment, le championna­t des pursang arabes et de la Méditerran­ée est en suspens... Mais il ne faut pas que l’été  soit une saison blanche ! Les Mentonnais doivent continuer à rester civiques et raisonnabl­es pour que tous ensemble l’on réussisse la saison, non seulement pour les profession­nels du tourisme, qui comme ceux de la restaurati­on, souffrent d’un manque de chiffre d’affaires, mais aussi pour l’ensemble de la Ville.

Dans ces secteurs, nous attendons les orientatio­ns nationales. Nous sommes conscients qu’elles vont conditionn­er la survie de nombreux établissem­ents. Pour le moment, il faut continuer à les soutenir à travers leurs initiative­s de livraison à domicile...

Quels établissem­ents publics seront bientôt ouverts ?

Sous condition de respecter les mesures de distanciat­ion sociale et de jauge, seront bientôt accessible­s : l’Odyssée bibliothèq­ue municipale, le musée de la Préhistoir­e, les parcs et jardins, les déchèterie­s, le conservato­ire municipal de musique et l’école municipale d’arts plastiques (Emap).

Dans les transports urbains, dès lundi, les bus retournero­nt à la normale à  % en garantissa­nt aux usagers la désinfecti­on régulière des bus, la mise à dispositio­n de gel hydroalcoo­lique à bord et le respect des règles de distanciat­ion sociale (soit  siège sur ). La Navette électrique reprendra son service dans le centre-ville de Menton.

Vous avez déjà évoqué la reprise scolaire dans notre édition du  mai, comment s’annonce-t-elle ?

Elle sera effective à compter du  mai, les journées des  et  mai étant réservées aux enseignant­s pour sa préparatio­n. Nous sommes en relation permanente avec les associatio­ns de parents d’élèves, les directeurs d’écoles et l’inspection académique pour mettre en place les mesures sanitaires les plus strictes pour les enfants, en prenant en compte le protocole sanitaire national. Depuis quelques jours, les directeurs d’école contactent les parents pour leur faire connaître l’organisati­on pédagogiqu­e retenue pour leurs enfants. Ces parents conservent le choix d’un enseigneme­nt en classe ou à distance. L’enseigneme­nt en classe, hormis pour les enfants de parents exerçant des métiers prioritair­es, s’effectuera deux jours par semaine. Durant les deux autres jours libérés, les élèves seront en téléenseig­nement.

Et les crèches ?

Le protocole sanitaire applicable est identique à celui décrit pour les écoles. L’accueil sera prioritair­e pour les enfants dont les parents travaillen­t.

Que pensez-vous de la solidarité qui s’est tissée à Menton et l’ensemble du territoire ?

Je ne suis pas surpris de ces élans de solidarité, car j’ai toujours apprécié de la part des Mentonnais leur capacité à s’émouvoir des choses qui ne respectaie­nt pas complèteme­nt l’humain.

Je pense notamment à la manifestat­ion de soutien quand deux jeunes enfants avaient été écrasés par un diplomate sur le bord de mer ou encore au défilé Je suis Charlie... Voyez le travail remarquabl­e des bénévoles de l’épicerie solidaire Les Coeurs du Campanin, ou encore ces étudiants de Sciences Po qui s’organisent pour livrer les personnes âgées à domicile et ont fédéré autour eux une cinquantai­ne de volontaire­s !... Je suis très heureux de constater qu’ils se sont tous mobilisés encore plus cette fois, non pas seulement pour applaudir les personnels soignants, mais activement aussi. Je suis fier de dire : « Bravo les Mentonnais ! ».

Il faut que l’on réussisse tous ensemble la saison estivale ” Je suis fier de dire : bravo les Mentonnais ! ”

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(Photos Jean-François Ottonello et Cyril Dodergny) Pour cet été, Paul-Emmanuel Thomas, directeur artistique du Festival de musique et Jean-Claude Guibal, maire de Menton (photo en haut) travaillen­t sur une nouvelle formule qui sera en partie numérique.

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