Euzière voulait un retour à l’école en septembre
Le conseiller municipal d’opposition de Grasse, ancien directeur d’école, a écrit à Jérôme Viaud pour lui dire son désaccord avec une reprise prématurée des cours. Et il a des propositions...
Comme on a pu le lire hier dans ces colonnes, l’option retenue à Grasse pour le retour à l’école est celle d’une rentrée différée au 18 mai. Un choix assumé par Jérôme Viaud qui met en avant la nécessité « de prendre le temps nécessaire à la finalisation d’un protocole concerté et sécurisé. » Le maire ainsi, s’est prononcé pour une reprise progressive, échelonnée jusqu’au 1er juin. Et si, parmi son opposition politique, certains, à l’instar de JeanPaul Camerano – qui vient d’adhérer à la République en Marche – trouvent l’idée opportune (lire cicontre), d’autres comme Patrick Isnard (RN) et Paul Euzière (GATEA) auraient plutôt mis le cap sur septembre. Ce dernier d’ailleurs, vient d’écrire en ce sens au maire de Grasse.
« Trop d’incertitudes »
Pour lui, ancien directeur d’école, « il y a trop d’interrogations et d’incertitudes pour ces lieux de regroupement scolaire dont les exigences sanitaires strictes ne sont pas actuellement réunies. Même si l’on n’accueillait que la moitié de nos 5 000 élèves de maternelle et d’élémentaire, auxquels s’ajouteraient ceux du secondaire et du privé en ville, voit-on le risque patent de diffusion de ce sinistre virus Covid-19 à Grasse ? Dans la situation grave et inédite à laquelle nous sommes confrontés, il ne peut y avoir de place ni pour l’approximation ni pour l’improvisation », estime l’élu. Et il le rappelle : « Le Conseil scientifique mis en place par le gouvernement, à juste titre, a proposé le 20 avril dernier, de “maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre.” Plusieurs pays européens ont d’ailleurs fait ce choix, comme l’Italie, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Le gouvernement, regrette-t-il, a décidé d’outrepasser la recommandation de prudence de ces experts médicaux qui sont sans conteste les plus compétents pour évaluer les risques. »
Pour Paul Euzière, « la priorité a clairement été donnée aux intérêts économiques au détriment de la sécurité sanitaire. On fait rentrer les enfants de 5 à 10 ans d’abord, et ceux des crèches afin que les parents retournent travailler. Mais mesure-t-on bien les dangers que peuvent courir ces bambins dans les conditions précaires qui leur seraient imposées ? En effet, le protocole sorti du bureau d’un ministère, avec ses consignes draconiennes, est inapplicable dans le peu de temps imparti. Cela ne peut se faire en un claquement de doigts. Les services municipaux, juge encore le président de GATEA, ne peuvent pas avoir eu le temps de mesurer les implications pratiques et matérielles qu’impliquent les 56 pages d’un protocole dont la version définitive a été communiquée le 3 mai. »
« Les enseignants sont effrayés »
Des échanges qu’il a eus avec ses collègues enseignants en activité, Euzière tire le constat suivant : «Ils sont effrayés devant l’immensité de la tâche et gagnés par un stress bien compréhensible. Quant aux parents, ils vivent d’autant plus l’angoisse que vient de s’ajouter l’information de cette maladie de Kawasaki. Si un retard d’enseignement peut être rattrapé, ce n’est pas le cas de la santé et de la vie. Le combat contre ce coronavirus est difficile pour tous. Il faut de la solidarité. Mais cela passe aussi par l’écoute et le respect de l’ensemble des acteurs de l’Éducation qui connaissent bien le terrain et la vie réelle. L’école de demain ne pourra plus être celle d’hier, anticipe le conseiller municipal grassois. Le chantier est énorme pour la réinventer en traversant ce long tunnel sanitaire. Mettons à profit le peu de temps qu’il reste d’ici au mois de septembre pour assurer une rentrée scolaire sérieuse, en revisitant au détail près les conditions d’accueil et d’enseignement des élèves. L’aménagement des lieux, les conditions d’hygiène, de restauration, les méthodes d’éducation, le matériel pédagogique… Tout cela doit être revu avec, en plus, une formation adaptée des équipes pédagogiques et des personnels concernés. Pourquoi, suggère-t-il, ne pas s’inspirer des commissions de sécurité communales pour autoriser la réouverture des écoles ? Il pourrait être créée une commission spéciale composée des représentants de l’ARS pour les règles sanitaires, de l’Inspection de l’Éducation nationale, des conseils d’école, de la Ville et de l’État, chacun étant coconstructeur du projet et cosignataire d’une convention impliquant l’engagement et les responsabilités juridiques partagés. Mais, conclut Paul Euzière, il est par contre nécessaire que l’on continue d’accueillir dans les écoles, les enfants des soignants et personnels de sécurité comme c’est le cas depuis le début de la crise. »