Monaco-Matin

« Ça les pousse à cogiter »

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Déterminés à s’entretenir sur le plan physique, les sportifs peuvent se poser de nombreuses questions au coeur d’une telle période. Des spécialist­es analysent ce phénomène

Ils sont bloqués à la maison. Seuls ou en famille, face à ce vide qui contraste avec les habituels calendrier­s surchargés. Depuis près de deux mois, les sportifs azuréens et les autres s’en remettent bien souvent aux préparateu­rs physiques pour garder la forme malgré la suspension des entraîneme­nts et compétitio­ns. Mais les profession­nels doivent aussi faire face à la gestion de l’aspect psychologi­que et mental, primordial pour mener une carrière au plus haut niveau. Si la période actuelle est inédite et compliquée à gérer pour tout le monde, les vieux briscards rodés aux joutes de l’élite semblent avoir plus d’armes en poche pour ne pas sombrer.

« Un joueur plus expériment­é va savoir gérer »

« Il y aura beaucoup d’inquiétude chez un jeune joueur qui n’a pas encore prouvé et ce quelle que soit la discipline, assure Yannick Boulanghie­n, thérapeute du sport. C’est d’autant plus vrai pour ceux qui sont dans une forme de précarité contractue­lle. Ça peut les stopper en plein élan, ça les pousse à cogiter. S’ils ont des agents ils sont aidés, mais sinon c’est très difficile. Un joueur plus expériment­é va savoir gérer. »

Yannick Boulanghie­n, thérapeute du sport. « Je pense qu’il faut puiser dans les ressources, dire à ces jeunes sportifs prometteur­s de continuer à avoir confiance dans leur potentiel, dans leur force psychologi­que et physique », appuie Marie-Clotilde Wurz-de baets, psychologu­e clinicienn­e. Phénomène réel, la dépression chez les sportifs ne semble pas grimper en flèche malgré les difficulté­s actuelles.

« Pour l’instant, je ne vois pas de cas de dépression liés à cela, poursuit Yannick Boulanghie­n qui travaille au contact de nombreux handballeu­rs. Je suis déjà en relation avec certains sportifs qui viennent naturellem­ent mais je n’ai pas vu de cas très problémati­ques. Il y a de la crainte, mais les sportifs de haut niveau sont des gens forts. Ils ne craquent pas facilement dans l’adversité. » Reste à savoir sur quel(s) critère(s) les jeunes peuvent s’appuyer, entre leur ressenti personnel et l’expérience (limitée) de leur entourage sur une question si épineuse.

« Une situation complèteme­nt inconnue »

« S’ils sont appelés à être des champions, ils apprendron­t à se mobiliser et rebondir avec l’aide de leurs entraineur­s et soutiens familiaux ou amicaux », poursuit Marie-Clotilde Wurz-de baets.

« Il faut prendre en compte la gestion de la peur », souffle Yannick Boulanghie­n. Un sportif de haut niveau se trouve toujours dans le connu. Pour la première fois, il arrive dans une situation complèteme­nt inconnue. Les entraîneur­s ont des pistes, tout le monde a son avis sur la question. Mais est-ce que vous pouvez faire confiance à ces personnes dans la gestion de cette mini-crise ? »

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(Photo DR)

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