Contrôles aux frontières et quatorzaine : des réponses en ordre dispersé
Alors que les mesures de confinement sont progressivement levées dans un nombre croissant de pays, la fin des restrictions aux frontières semble, elle, encore lointaine.
● Bruxelles ferme sur les frontières extérieures, évasif sur celles intérieures
La Commission européenne se montre très prudente sur le sujet. Elle a appelé vendredi les États membres ainsi que ceux de l’espace européen au sens plus large (incluant donc notamment le Royaume-Uni) à prolonger d’un mois, jusqu’au 15 juin, l’interdiction temporaire d’entrée dans l’Union européenne pour des motifs non-essentiels. C’est la deuxième fois que Bruxelles invite à prolonger cette mesure depuis sa mise en place le 17 mars.
Cette fermeture des frontières extérieures compte un certain nombre d’exceptions (ressortissants européens et leur famille, résidents de longue date, diplomates, personnel soignant, chercheurs, transfrontaliers…). Elle concerne 30 pays au total.
« Nous devrons progressivement mettre fin aux restrictions de la libre circulation et aux contrôles aux frontières intérieures, avant de pouvoir lever celles appliquées aux frontières extérieures et garantir l’accès aux ressortissants de pays tiers », a justifié la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson. Or l’incertitude persiste concernant les frontières intérieures : «Rétablir le fonctionnement normal de la libre circulation dans l’espace Schengen sera notre premier objectif, dès que la situation sanitaire le permettra », a indiqué Ylva Johansson, sans davantage de précision.
● Pays voisins de la France : pas avant mi-juin
Et sur ce point, les positions divergent. En France, les restrictions aux frontières avec les pays de l’espace européen (Union européenne, espace Schengen, Royaume-Uni) seront « prolongées jusqu’au 15 juin au moins », a tranché l’exécutif (nos éditions de vendredi), à l’exception des travailleurs transfrontaliers ou pour certains motifs comme « la garde, la visite ou la poursuite de la scolarité d’un enfant » ou encore «un motif économique impérieux, en particulier les travailleurs saisonniers agricoles ». Pour les personnes ayant effectivement le droit d’entrer sur le territoire national depuis un pays européen, la quatorzaine obligatoire un temps envisagée n’aura finalement pas lieu (sauf pour les territoires d’outre-mer).
● Une quatorzaine obligatoire pour le Royaume-Uni ?
Ce qui n’est pas la position vers laquelle semble se diriger le RoyaumeUni. Selon la fédération britannique du transport aérien, le gouvernement a notifié les compagnies aériennes qu’il allait instaurer une quatorzaine pour les personnes arrivant de l’étranger, sans distinction. Cette mesure, qui avait déjà été évoquée par The Times, entrerait en vigueur début juin et serait réexaminée chaque semaine, selon l’évolution de la pandémie. Elle prévoirait notamment que les voyageurs entrant dans le pays communiquent l’adresse où ils prévoient de s’isoler pendant deux semaines dès leur arrivée. Les services du Premier ministre et du ministère de l’Intérieur ont cependant refusé hier de commenter cette information.
● En Allemagne, la pression monte pour plus de souplesse Dans le même temps, en Allemagne, la pression monte sur le gouvernement d’Angela Merkel pour lever rapidement les contrôles, en particulier avec la France. « Nous avons besoin d’urgence d’ouvrir la frontière » avec l’Hexagone, a ainsi déclaré le chef du gouvernement de Rhénanie du Nord-Westphalie Armin Laschet, un baron du parti conservateur CDU.
Des députés du bureau de l’Assemblée parlementaire franco-allemande ont également lancé hier un appel pour la réouverture « immédiate » des frontières, estimant que « les chiffres de l’infection sont désormais en baisse et les différences entre régions se sont réduites ».