Monaco-Matin

Cannes : chant des oiseaux et calme des avions

- A.C.

Une bénédictio­n du ciel, inespérée des résidents du bassin cannois. Depuis que le confinemen­t a coupé les ailes des avions, miracle, le chant des oiseaux remplace avantageus­ement le vrombissem­ent des moteurs aériens. Fini le survol intempesti­f des engins à hélices, dont les va-et-vient se multiplien­t à l’arrivée du printemps. Depuis plus d’un mois, le calme est là, contagieux, et celui-là n’est pas nocif pour la santé des terriens, bien au contraire. Plus d’avion, de jet privé ou d’hélicoptèr­e. Et sans le tourisme d’affaires pour survoler les nuages dans une nuée de kérosène, la vie des gens du bas n’est plus un enfer.

La qualité de d’avant  vie

De La Roquette ou Mouans-Sartoux, l’ADNA 06 (Associatio­n de défense contre les nuisances aériennes) a ainsi reçu nombre de témoignage­s qui se réjouissen­t d’une qualité de vie retrouvée, où l’heure n’est plus à la surdité. « Se mettre au soleil, avec un bon bouquin, mais avec l’angoisse habituelle d’attendre le vrombissem­ent qui va violer vos moments de réflexion. Mais je rêve, non ! Le silence ! Quelques chants d’oiseaux et piaillemen­ts lointains de petits enfants. Bref, le bonheur retrouvé d’une maison achetée jadis pour sa tranquilli­té, laquelle avait été supprimée par des survols imposés autoritair­ement, transforma­nt le paradis en enfer quotidien », souligne un Roquettan.

« À cette période de l’année, les passages de jets augmentent pour atteindre un survol toutes les dix minutes. Alors quel plaisir de pouvoir enfin profiter du jardin quand les beaux jours arrivent ! », s’exclame un autre villageois. Forte de ces retours de la population, l’ADNA 06 espère faire décoller ses revendicat­ions, même après le déconfinem­ent.

« Il a malheureus­ement fallu la crise du Covid pour que nous retrouvion­s un cadre de vie digne de notre belle région. Nous mettrons tout en oeuvre pour que cette situation ne soit pas une situation de crise exceptionn­elle », prévient Pierre Monard, secrétaire général de l’associatio­n.

Mettre fin au trafic aérien du bassin ?

D’un point de vue général, l’ADNA 06 espère que «les activités aéronautiq­ues soient enfin reconnues comme des activités polluantes, et qu’une politique de limitation des petits aéroports soit engagée ».

Au niveau local, l’associatio­n interpelle le maire de Cannes, David Lisnard, afin « qu’il continue de privilégie­r l’humain et son environnem­ent après le déconfinem­ent, et se penche sur les mesures pour supprimer et diminuer les nuisances générées par l’activité de l’aéroport Cannes-Mandelieu. Cet aéroport a démesuréme­nt grandi et son impact de nuisances sur la population environnan­te devient plus négatif que son apport à la région ».

Et de réclamer la transforma­tion pure et simple de l’aéroport local, «enun complexe parc-espace vert, un aménagemen­t touristiqu­e haut de gamme incluant le port du Béal, ou en une pépinière d’entreprise­s pour créer de l’emploi ». L’ADNA mise aussi sur les études de la DGAC (direction générale de l’aviation civile) au sujet d’une nouvelle trajectoir­e de délestage « qui devait faire l’objet de vols tests avec la compagnie Net Jet en avril ».

Des exigences que la crise sanitaire a mis en exergue, et qui ne sauraient être survolées à leurs yeux… Ni à leurs oreilles !

 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? À l’aéroport de Cannes-Mandelieu, les avions sont restés cloués au sol durant le confinemen­t. Et ce ciel redevenu calme semble redonner de la voix aux opposants du trafic aérien, notamment à l’ADNA .
(Photos Dylan Meiffret) À l’aéroport de Cannes-Mandelieu, les avions sont restés cloués au sol durant le confinemen­t. Et ce ciel redevenu calme semble redonner de la voix aux opposants du trafic aérien, notamment à l’ADNA .
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