Mystère autour de la mort d’un graphiste niçois en Croatie
Il s’appelait Pascal Cataye et il avait 41 ans. Graphiste de talent, artiste et scénariste, ce Réunionnais était arrivé à Nice pour ses études voilà une vingtaine d’années, et n’en était jamais reparti. Sauf au début de ce mois de janvier, laissant ses amis sans nouvelles. Le temps, disait-il, de se retrouver. Il avait régulièrement besoin de s’isoler. Des proches croient savoir qu’il projetait de s’installer provisoirement à Chartres. Mais depuis le 18 janvier, rien, aucun signe de vie, juste une inquiétude grandissante pour l’entourage. La nouvelle est tombée récemment, sans susciter le moindre écho. Son corps aurait été retrouvé le 3 mars dans une forêt, en Croatie. Sans possibilité pour la famille restée sur l’île de la Réunion de se déplacer. D’abord les investigations des enquêteurs croates. Puis deux mois de confinement. On ne sait pas grand-chose de plus. Mais, selon une coïncidence pour le moins troublante, le 24 mars dernier, soit trois semaines plus tard, un autre cadavre était retrouvé dans une autre forêt, dans la même région de Croatie. Celui d’un Français, là aussi. Partiellement carbonisé. Selon un journal local, il s’agirait d’un nageur de 24 ans qui aurait été étranglé. Étrange similitude dont il serait cependant prématuré de tirer des conclusions.
Stupéfaction
Une soeur du disparu a confirmé le décès le 4 mars, après avoir été contactée par le commissariat de police de Chartres.
Il y a quelques jours, une relation de Pascal Cataye a fini par poster un message sur un groupe Facebook. Comme une bouteille à la mer. Cette jeune femme, qui ne souhaite pas que son identité soit révélée, est à la fois perplexe et préoccupée. Elle n’a aucune certitude sur la cause du décès. Suicide, mauvaise rencontre, acte criminel délibéré ? « On dit qu’il était dépressif, ce n’est pas vrai. Pascal avait un côté sombre, il alternait des périodes très actives avec d’autres beaucoup plus discrètes, où l’on n’entendait plus parler de lui pendant quelque temps. Mais il réapparaissait toujours. »
Son divorce ? Là aussi, circonspection : « C’est vrai que sa séparation s’était mal passée, mais il avait retrouvé quelqu’un. »
Ce jeune quadra décrit comme hypocondriaque était très absorbé par ses créations. On aurait d’ailleurs retrouvé sur sa dépouille un carnet et des crayons de couleur. Était-il en Croatie pour les besoins d’un scénario ?
Album prophétique
S’il gagnait principalement sa vie en concevant des logos, chartes graphiques, illustrations, publicités, sous le label Daghostprod, des engagements plus personnels lui tenaient à coeur. En 2017, il avait cosigné un roman graphique futuriste, intitulé E.N.D., dont l’histoire, qu’il avait lui-même imaginée dès 2001, mettait en scène des êtres humains contraints à une vie de confinement.
Le 25 décembre dernier, Pascal Cataye avait posté cet ultime message sur son compte Twitter que suivaient plus de 1 400 abonnés : « Pas très présent ces derniers temps… Mais depuis ma grotte je tiens à vous souhaiter de passer de bons moments avec vos proches. Je vous embrasse fort la compagnie. Rendez-vous l’année prochaine pour les news du ghost. »
Impossible à ce stade d’établir une corrélation entre ces deux morts brutales de jeunes Français en Croatie. Toutes les hypothèses sont possibles, surtout les pires.