Little Richard, décès d’une légende du rock’n’roll
Avec ses rythmes endiablés et son anti-conformisme flamboyant, il a fait entrer l’Amérique des années 50 dans l’ère du rock and roll : Little Richard, le chanteur légendaire de « Tutti Frutti », est mort, hier, à l’âge de 87 ans.
Ce tube planétaire devait sceller l’avènement d’une époque. Porté par sa voix profonde, Richard a fasciné toute une génération et inspiré d’innombrables artistes. Avec Chuck Berry et Fats Domino, il a contribué à métamorphoser le blues.
Mais bien plus que ces deux contemporains relativement sages, Little Richard a contribué à donner au rock and roll un air de scandale, avec ses chemises criardes comme aucun homme n’en portait alors, sa coiffure banane de 15 cm de haut, et sa moustache aussi fine qu’un trait de crayon. Bien avant les rockeurs des années 1960, ses excès firent rimer rock avec décadence : en tournée, ce voyeur assumé parlait ouvertement de ses orgies nocturnes bisexuelles.
Mais il s’avéra aussi être une personnalité torturée aux multiples revirements.
Les Stones et les Beatles jouaient en première partie
Son influence a néanmoins été considérable. Les premiers grands rockeurs blancs – Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Elvis Presley – ont tous repris ses chansons.
Les Beatles comme les Rolling Stones jouèrent, à leurs débuts, en première partie de ses concerts, et le jeune Jimi Hendrix démarra comme musicien dans son groupe.
De son vrai nom Richard Wayne Penniman, Little Richard était né le 5 décembre 1932 dans une famille pauvre de Macon, en Géorgie, dans le Sud. Dans son autobiographie de 1984, il racontait que son père, qui tenait un bar et a été tué par balle au début de sa carrière, lui avait dit un jour : «Mon père a eu sept fils, et moi aussi je voulais sept fils. Tu as tout gâché, tu n’es qu’une moitié de fils. »
Son surnom de « Petit Richard » était trompeur : l’homme mesurait 1m80. Enfant rebelle, handicapé par deux jambes de longueur différente, il traînait dans les églises, attiré par leur musique, et se distinguait par ses allures efféminées.
Il se fait remarquer en 1947 par une chanteuse de gospel. Il commence alors à chanter professionnellement, notamment dans des spectacles clandestins de drag-queen. Dans un marché de la musique en plein boom, de premières maisons de disques s’intéressent à lui. « Tutti Frutti », qui évoque le sexe entre hommes, devient un incontournable de ses spectacles.
« J’ai été gay toute ma vie »
Ses positions sur la sexualité resteront cependant toujours ambivalentes. En 1995, il disait au magazine Penthouse : « J’ai été gay toute ma vie, et je sais que Dieu est un Dieu d’amour, pas de haine. » Mais fin 2017, il déclarait, sur une chaîne de télévision religieuse de l’Illinois, l’homosexualité « contraire à la nature ».