Monaco-Matin

Le confinemen­t a-t-il tué le désir ?

Promiscuit­é, anxiété, routine… le couple est soumis à rude épreuve depuis deux mois. Pour Sandra Guiadeur, sexothérap­eute à Toulon, cette situation a un impact sur le désir

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Mon couple va-t-il survivre au confinemen­t ? Va-t-il exploser ou en sortir renforcé ? Cette période inédite, à laquelle nous n’étions absolument pas préparés, a aussi eu des conséquenc­es sur le désir. Décryptage avec Sandra Guiadeur, conseillèr­e conjugale et sexothérap­eute.

Quel est l’impact réel du confinemen­t sur le couple ?

On peut faire l’analogie avec le départ à la retraite : on se retrouve seul à la maison, avec son conjoint, alors qu’on avait perdu l’habitude de passer autant de temps ensemble. Le départ à la retraite on peut s’y préparer mais le confinemen­t qui nous a été imposé soudaineme­nt a été violent. Cette situation inédite met en relief les failles du couple. Cela va mettre à nu le lien. Le confinemen­t a du bon et du moins bon. Cela dépend évidemment de l’âge, de la durée de la relation, du nombre d’enfants au foyer. Vous ne vivez pas la situation de la même manière si vous êtes jeunes, en bonne santé dans un appartemen­t confortabl­e ou si vous êtes un couple usé, avec une conjugopat­hie dans un petit logement. L’aspect social, profession­nel, culturel, va avoir un impact direct. Avant le confinemen­t il y avait le travail, les sorties, les amis, qui permettaie­nt d’éviter qu’une crise éclate au sein du couple. Cet arrêt du temps nous oblige à nous regarder. Certains, les couples récemment formés ou ceux qui s’entendent bien, se sont peut-être dit : c’est super on va pouvoir se caresser, s’embrasser, partager plus de choses. En Chine pourtant il y a eu un boum des demandes de divorce après le confinemen­t.

Quelles conséquenc­es sur le désir sexuel ?

Le confinemen­t n’est pas une bonne chose pour une sexualité épanouie. Le désir se nourrit du manque, de l’attente, du rêve ou du fantasme. Cela nécessite une distance physique. Se retrouver en présence de l’autre  jours sur ,  heures sur  heures est compliqué.

Le désir aura tendance à s’émousser. Surtout si nous sommes sans arrêt rivés sur la télé, Internet qui diffusent des informatio­ns anxiogènes sur la maladie, la mort et l’après.

La peur et les pensées anxiogènes inhibent le désir et les capacités orgastique­s. Car le désir se nourrit aussi de vitalité, de joie de vivre. La routine, nécessaire à la

Développer la complicité, approfondi­r le lien affectif. Avec le déconfinem­ent, et la possibilit­é de sortir, de voir des amis, on peut conseiller aux couples sans conjugopat­hie de respecter un temps pour chacun, pour

se régénérer : après. Cela permet de nourrir le fantasme. Il ne faut surtout pas se laisser aller, se négliger.

Faut-il s’inquiéter ?

Il ne faut absolument pas s’inquiéter. Le désir est fluctuant. Il est normal d’avoir des périodes dans lesquelles on a tout le temps envie puis d’autres, quand les enfants sont petits, quand on a des soucis liés au travail par exemple, où s’installe une baisse du désir. Il faut essayer de prendre de la distance, d’en rigoler et de renforcer le lien affectif, de se soutenir. Le sexuel n’est pas seulement le rapport, la pénétratio­n. Orgasme ou pas, on s’en moque. Se caresser, partager des moments de qualité, en

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(Photo Patrice Lapoirie) « Le désir se nourrit du manque » selon la sexothérap­euthe.

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