Une plateforme pour aider les informaticiens azuréens
Les informaticiens azuréens sont peut-être déconfits par la crise mais grâce à la plateforme collaborative et citoyenne Les Déconfinés de l’IT, ils ne sont pas déconnectés
Les temps sont durs pour tous. Même pour les informaticiens, chouchous de Sophia Antipolis. Depuis le début de la crise sanitaire, ils sont nombreux à avoir perdu leur emploi, à avoir vu leur période d’essai arrêtée ou à se retrouver en activité partielle. Une situation inédite pour ces derniers plus habitués à être courtisés qu’à devoir frapper aux portes des recruteurs.
D’où l’initiative de Sylvain Lareyre, cofondateur du cabinet de recrutement sophipolitain JobOpportunIT, qui a lancé il y a un peu plus d’un mois la plateforme Les Déconfinés de l’IT. « N’étant ni chimiste ni couturier, je ne peux pas fabriquer du gel hydroalcoolique ou des masques de protection. En revanche, aider la communauté IT azuréenne durant cette période difficile avec un site internet collaboratif et gratuit, c’est dans mon domaine d’expertise », explique cet ancien développeur informatique, par ailleurs gagnant du concours de Meilleur Sourceur de France #RMSConf 2014.
Pour les informaticiens mais aussi recruteurs, managers et étudiants
Avec deux autres formatrices en recrutement, la Lyonnaise Hélène Ly et l’Aixoise Bérangère Gonzalez, il a décidé début avril de créer Les Déconfinés de l’IT pour que tous les acteurs du secteur restent connectés. En moins de trente-six heures, la plateforme était née et les premiers articles postés. Depuis, ils ont fédéré autour d’eux une vingtaine de bénévoles qui répondent quotidiennement aux différentes problématiques rencontrées par les codeurs et autres développeurs. « Jusqu’à la crise, l’informatique était un marché pénurique : les candidats étaient ultrachassés et avaient peu d’efforts à faire pour trouver un emploi. On les aide en leur apportant des conseils bienveillants et de qualité en lien avec la recherche d’emploi. Quel salaire demander ? Comment faire un CV ? Approcher un recruteur ? » Le site aborde aussi des tendances dans le secteur IT avec de la veille, de l’autoformation. «Ils peuvent aussi bénéficier de séances de coaching quotidiennes proposées par des professionnels pour éviter qu’ils ne dépriment seuls chez eux. Les articles concernent aussi bien la vie professionnelle que personnelle. La plateforme étant collaborative, chaque internaute peut proposer des thèmes et des sujets qu’il aimerait voir traité », souligne son cofondateur. Autres concernés : les étudiants en informatique, grands oubliés de cette crise, qui se retrouvent sans stage ni alternance.
Retour à la normale ?
Enfin, la plateforme s’adresse aussi aux managers ainsi qu’aux recruteurs qui peuvent en profiter pour revoir leurs pratiques. « Ce confinement est une période de remise en question, estime Sylvain Lareyre. On leur propose du contenu pour s’ouvrir l’esprit et se poser les bonnes questions quand le marché reviendra normal. »
D’ailleurs, le marché de l’IT azuréen et plus particulièrement sophipolitain, le redeviendra-t-il ? Et pourquoi a-t-il été aussi durement touché par le Covid-19 ? Deux explications à cela, selon Sylvain Lareyre. « Parce que la technopole qui était à ses débuts la Telecom Valley est devenue au fil des ans la Tourisme Valley... Or la crise sanitaire actuelle impacte fortement les secteurs du tourisme et de l’aérien. Les deux grandes locomotives que sont Amadeus et Air France ont dû se séparer de nombreux prestataires. » Autre raison : les ESN (entreprises de services du numérique, ndlr) qui emploient de nombreux informaticiens en tant que consultants ont enregistré une demande en forte baisse. « Ce sera compliqué pour elles de repositionner leurs consultants. Tant que l’État subventionne l’activité partielle, ça ira mais quand les aides s’arrêteront, la crise va certainement frapper », s’attend le recruteur qui admet toutefois ne pas avoir de boule de cristal. C’est la raison pour laquelle Les Déconfinés de l’IT continuera après le 11 mai. « Cela servira de ressources pour la suite », insiste Sylvain Lareyre.