Sur le littoral
La France est déconfinée. Plus besoin d’attestation pour sortir de chez soi, dans un périmètre de km à vol d’oiseau autour de son domicile.
La rédaction de Nice-Matin a décidé de faire le tour de cette zone, au départ de Nice, coincée entre la mer et la frontière italienne.
Pour ce quatrième et dernier volet, on a parcouru le littoral, entre Théoule-sur-Mer et Menton.
De Nice à Cap-d’Ail, le bord de mer a renoué avec la fréquentation
Le ciel laiteux et l’annonce d’une Dame Nature capricieuse n’auront pas freiné la fougue des plus matinaux.
Hier, dès potron-minet, moult joggeurs et marcheurs foulaient le sol du sentier des Douaniers, à Cap-d’Ail. Le tracé de cinq bornes aller-retour, entre la plage Marquet et celle de la Mala, a rouvert depuis le 11 mai, fameux jour où la France a retrouvé en grande partie, sa sacro-sainte liberté. Une interdiction levée après l’abrogation de l’arrêté préfectoral du 22 mars qui en interdisait l’accès. « Il est désormais entièrement accessible dans les conditions habituelles – les travaux dans le secteur Rognoso sont terminés – sauf en cas d’alerte météorologique », précise Xavier Beck, maire de Cap-d’Ail.
« Ce parcours ? Une drogue »
Au petit matin – un peu plus tard que d’habitude concède-t-il – Daniel Realini entame une balade sur ce chemin pittoresque où les vagues aiment se fracasser sur des rochers aiguisés, particulièrement au cap Mala. Il y croise une mère et sa fille en pleine marche nordique, une joggeuse en nage, un homme qui promène son chien et même des… cyclistes. « J’ai 68 ans et je pratique ce parcours depuis cinquante ans. C’est vraiment une drogue. Chaque jour, même si c’est le même tracé, le paysage est différent avec le lever de soleil », s’extasie-t-il. Alors, forcément, pendant les deux mois de confinement, ce sportif sexagénaire a rongé son frein. «Je tournais en rond autour du port de Fontvieille », se marre-t-il. Patrice Turchi, croisé au départ de la plage Marquet, a, lui, fait une croix sur le sport pendant deux mois. « Pour courir, je choisis toujours ce type d’endroit en nature. Alors le faire autour de ma résidence à moins d’un kilomètre, ce n’était clairement pas mon truc. Ce sentier des Douaniers est invraisemblable, si près de Monaco, sans voitures, sans imperfections. C’est une bouffée d’oxygène de le retrouver. »
Le sentier pédestre n’aura d’ailleurs pas tardé à retrouver son succès d’antan. Et il en a été de même du côté de Nice.
« Enfin au grand air »
Avec ce désir irrépressible de se jeter à l’eau, refréné depuis des semaines, le sentier du littoral niçois avait de beaux atouts pour attirer une petite foule de baigneurs dynamiques et statiques, les rochers échappant à la réglementation des plages publiques. Cet élan bien entamé par les prévisions météorologiques a été déçu dès le matin avec les sautes du ciel. Les baigneurs sont donc sagement restés des promeneurs, joggeurs ou encore pêcheurs contemplatifs au cap de Nice. Il y a bien eu quelques exceptions entre la Réserve et Coco beach, des nageurs au long cours avec palmes, bouées vives ainsi que des pensifs assis en tailleur. Car ce samedi était aussi marqué par les sorties des plaisanciers. C’est ce spectacle qui a aimanté une famille niçoise. « Pour ce premier jour, nous redoutions un afflux sur les plages. Du coup, on a opté pour une promenade vers le cap de Nice, enfin au grand air ! », glissaient Audrey et Stéphane, accompagnés d’Émilie et d’Enzo. Ils ont déjà inscrit à leur programme la reprise du vélo et une randonnée la semaine prochaine : « On s’organise un grand week-end vers Casterino et Tende. »
Hier, le sentier du littoral ressemblait à une zone de réactivation des sens, entre le minéral et le goût salé des embruns. Thal, en pêcheur posé au bout d’un éperon rocheux, l’avoue : « Je recherche surtout le contact avec les éléments, la nature et aussi un peu d’isolement. D’ailleurs, je remets mes prises à l’eau. » Plus loin, Sébastien contemple aussi la mer en glissant : « Je suis venu avec un ami pêcheur seulement pour le plaisir de prendre l’air ».
‘‘
Je recherche le contact avec les éléments [...] et un peu d’isolement.” Thal, pêcheur, sur le sentier du littoral niçois.