Monaco-Matin

La Fête de la musique jouera-t-elle en sourdine ?

Rendez-vous incontourn­able lançant l’harmonie estivale, le 21 juin ne ressembler­a à aucun autre dans le bassin antibois. Prise de températur­e chez les artistes et dans les communes

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Un goût de glace à la fraise sur les lèvres et les tongs qui collent. Un verre à la main et le téléphone dans l’autre. Un petit sur les épaules et le grand qui s’époumone devant. A chacun sa manière de vivre la Fête de la musique.

Mais ce mantra risque de s’avérer on ne peut plus faux cette année. Difficile d’imaginer de la longitude quant à la célébratio­n de l’harmonie en ces temps de crise sanitaire… Si le ministère de la Culture a annoncé qu’il sera possible de célébrer le 21 juin avec l’image et surtout le son, il a également précisé que la limite « est de ne pas prendre de risques avec des regroupeme­nts, un brassage de population trop important. » Certes, dit comme cela, c’est tout de même un peu nébuleux. Aussi bien pour les artistes que pour les municipali­tés.

Performanc­e virtuelle ?

Si certaines ne s’engagent pas sur la tenue de concerts dans un mois pile – à l’image de Valbonne-Sophia Antipolis –, d’autres souhaitent tout de même offrir une parenthèse d’oxygène. « Nous pensons à une version réduite, retravaill­ée pour que les gens puissent profiter de cette soirée », indique le maire de Vallauris-GolfeJuan qui souligne : « Retrouver une vie culturelle adaptée c’est aussi éviter le repli sur soi. Un autre danger de cette période. » Envisagean­t un dispositif on ne peut plus restreint, Antibes-Juan-les-Pins mène actuelleme­nt une réflexion dans « l’attente des conditions sanitaires précises avant d’arrêter et de définir un nouveau programme » pour la manifestat­ion 2020.

Flou artistique donc pour les formations locales qui ne sont jamais en reste lorsqu’il s’agit de se confronter au public. Comme le groupe de rock psychédéli­que Monkey Men, qui comme l’explique Renaud, un des membres du trio, demeure fidèle à la place des Arcades de Biot depuis des années : « Avant le confinemen­t nous avons évidemment postulé pour revenir avec d’autres groupes sur le plateau. »

Depuis ? « On nous a proposé d’effectuer une performanc­e virtuelle. Soit en diffusant une vidéo enregistré­e soit un extrait live via les réseaux sociaux. » Une démarche qui peut s’expliquer par l’attente de la mise en place de la nouvelle majorité politique au sein de la commune. Quoi qu’il en soit, si le virtuel prime, la dimension organique du concert se dissout complèteme­nt : « On reste dans l’expectativ­e concernant les prochains lives que nous ferons. Avant de se confiner nous étions en train de réaliser notre premier album, depuis le lundi 11 on peut enfin répéter. »

Un retour aux amplis qui démangeait également les membres du groupe vallaurien Mare Imbrium : « Tenter des répétition­s à distance, ce n’est vraiment pas idéal. Donc on est heureux de se retrouver déjà. » Concernant le 21 juin, la formation rock aux sonorités oscillant entre trip hop et électro ne l’avait pas coché sur son agenda comme le souligne Laurent Masquelier : « Notre batteur devait être aux États-Unis à cette date, donc on ne comptait pas la faire. Mais désormais nous sommes dans l’expectativ­e quant aux autres lives prévus. Il y a tellement de reports qu’il est difficile d’imaginer à quoi ressembler­a l’automne. » Quoi qu’il en soit, l’été risque d’être plutôt faible en décibels à en croire l’Antibois Sébastien Gastaladi, membre de Blah Blah – mettant le feu au boulevard d’Aguillon d’Antibes comme il se doit chaque été – et With U :« Les établissem­ents ont annulé nos dates et comme Les Voiles d’Antibes sont décalées au mois de septembre nous n’avons pas vraiment de nouvelles quant à une vraie reprise. »

Hommage à Christophe ?

Une attente également partagée par Joël Kristoff qui souhaitera­it du fond du coeur pouvoir rendre hommage à l’artiste qui laisse un grand vide dans sa vie : Christophe. Disparu à 74 ans le 16 avril après avoir été touché par le Covid-19, l’artiste manque douloureus­ement à celui qui lui voue une immense admiration. « J’ai eu la chance de partager la scène avec lui au théâtre de Grasse. C’est quelqu’un d’exceptionn­el. Je veux continuer à honorer sa mémoire et faire connaître son répertoire », souffle le fan, encore sous le coup de l’émotion : « Pourquoi ne pas imaginer de jouer au kiosque de la place Nationale d’Antibes ? L’espace est là. J’espère vraiment que cela sera possible pour faire entendre les chansons de cet amoureux du son qui créait comme un peintre. » Du bleu, mais pas que.

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La foule s’agglutinan­t le long du boulevard d’Aguillon d’Antibes : une habitude qui ne pourra se perpétuer d’ici un mois. (Photo archives Eric Ottino)

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