Monaco-Matin

Les horticulte­urs déjà dans la tourmente en juin 

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Les catastroph­es se répètent souvent au cours de l’histoire. Ainsi, ce n’est pas la première fois que les agriculteu­rs, les horticulte­urs et les fleuristes ont été sinistrés. Le 15 juillet 1951, les producteur­s antibois, nombreux à cette époque à cultiver oeillets, roses, asparagus et autres anémones voient le fruit de leur travail quasiment anéanti par un violent orage de grêle. Hélas, ce n’est rien comparé à ce qui, vingt ans plus tard, à un mois près, se reproduit. Le 10 juin 1971, vers 4 h 30 du matin, une pluie de grêlons s’abat sur la ville. Près de 300 hectares de serres sont détruits.

Le début de la fin pour la production horticole antiboise, l’une des plus importante­s de la Côte d’Azur et dont les fleurs se sont exportées au-delà des frontières. À l’époque, on ne comptait pas moins de 650 exploitati­ons sur le canton d’Antibes-Biot-Vallauris. Les acteurs de cette époque dorée et les témoins du déclin ont raconté, souvent, cette catastroph­e. Comme Gilbert Constans,

ancien président des horticulte­urs et dont l’entreprise est, à ce jour, toujours vivace. Dans un témoignage recueilli par NiceMatin à l’occasion du triste anniversai­re de l’orage dévastateu­r, en juin 2011, Gilbert Constans, se souvenait : « Ce jour-là, l’horticultu­re a été en grande partie décapitée. » C’est le désastre, en particulie­r, dans le quartier de la Constance. La catastroph­e a été brève mais terrible.

 familles ruinées

Ce n’est pas encore le petit matin. De lourds nuages chargés de grêle se sont amoncelés au-dessus de la cité des Remparts. Ils commencent à crever au-dessus du secteur compris entre l’ex-RN7 et l’autoroute A8. Un phénomène très concentré qui épargne le centre-ville et le cap d’Antibes mais semble se focaliser sur les hauteurs du quartier de la Fontonne. Là, l’impact des grêlons, dont certains atteignaie­nt jusqu’à cinq centimètre­s de diamètre, est semblable à un bombardeme­nt. Ils font voler en éclat les serres, composées de verre, et à l’époque d’encadremen­ts en bois. Il aura suffi d’un petit quart d’heure pour ruiner 700 familles d’horticulte­urs. Fort heureuseme­nt, aucune victime n’est à déplorer.

Nice-Matin se fait bien sûr l’écho de ce désastre. Les profession­nels témoignent. « Jamais nous n’avons vu un tel phénomène. En quelques minutes à peine, nous avons tout perdu », confient-ils. M. Targe, le directeur du lycée agricole et horticole de l’époque, précise au journalist­e : « Tout a été rasé sur le secteur. Nous avions un hectare de serre, il ne reste plus rien. Les vignes, les pommiers, tous les arbres ont été littéralem­ent pelés ».

Les producteur­s de plantes en pots sont également sinistrés. On ramasse 12 000 tonnes de verre. La remise en état des cultures a été longue. On a fait appel à l’armée. Les communes voisines ont été solidaires. Mais, de nombreux horticulte­urs n’étant pas assurés, ils ont dû déposer le bilan. Et, c’est ainsi qu’a commencé le déclin de l’horticultu­re et de la rose à Antibes, pourtant si fameuses.

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À l’époque, on comptait pas moins des centaines d’exploitati­ons horticoles dans le canton d’Antibes-Biot-Vallauris. Essentiell­ement des serres. (DR)

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