Ruées sur l’or vert et
La météo a jeté les Azuréens dehors, en montagne et sur les plages, comme une première vraie journée de liberté après des jours maussades. Tous les arrêtés n’ont pas été respectés
La Côte d’Azur a vécu, hier, sa première véritable journée de déconfinement. Depuis le 11 mai, la météo se voulait d’humeur chagrine. Mais ce premier jour du pont de l’Ascension, et ses 25 ° à l’ombre, a poussé les Azuréens dehors. En rando pédestre ou à vélo dans le col de l’Orme – les pique-niques étaient de sortie –, à moto dans le Turini, en camping-car à Saint-Vallier-de-Thiey, dans les canyons, comme celui d’Aiglun, dans l’Estéron : à chacun son sas de décompression après deux mois de confinement. Dans la moyenne Tinée, sur le pittoresque sentier de la pointe de la Clamia, serpentant au milieu des feuillus, à Marie, on pouvait, hier, rencontrer le maire, Gérard
Steppel. Première sortie loisirs et cycliste depuis le début de la crise sanitaire. Samedi, il réunira son conseil municipal à huis clos pour entamer son troisième mandat. « Il y a du monde, ça a commencé à se remplir mercredi soir, mais uniquement les résidences secondaires. Nous n’avons ni gîtes, ni Airbnb. »
Des dérapages
Cette ruée vers l’or vert de la montagne, et l’or bleu de la mer, a inévitablement donné lieu à des dérapages (lire aussi en page 7).
Devant Castel plage, à Nice, ou sur la plage de la Salis, à Antibes, la conception de l’utilisation dynamique du sable ou des galets n’était pas la même pour tous, à en croire les alignements de serviettes. Les maires avaient obtenu du préfet de rouvrir leurs plages, promettant, en change, de faire respecter une utilisation « sportive » de la plage. Ni bronzette, ni farniente ? Peine perdue. Face aux excès, les polices municipales ont souvent concilié et parfois aligné. Vendredi, à Cannes, l’amende mettait ainsi le cours du pan-bagnat, mangé à même le sable, à plus de 135 euros… Pourtant, quelques minutes plus tard, serviettes, sandwiches et bières fraîches étaient de retour.
« Nous sommes dans une levée progressive du confinement qui s’effectue avec un principe : faire confiance aux Français, a réagi hier Yoann Thoubans, sous-préfet Nice Montagne. Ils ont parfaitement joué le jeu pendant le confinement, on sait qu’ils respecteront les règles, mais la confiance n’exclut pas le contrôle. Un contrôle qui se veut pédagogique et effectué avec discernement. »
« Besoin du sens des responsbilités de chacun »
Mais attention, prévient le sous-préfet : si un relâchement trop important était observé, l’accès aux plages pourrait être de nouveau fermé. « Il serait regrettable qu’on en soit réduit à ces extrémités », souligne-t-il. Des contrôles, notamment pour le respect des 100 km, étaient menés, hier, un peu partout dans le département par la police et la gendarmerie. La grande crainte des autorités, mais aussi des maires du littoral, du moyen et du haut pays est en effet un réimport du Covid-19 à la faveur de ce pont de l’Ascension.
À Tende, le maire, JeanPierre
Vassalo, fait partie de ceux-là. Sa crèche et les deux écoles ont été fermées pour quatre cas positifs de Covid-19. « On peut avoir des inquiétudes avec cet afflux. Les gens, c’est normal, on envie de respirer et de profiter de notre cadre merveilleux. Mais tout ceci doit se faire dans le respect des gestes barrières. Nous avons besoin du sens des responsabilités de chacun. »