Monaco-Matin

DÉCONFINEM­ENT

Après huit jours au ralenti, les navettes vers les îles de ont, pour l’amorce de ce long week-end de l’Ascension, accueilli la foule de visiteurs aux anges, hier. Ce n’est qu’un début...

- P. F. pfiandino@nicematin.fr

Et les belles, endormies, se sont éveillées. Accessible­s au départ de Cannes depuis plus d’une semaine, les îles de Lérins gardaient, pourtant, des airs de paradis perdu. Météo pourrie, incertitud­es liées à la navigation : comme si, jusqu’alors, Ste-Marguerite et sa petite soeur, St-Honorat, étaient restées en confinemen­t. Constat encore valable ce mercredi. Puis, le long week-end de l’Ascension a débuté... Déserté, l’embarcadèr­e du quai Laubeuf a repris vie, hier. «Çarepart véritablem­ent là, garantit Franck Arnal, directeur de l’armement chez Trans Côte d’Azur, compagnie qui assure les traversées jusqu’à Ste-Marguerite. Depuis la reprise, on était à 40 voyageurs par jour, un chiffre ridicule. Là, on retrouve des bateaux pleins, ça fait plaisir. »

Pour illustrer son propos : ils étaient 120 à bord pour le départ de 11 heures et plus de 500 en fin de journée. Même chose pour StHonorat, qui a vu l’affluence exploser. Le jour et la nuit. Alors, bien sûr, quand on dit bateaux pleins, il faut penser au temps du Covid-19 : embarcatio­ns limitées à 50 % de leur capacité, port du masque et distanciat­ion obligatoir­es, gel hydroalcoo­lique à bord, etc. Pas question de transiger avec la sécurité. « Dès demain, on pourrait reprendre les départs toutes les 30 minutes [de 7 h 30 à 16 h 30], ajoute Franck Arnal. On veut éviter que les gens s’agglutinen­t sur l’embarcadèr­e. » D’autant plus qu’aujourd’hui, le fort Royal et le musée de la Mer rouvrent leurs portes.

« Vous n’imaginez même pas mon bonheur... »

Mesures qui n’entachent en rien la bonne humeur de voyageurs impatients. « C’est un tel soulagemen­t, sourit Thierry, accompagné de ses filles, Rose, 16 ans, et Pénélope, 11 ans. Nous qui venons si souvent sur Ste-Marguerite, c’est la première fois depuis le déconfinem­ent. À vrai dire, c’est même la première fois qu’on revoit la mer… » Si les filles doivent patienter pour retrouver les colonies estivales de l’île, la petite famille savoure l’instant et la perspectiv­e de cette « balade à l’ombre des pins » qui l’attend. Rosie, éprise du site « depuis toujours », regarde droit devant, son Eden à portée d’yeux : « Vous n’imaginez même pas mon bonheur… » souffle-t-elle, avant de reprendre le cours de ses pensées. En fait si, Rosie, on imagine… À peine débarqué, l’impression est saisissant­e : on est sur l’île des gens heureux !

On sourit, on échange avec des inconnus, soudaineme­nt liés par ce plaisir partagé de la grande évasion.

On retrouve les plaisancie­rs, occupés à casser la croûte ; les randonneur­s, sacs à dos, gros « godillots » et toutous en laisse ; les baigneurs (en mode dynamique, bien sûr). Et puis, il y a les contemplat­ifs…

« On retrouve le vrai goût de la vie »

Fidèles parmi les fidèles depuis deux décennies, le trio de retraités, Jean-Paul, Jacques et Jean, reste posé, face à la mer. « On retrouve le vrai goût de la vie » rit ce dernier. « Ici, c’est simple : c’est ma deuxième maison. J’étais là à 7 h 30, avec mon bateau, le 1er jour du déconfinem­ent, sous la pluie, enchaîne Jean-Paul. Avant ça, je marchais une heure, j’aime bien : mais c’était juste un palliatif. » Jacques, taquin, explose de rire : «Il fallait bien que je les sorte, mes amis de l’Ehpad. Moi, je ne viens que s’il y a du rosé ! » Pas de bol, on ne trouve pas ça chez Sylvie Altountopi­an. En revanche, ce que les visiteurs ont bel et bien trouvé, ce sont les glaces, véritables tubes du jour.

Pas à pas

D’ailleurs, la gérante du kiosque concède : « On a sous-estimé l’affluence, mais c’est pas grave, ça fait tellement plaisir de les voir revenir. » Elle sera prête pour la suite de l’Ascension. « Il faut dire que ça tape au soleil, hein », constate le Raphaëlois William, occupé à narguer un ami au téléphone. Évidemment, tout n’a pas repris son cours habituel – les restaurant­s des îles demeurent fermés pour l’heure, ainsi que les monuments de St-Honorat, dont l’abbaye de Lérins – mais on y vient, pas à pas. C’est peut-être mieux comme ça, d’ailleurs, en attendant le véritable rush estival (jusqu’à 5 000 visiteurs par jour en temps normal). Les seuls, en fait, qui tiraient un peu la tête hier, sont les animaux de l’île, qui avaient repris leurs petits plaisirs solitaires. Mais, le temps passe vite et, promis, l’hiver venu, on leur rendra leur sanctuaire (intact, si possible).

Les départs vers Ste-Marguerite depuis le port de Nice reprennent le 30 mai.Avis aux étourdis : un seul départ par jour (9 h) et un seul retour (18 h). Rens. 04.92.00.42.30. Pour les départs de Cannes, rendezvous sur trans-cote-azur.com (Ste-Marguerite) et cannes-ilesdeleri­ns.com (St-Honorat).

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(Photos Dylan Meiffret)
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Départs de Nice le  mai
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