L’Institut océanographique lance un appel aux dons
En délicatesse financière avec la fermeture du Musée à Monaco et de la Maison des Océans à Paris, l’institution appelle à la générosité des amoureux des océans. Une démarche inédite
Plus de deux mois sous cloche, forcément ça laisse des traces. Avec ce confinement forcé – lequel sera levé le 2 juin pour les musées (lire notre édition de ce jeudi) – l’Institut océanographique n’avait jamais connu pareille tourmente. Pas même pendant les deux guerres mondiales et la si meurtrière grippe espagnole.
« Depuis son inauguration en 1906, le Musée océanographique n’a jamais fermé totalement ses portes au public plus de deux jours », assure Robert Calcagno, le directeur général.
Pas de saisonniers cet été
C’est justement là que le bât blesse. La crise sanitaire du Covid-19 a mis en délicatesse financière l’institution monégasque puisque, grosso modo, 70 % des revenus dépendent de la billetterie et des locations événementielles du Musée océanographique de Monaco et de la Maison des Océans à Paris. En suspens, on le sait, depuis plus de soixante jours. Or, les statuts d’une fondation imposent à l’Institut océanographique d’afficher des comptes à l’équilibre. « En temps normal, on a 14 millions d’euros de dépenses et autant de recettes par an (1). Avec la fermeture de deux mois et l’anticipation d’une baisse de fréquentation cet été, on estime à 5 millions d’euros la perte d’exploitation en 2020, détaille Robert Calcagno. Sur ces 5 millions, on a réussi à économiser 1 million avec le chômage total temporaire renforcé, avec le report en 2021 de certains projets comme le réaménagement des ascenseurs et de l’aquarium tropical. De plus, nous ne recruterons pas la trentaine de saisonniers qui devaient renforcer les équipes cet été. Tout notre personnel a accepté de prendre le solde de vacances avant la réouverture du musée. » Ce qui n’empêche pas un trou dans les caisses de près de 4 millions d’euros. D’où l’appel aux dons formulé ce mardi par l’Institut océanographique auprès du grand public. Pour limiter la casse donc et, de fait, lui permettre de pérenniser ses actions dans le temps, à savoir la sauvegarde des océans, dangereusement menacés par la main de l’Homme, et une meilleure connaissance du milieu sous-marin.
€ en une journée
Une démarche inédite, à vrai dire. « Il est vrai que, par le passé, nous avions une approche d’appels aux dons plus discrète, en face-à-face. Au regard des circonstances, le bureau exécutif s’est réuni et a pris la décision de faire cet appel à la générosité publique, en le rendant plus large, plus voyant, plus proactif », justifie Robert Calcagno.
L’Institut océanographique étant reconnu d’utilité publique depuis 1906, chaque âme généreuse qui effectuera un don ouvrira des droits à une déduction fiscale (2). Rien que sur la journée de mercredi, 40 000 euros avaient déjà été récoltés. De bon augure.
Pour faire un don : dons.oceano.org
(1) Sur les 14M€ de recettes, 10M€ proviennent de revenus (billetterie, boutique, services d’animation ou locations de salles), 3M€ du gouvernement princier et le restant sont des dons de mécènes, soit institutionnels, soit des particuliers via notamment l’Association des amis du Musée.
(2) 66 % du montant du don peut être déduit de son impôt sur le revenu. Le plafond de la déduction s’élève à 20 % de son revenu imposable. 75 % du montant du don peut être déduit de son impôt sur la fortune Immobilière, dans la limite de 50 000€ de réduction par an.