« Une énorme concurrence entre les destinations »
Campagne de com’, création d’un label sanitaire, club d’ambassadeurs experts... Le Palais multiplie les initiatives pour relancer le tourisme d’affaire. Rencontre avec le directeur de la Semec Didier Boidin
Ville de tourisme et de congrès par excellence, Cannes subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire mondiale. La cité des Festivals, spécialiste de l’organisation d’événements professionnels, accueille habituellement les manifestations les plus réputées au monde. Un tourisme d’affaire qui représente une manne financière vitale pour les nombreux professionnels bénéficiant des retombées économiques.
Mais le savoir-faire et les atouts locaux seront-ils suffisants pour conserver ce leadership en la matière ? Face à l’incertitude du “monde d’après”, Didier Boidin, directeur de la SEMEC (Société d’économie mixte pour les événements cannois) qui gère le Palais et l’évènementiel, entre autres, partage son analyse de la situation. Parmi ses priorités : sauver la saison touristique et relancer le tourisme d’affaires.
Quelle est la situation actuelle du Palais des Festivals ?
Sur près de employés, % des équipes sont en chômage partiel. Pour la partie congrès, l’activité est complètement arrêtée.
Quelles sont les conséquences économiques de cette crise ?
Cinq congrès ont été annulés : le Festival, le Tax free, le Mipim, le Mip TV et le Cannes Lions. Une année
‘‘ d’activité du Palais génère à peu près millions d’euros de retombées économiques pour le bassin cannois entre les restaurateurs, les hôteliers, les métiers de la logistique, de la sécurité... On estime un manque à gagner de millions d’euros pour l’instant. Concernant le chiffre d’affaires du Palais, (environ millions par an), c’est % qui a fondu. Une catastrophe.
Quelles sont les perspectives ?
On commence à voir la lumière au bout du tunnel. On connaît désormais l’ampleur des dégâts, on commence à parler de reprise. Deux salons sont pour l’instant maintenus en septembre :
Heavent pour les professionnels de l’événementiel (- personnes), et la plaisance dans la foulée. On repartirait ensuite sur le Mipcom.
À quoi ressembleront les congrès du “monde d’après “?
Tout dépend de la législation. Ce sera plus compliqué à gérer avec la mise en place des mesures sanitaires. L’organisation sera plus difficile et coûteuse jusqu’à ce que l’on ait un vaccin ou que l’épidémie s’arrête. Mais nous faisons tout ce qu’il faut pour être à la pointe. Ce qui me préoccupe plus a moyen terme, ce sont les conséquences : est-ce que les professionnels continueront à privilégier les salons, est-ce que cela va changer les manières de travailler, la
‘‘ clientèle internationale sera-t-elle toujours au rendez-vous ?
On ne sait pas quelle sera la fréquentation.
Quelles solutions envisagezvous pour sauver ce secteur d’activité ?
Il faut être proactifs. Nous avons lancé une campagne de communication dans plusieurs capitales européennes calquée sur le modèle de ce que nous avions fait à Barcelone (photo ci dessous, NDLR).
Parallèlement, nous maintenons bien sûr le lien avec nos clients afin de sécuriser les contrats existants. Nous sommes en train de créer un club d’ambassadeurs experts afin de réfléchir aux salons de demain.
Il y aura un avant et un après Covid . Nous travaillons aussi sur la création d’un label sanitaire international afin de garantir la sécurité des participants, et les rassurer.
Cannes dispose des atouts nécessaires pour rebondir ?
Au delà du côté pratique et sérieux concernant l’organisation de congrès, les gens viennent à Cannes car il fait bon vivre, il y a ce côté festif... Mais il faut être prudents. Si on enlève la partie sociale, les cocktails, les dîners, il va falloir réfléchir rapidement à la manière de s’adapter.
Nous devrons être excessivement compétitifs sur le rapport qualité prix, et innovant en termes de concept proposé. C’est la première fois que le monde entier est frappé au même moment. Le redémarrage va être difficile. On s’attend à une concurrence énorme entre les destinations. Tout va peutêtre redémarrer normalement, mais on doit se poser la question. On a la chance d’avoir une destination qui a énormément d’atouts et qui peut séduire, mais il ne faut pas se reposer là dessus. Il faut que l’on arrive à garder cette longueur d’avance.
Un manque à gagner de millions d’euros”
Il y aura un avant et un après Covid-”