Monaco-Matin

La tête dans les images

Hiep Than Trong sillonne les terrains et les gymnases azuréens et varois. Il utilise le sport jusqu’à ses discipline­s mineures pour assouvir sa passion de la photo. Ses clichés gagnent à être connus

- CHRISTOPHE­R ROUX C.R.

Vous l’avez peut-être déjà croisé. Casquette à l’envers vissée sur la tête, appareil photo ancré dans les mains. Hiep Than Trong est un personnage intrigant. Ce photograph­e amateur arpente, chaque week-end, les stades et les gymnases pour mettre en boîte le sport et ses acteurs. Dans le seul but d’assouvir sa passion pour la photo. Son credo ? S’intéresser à un maximum de discipline­s et notamment mineures. Son tableau de chasse en affiche déjà plus de 25. Il y a celles qui n’ont plus besoin d’être présentées (foot, basket, rugby…), mais aussi des mondes plus confidenti­els : football gaélique, rollerderb­y, baseball…

« Je suis autodidact­e. J’ai commencé il y a quinze ans quand mes deux garçons jouaient au foot. Je voulais des souvenirs d’eux mais je n’y connaissai­s rien. Pendant deux ans, j’ai fait de la merde », s’amuse l’homme de 57 ans, fils de diplomate vietnamien basé en Tunisie et débarqué sur la Côte en 1977 comme réfugié politique. Ses deux fils entrés dans la vie active et leurs crampons rangés, le Niçois a élargi son champ de vision il y a quatre-cinq ans.

« Parfois, on doit me prendre pour un extraterre­stre »

Le ballon rond n’est plus l’exclusivit­é. Il se documente sur la photo de sport, écume les blogs de photograph­es profession­nels dont celui de Christophe Elise, spécialist­e des sports US. Dans la foulée, il contacte plusieurs clubs azuréens et leur demande s’il peut venir prendre quelques clichés pendant des matchs ou des entraîneme­nts. « Ma passion, c’est la photo plus que le sport que je ne regarde pas à la télé. Je ne suis rien à fond, confie-t-il. J’ai choisi le sport parce que c’est le sujet le plus facile à photograph­ier. Les mariages, c’est l’été. Les portraits, il faut trouver les modèles... »

Aujourd’hui, il bénéficie d’une notoriété grandissan­te. Quelque 3000 personnes suivent ses aventures et sa page Facebook. Un début. Mais l’Azuréen, du genre discret et surpris qu’on s’intéresse à sa personne, est conscient de rester une énigme. « Je reste incompris. Je pourrais faire autre chose de mes week-ends. Certains ne comprennen­t pas cette passion, ces photograph­ies de sports que je n’aime pas particuliè­rement, que je n’ai pas pratiqué, dans des endroits où parfois je ne connais personne. C’est sûr, parfois, on doit me prendre pour un extraterre­stre (rire) .Onnemel’a jamais dit mais je comprendra­is tout à fait que quelqu’un le pense. »

« Pas un porte-parole »

Sans attendre d’éventuelle­s critiques, Hiep ressortira son objectif une fois le sport débarrassé du Covid et ses menottes. « Pour moi, la photo, c’est le sport. Et sans le sport, il n’y a plus de photo. Ça me manque mais je n’ai pas d’autre choix que de m’accommoder de la situation. L’important, aujourd’hui, c’est de prendre soin les uns des autres », souffle-t-il, philosophe. Malgré l’arrêt définitif de nombreux championna­ts, son travail à titre gracieux, lui, ne cesse d’attirer les compliment­s (lire ci-dessous). Ces regards positifs le dispensent, pour l’heure, du syndrome de ‘‘la grosse tête’’. Il lui arrive de décliner les sollicitat­ions de clubs, mais c’est parce qu’ils sont trop éloignés de son domicile et qu’il ne peut « être partout ».

« Je ne connais pas l’influence que j’ai à travers mes photos, avance Hiep. Si ça peut aider les clubs, leur amener une visibilité, tant mieux, mais je ne me considère pas comme porte-parole des petits clubs. Je ne suis pas légitime. » Les desseins de l’ex-employé de restaurati­on, qui ne se consacre plus qu’à son art, sont plus modestes. « Je suis toujours à la recherche de nouvelles discipline­s. Les gens peuvent me contacter. Là, j’ai envie de m’intéresser au polo. » Le club le plus proche ? Puget-sur-Argens. Ses dirigeants sont prévenus. Pour eux, Hiep est prêt à faire le voyage. La tête dans les images.

Quand je surfais sur les premiers blogs consacrés à la photo de sport, je lisais partout que c’était le volley. Ça a été le cas pour moi au début. Aujourd’hui, je dirais le baseball. C’est l’une des rares discipline­s où je n’ai pas encore compris les règles et réussi à comprendre qui mène dans une partie. Et puis anticiper l’action qui va se dérouler, ce n’est pas évident. Il y a le batteur, le lanceur et un ou deux mecs qui courent pour rattraper la balle. Je rate certaines actions parce que je ne sais pas ce qui va se passer.

Quel sport vous procure le plus d’émotion ?

Le moment le plus fort que j’ai vécu, c’est sûrement au volley, en faisant des photos pour le Nice VB. Il y a eu les matchs difficiles cette saison et la demifinale de Ligue A en 2019.

Comment définiriez-vous votre style ?

C’est difficile de répondre. Tout a déjà été plus ou moins fait. En ce qui me concerne, ma signature, c’est d’essayer de faire ressortir les couleurs à travers des actions originales, grâce au traitement numérique qui me procure autant de plaisir que la photo en elle-même.

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Photos : Hiep Images et Michael Toffolo
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Sa page Facebook pour admirer ses photos et le contacter : Hiep Images
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Quel est le sport le plus difficile à photograph­ier ?
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