CHACUN CHERCHE SON CHAPEAU
Fraîchement installée dans le Vieux-Nice, elle nous ouvre les portes de son atelier de modiste.
Elle avait de grandes ambitions artistiques. Elle s’est donc lancée dans un BEP métiers de la mode et couture floue. Depuis sa Normandie natale, Charlotte Boyer rêvait de Paris et de Crazy Horse. Elle se voyait déjà fabriquer des costumes de lumière qui seraient ensuite portés par des magiciennes de la danse et du mouvement. Elle ferait le plus grand bonheur des spectateurs. Et le sien. Elle a pensé que pour atteindre ce but ultime, il lui faudrait acquérir un peu de pratique. Et pourquoi pas se rapprocher d’une modiste ? Les chapeaux... ce sont des accessoires géniaux pour la scène ! Elle trouve une petite créatrice toute disposée à lui ouvrir les portes de son atelier. « Je suis tombée amoureuse du métier... » Elle sourit, presque gênée. « J’en ai même stoppé mes études pour rester avec Monique et me former. Ça a duré trois ans. Elle est partie à la retraite, elle a tout vendu. Et ça tombait pas mal... je quittais la Normandie aussi, avec mes parents. »
De jolies expériences
Certains en rient... mais d’autres l’affirment : il n’y a pas de hasards dans la vie. Assurément, Charlotte Boyer devait voler de ses propres ailes d’artiste. « Je suis arrivée à Cannes en 2009 et j’ai commencé à faire le marché artisanal en
2010 sur les allées de la Liberté. » Elle s’était aménagée un petit deux-pièces au Suquet afin d’y confectionner ses chapeaux. Elle se régale. Elle affiche même un joli succès. Elle arrive aussi à travailler dans des ateliers qui retouchent des vêtements de grande marque. L’exigence est grande mais l’expérience riche. «Et puis je me casse le poignet... J’ai dû arrêter de travailler en 2013. »
Six mois de rééducation et un vrai gros chagrin après, elle se lance dans la restauration. Les chapeaux lui manquaient cruellement mais elle avait besoin de se refaire une petite santé financière. Il y a quatre ans, elle s’installe à Nice. Elle en avait envie. Elle rit. « J’étais barmaid place Rossetti. J’ai noué des contacts et je n’avais qu’une hâte, trouver un espace pour y installer mon atelier. » Et on sait maintenant que ce que Charlotte veut... Mi-janvier, la voilà ruelle de la boucherie, dans un petit écrin coloré. Le Vieux Nice lui ouvre les bras. Elle peut enfin travailler son coton, son feutre, son sisal, sa paille. Elle peut jouer des teintes, mixer les motifs, les matières. Faire du sur-mesure. Pour les baptêmes, les mariages, la ville ou la plage. Pour les femmes, les hommes. Elle s’adapte. Elle développe même de petits accessoires coordonnés. Du chouchou pour les cheveux, à la pochette, au foulard.
Mi-mars, on connaît la suite... la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Mais Charlotte Boyer ne lâche rien. Son activité est trop fraîche pour être d’une grande solidité. « J’avais commencé, juste avant que l’on soit confiné, à confectionner quelques masques... » Ça l’a sauvée. (Lire ci-contre)
Et puis ? Elle a retrouvé sa boutique. La rue est peu passante mais ça lui convient. « Pour découvrir vraiment le Vieux Nice, il faut s’y perdre. Se perdre et tomber sur une petite boutique de chapeaux, je trouve ça chouette. » Sourire. Puis ça lui permet d’oeuvrer au calme. Son savoir-faire nécessite une grande précision et donc une bonne concentration. Le compromis est parfait.
« Je suis tombée amoureuse de ce métier. »