Monaco-Matin

Les kiosquiers sinistrés par la grève chez Presstalis

Depuis plus de quinze jours, les distribute­urs de journaux sont mis au régime sec par le blocage des entrepôts des deux filiales du groupe d’achemineme­nt de presse, en liquidatio­n judiciaire

- VALÉRIE ALLASIA vallasia@matin.fr

C’est une crise grave pour les kiosquiers, et qui passe inaperçue chez les abonnés. Depuis plus de quinze jours, on ne reçoit plus de leur part de presse quotidienn­e ni de magazines nationaux et internatio­naux. Certains titres commencent doucement à revenir via la distributi­on directe, mais c’est minime. On n’a aucune visibilité. Les distribute­urs qui ne vivent que de la presse sont en danger, après le confinemen­t... Nos clients fidèles refusent de s’abonner, ça nous sauve ! »

«  % de perte à Cannes »

À l’origine de la pénurie que subit Franck Nevoit, du Hall de la Presse à Saint-Cézaire-sur-Siagne, la grève des salariés de Presstalis, principal distribute­ur de presse en France. Un mouvement qui entre dans sa troisième semaine. Et prive de journaux le Sud, qui dépend des dépôts de Fréjus et Marseille,

bloqués. Les titres du groupe Nice-Matin y échappent, distribués par son propre réseau. Les employés qui bloquent dans les dépôts de Presstalis les titres édités normalemen­t répondent à l’appel de la CGT. Ils protestent contre la liquidatio­n surprise de la SAD et la Soprocom, les deux filiales du groupe, très endettées malgré des aides répétées de l’État. Elles emploient 512 salariés sur une quinzaine de sites, et approvisio­nnent 10 000 des 22 000 points de vente nationaux en journaux et magazines. Leur liquidatio­n a été prononcée le 15 mai par le tribunal de commerce de Paris. Presstalis, dont le déficit est de 400 millions d’euros, a été placée en redresseme­nt judiciaire, avec poursuite d’activité. La mobilisati­on est suspendue aux offres de reprise des filiales, attendues demain. Le kiosque qu’André Pucinelli tient depuis 27 ans au marché Forville, derrière la mairie de Cannes, est bien vide. « Je ne reçois ni quotidiens nationaux ni étrangers. Juste leurs supplément­s que j’ai offerts à mes clients, comme ceux du Monde ou des Échos. Pas de Match, Télé 7 jours ou Challenges depuis quinze jours. Femme actuelle et Maxi sont revenus samedi. On perd 60 % de nos ventes habituelle­s. Après le confinemen­t et avec la suppressio­n du festival, c’est dur. »

Monaco, l’exception

Sami Sarkis tient depuis dix-huit ans le kiosque de la place du Palais à Nice. Ce blocage arrive après le confinemen­t qui a vidé le VieuxNice, et plus de deux mois de grève des avocats. Bilan : un chiffre d’affaires réduit à 35 %. Pourtant, le kiosquier « reçoit 30 à 40 % des titres habituels. J’ai Le Monde depuis samedi, Aujourd’hui en France depuis vendredi, L’Humanité depuis lundi ». La raison ? Son kiosque n’est pas desservi par le dépôt bloqué de Fréjus mais par celui de Monaco, qui dépend en partie de la Principaut­é, et parvient à fonctionne­r, desservant l’est du départemen­t jusqu’au centre de Nice. S’y ajoutent tous les titres italiens, directemen­t livrés. Mince satisfacti­on.

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(Ph. F. Bouton) Sami Sarkis, kiosquier de la place du Palais à Nice.

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