Médiathèques : la lecture se remet en mains propres
Depuis mardi, les structures de la communauté d’agglomération ont pu rouvrir leurs portes au public. Dans des nouvelles conditions adaptées et restreintes à Antibes, Biot
Plonger dans un bouquin à défaut de pouvoir piquer une tête. Si durant le confinement nombreux d’entre nous avons cédé aux sirènes de la littérature, ces dernières retentissent d’autant plus fort à l’heure du déconfinement. Preuve en est depuis mardi. Les médiathèques de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis ont rouvert leurs portes au public. Dans des conditions jamais vues, évidemment. Mais pour assurer à tous sécurité et une porte grande ouverte sur la culture et la curiosité. Antibes, Biot et Valbonne se remettent dans le bain !
Que vous soyez plutôt Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb ou du genre à apprécier Le Masque de Zorro avec Antonio Banderas, votre penchant littéraire et cinéphile va retrouver ses pénates. Et pour cause, depuis mardi, les médiathèques du réseau de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis entament un nouveau chapitre. À l’heure du déconfinement, les structures réinventent leur manière d’accueillir le public. Exemple fait au sein de l’espace Albert-Camus d’Antibes.
50 000 documents en vadrouille dans la nature
Désormais, pour passer du côté de chez Swann, on évite l’invitation à l’improviste. Et on adopte le dress-code : masque obligatoire. « La prise de rendez-vous est indispensable pour les emprunts », indique le directeur de la lecture publique, Grégory Scalabre, en précisant : « Ce qui n’est pas le cas pour les retours. »
À nouveau mode d’emploi, nouvelles habitudes. Si les horaires s’avèrent restreints – tout comme le nombre d’usagers fréquentant simultanément les lieux, à savoir quinze –, la circulation l’est tout autant. Et cela passe par une lecture sur le parvis. Trois files se déclinent. L’une pour rapporter des documents. Elle conduit à un stand dans le hall où il est demandé de poser soi-même les DVD et autres ouvrages dans les bacs prévus à cet effet : « Ensuite, ils sont en quarantaine durant soixante-douze heures avant d’être désinfectés et regagner leur secteur. » Un travail d’ampleur au vu des 50 000 documents du réseau – dont 17 000 antibois – en vadrouille lors de l’annonce du confinement. Si les réservations demeurent gelées, l’immobilité ne s’avère guère de mise dans les rayons. En évitant d’être en retard tel le lapin de Lewis Carroll, les usagers s’adressent au personnel d’accueil protégé par un plexiglas. Premier geste : désinfection des mains au gel hydroalcoolique. Un réflexe qui doit être adopté à chaque nouvelle manipulation de couverture ou de jaquette. À chaque étage, des petits pas colorent le sol. Histoire de tracer le passage idoine. Avec beaucoup plus d’espace…
On ne flâne plus sans regarder la montre !
« L’usage des ordinateurs, les animations, la grainothèque l’espace jeu vidéo sont temporairement inaccessibles. »
Assises colorées et autres éléments joyeux ont disparu du décor à l’étage jeunesse – nettoyé assidûment comme tous les autres. « On est plutôt dans la bibliothèque universitaire niveau ambiance désormais », sourit le directeur, ravi de voir le public revenir peu à peu dévorer des yeux les tranches savamment rangées. Mais comme il n’est plus question de flâner comme avant, le temps est compté : « Nous demandons de ne pas rester plus de trente minutes, cela permet de fluidifier l’accueil. Pour ce faire des sélections de nouveautés ou thématiques sont présentes à chaque espace pour donner des idées ! » L’envie de piquer la curiosité demeure la même. Et si l’organisation du service au public s’adapte au fil des mesures, cette situation hors norme a permis de développer plus vite que prévu des projets. « L’offre en ligne concernant la presse, les vidéos à la demande, la formation reste disponible. Tout comme notre nouveauté : les livres audio numériques. »
Ce coup de frein sur les projets impacte-t-il les achats prévus ? « Non, les commandes vont reprendre. C’est d’autant plus important car nous travaillons avec des fournisseurs locaux. » Un geste de proximité qui illustre la philosophie toujours de mise au sein de l’établissement – dont les membres volontaires ont été dépistés –:« Nous pouvons toujours donner un coup de main si une liseuse a un problème, ou si des questions techniques surviennent. Nous sommes là pour ça, il ne faut pas perdre de contact. »