« Renault doit retrouver la créativité qu’on lui connaît »
Laurent Meillaud, journaliste automobile, spécialisé dans les nouvelles technologies, nous livre son analyse.
Renault joue-t-il sa survie ?
Oui. Renault éprouvait des difficultés, déjà perceptibles du temps de Carlos Ghosn, et qui résultent de mauvais choix stratégiques. Elles ont été amplifiées par le retournement du marché en Europe et la crise du Covid. De plus, le secteur automobile est confronté à une transformation radicale, en raison de l’électrification à marche forcée pour respecter les normes de CO. Renault est un peu coincé, car hormis la Clio et la Mégane qui font des volumes, les anciens modèles stars (Scénic et Espace) émettent trop de CO et sont frappés par des malus. Et la gamme manque d’attrait, avec des SUV (Captur, Kadjar) somme toute peu originaux. Renault doit retrouver la créativité qu’on lui connaît et qui a permis d’inventer de nouveaux concepts. Mais la marque doit d’abord sortir de l’ornière.
Le prêt de 5 milliards accordé par l’Etat est-il suffisant ?
C’est un ballon d’oxygène, pas une garantie sur le moyen terme. Il va falloir rapidement trouver des relais de croissance, en réduisant les stocks et en sortant des produits qui se vendent mieux.
Quelles pourraient être les conséquences sur le réseau de commercialisation ?
Dans son plan d’économies, la marque semble vouloir céder une partie de son réseau en Europe. Elle n’a pas donné de détails. L’accent va être mis de plus en plus sur le digital, afin que le parcours client soit optimisé. D’une certaine façon, cet épisode du Covid- amène Renault à basculer dans un monde « d’après ».
Nissan ou Daimler pourraient-ils prendre le contrôle de Renault ?
Je ne pense pas. On aurait pu le craindre à une époque de Nissan. Mais on voit, aujourd’hui, que l’allié japonais de Renault n’est plus très vaillant. Quant à Daimler, il me semble qu’il a d’autres soucis, en particulier un actionnaire chinois, Geely (déjà propriétaire de Volvo), qui semble le lorgner avec beaucoup d’appétit.