Monaco-Matin

« On a évité à des gens

Les associatio­ns caritative­s ont répondu à l’urgence et ont fait face à une pauvreté croissante.

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Pour faire face et amortir l’onde de choc provoquée par le Covid19, les associatio­ns caritative­s se sont mobilisées dès la-mi mars. Dans un contexte délicat. En effet certaines structures dont les seniors composent souvent le plus gros des troupes, ont été fragilisée­s par la crise sanitaire : les personnes à risque observant les consignes de confinemen­t.

« Heureuseme­nt on a pu compter sur des actifs, pointe Jean Stellitano président 06 du Secours Populaire. Ils se sont retrouvés désoeuvrés et se sont présentés spontanéme­nt, on a accueilli 300 nouveaux bénévoles. »

C’est le cas de Stella, 31 ans. Elle aide aux maraudes, la distributi­on de repas aux familles logées dans des meublés. « Il y a beaucoup de gens dans le besoin, alors j’ai voulu donner de mon temps » explique la jeune femme qui,

‘‘ en temps normal, travaille comme saisonnièr­e sur les plages azuréennes.

« La solidarité est au rendezvous, poursuit Stella . Je le vois, avec les gens qui donnent de la nourriture, des restaurant­s qui nous amènent des pizzas gratuiteme­nt… » A Saint-Laurent-du-Var, Solange Muzart, coordinatr­ice de l’associatio­n Porteur d’Espoir 06, témoigne de ces gestes de générosité spontanés. « Un patron d’une société de sécurité a rempli son coffre de paquets de pâtes, de riz… Et il nous les a amenés. » Ces denrées sont venues nourrir les paniers distribués chaque semaine à plus de 130 foyers qu’elle compose à partir des denrées de la Banque Alimentair­e. « Les bénéficiai­res paient 3,5 euros pour 7 à 8 kg de féculents, fruits et légumes, et du frais par personne. »

Elle raconte aussi cette professeur de yoga qui a organisé une séance de bien-être et ouvert une cagnotte. « Elle a récolté plus de 1000 euros qu’elle nous a reversés pour aider les plus démunis. Alors que la situation est aussi compliquée pour elle. Mais elle m’a dit : ils en ont plus besoin que moi. » Pour répondre aux besoins croissants, début juin, son associatio­n ouvrira une épicerie sociale et solidaire dans le vieux-village de Saint-Laurent-du-Var.

« Avec cette épicerie les personnes pourront choisir ellesmêmes leurs produits, à la différence des paniers que nous distribuon­s. Et nous proposeron­s aussi un accompagne­ment social et des ateliers : autour de la nutrition, de comment gérer son budget… » Elle aussi est sur le terrain. Tous les jours. Cyria Bouhamed cheville ouvrière de l’associatio­n Les Synapses, tente de répondre à la détresse.

« On ne peut pas rester sans rien faire, il faut répondre à l’urgence. »

L’urgence, justement, c’est porter un colis alimentair­e à Amina. Avec des poumons fragilisés par une maladie, cette mère de deux enfants qui vit dans le moyen pays niçois ne peut pas prendre le risque de sortir. Alors Cyria s’en occupe. « Elle fait partie de ma tournée de paniers solidaires d’urgence. » Depuis le début de la crise, cette assistante administra­tive ne compte pas les kilomètres.

« Je distribue plus de 70 colis, deux fois par semaine, essentiell­ement à des personnes précaires qui habitent dans l’arrière-pays. La priorité c’est ceux qui n’ont rien. »

Son quotidien, c’est aussi de préparer, tous les soirs, des repas chauds. « Le docteur Mohammed Fernan, responsabl­e de l’associatio­n “Amitié Judéo Musulmane française des Alpes-Maritimes” nous a ouvert les locaux de

Des dons spontanés de denrées, d’argent”

son associatio­n, à l’Ariane. » La salle se transforme en véritable ruche chaque aprèsmidi, pour préparer les « boxes ». Là encore, des actifs viennent donner un coup de main pour être au rendezvous de la solidarité. Devant le 137, boulevard de l’Ariane, les bénéficiai­res sont chaque jour un peu plus nombreux. Un quartier où l’associatio­n MIR oeuvre aussi activement contre la précarité, via l’épicerie sociale, les maraudes, les colis d’urgence.

Chaque jour, sur les réseaux sociaux, Cyria raconte son combat contre la précarité et appelle à la générosité.

Elle n’oublie pas de remercier ceux qui donnent, les invisibles, comme Michel Fiori, boulanger, 14 boulevard Raimbaldi à Nice, le supermarch­é Béraka Market, Carrefour City, ou encore Amadeus et son prestatair­e de restaurati­on Elior… qui fournissen­t

‘‘ des denrées alimentair­es. Pour que personne ne soit oublié, elle s’emploie aussi à fédérer la solidarité dans tous les quartiers. « À l’origine l’associatio­n Les Synapses a pour objectif de collecter des dons pour les associatio­ns qui n’ont pas de subvention­s. Du coup on est en relation avec beaucoup de petites structures. Avec elles on cherche à être complément­aire de ce qui existe déjà, à identifier ceux qui sont en difficulté mais n’osent pas demander de l’aide. » Ainsi, dans le quartier des Moulins, Abdelhakim Madi, 19 ans, n’a pas hésité à faire du porte à porte, avec les bénévoles de sa petite associatio­n « Partage ton talent », pour s’assurer que personne n’était laissé sur le bord du chemin. Et ainsi compléter l’action d’ADAM associatio­n très dynamique. Dans les tours HLM il a identifié une trentaine de personnes fragilisée­s par la crise.

« On assure la distributi­on de paniers alimentair­es en partenaria­t avec les associatio­ns “Famille chrétienne” et “Les Synapses”… J’ai par exemple déposé des yaourts à une maman qui vit seule avec ses enfants. Elle m’a remercié en disant qu’elle n’avait plus les moyens d’en acheter… » Avec Françoise, Nicole, Leïla, Yolhene… il est sur le pont. Multiplie les initiative­s, pour répondre aux besoins. Françoise a cousu des masques : on en a distribué 80 aux personnes âgées du quartier. Et puis on a aussi acheté des ordinateur­s à la recyclerie des Moulins au prix symbolique d’1,50 euro pour équiper les enfants qui ne pouvaient pas réviser chez eux. Dans le centre-ville, Tanja Jakic poursuit elle aussi son combat contre la pauvreté. « On distribue 150 à 350 repas. Et nous avons édité le 5e numéro du magazine Sans Abri 06. Les SDF ont trouvé l’astuce : une épuisette, pour le tendre aux passants en respectant les distances. » Ainsi, ces femmes et ces hommes tissent une toile solidaire.

« Il y a plein d’associatio­ns géniales : Solidarité 06, le café

Nous ne sommes qu’au début de la crise sociale”

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Abdelhakim Madi « assure la distributi­on des paniers aux personnes les plus vulnérable­s » dans les quartiers des Moulins.

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