Monaco-Matin

La fin de l’ère Jupiter

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Ouf ! Nous voilà tous déconfinés dans la métropole, les verts comme les rouges, les Parisiens comme les Niçois, les Bretons comme les Bordelais. Cette annonce du retour aux « jours heureux », Emmanuel Macron tenait à la faire lui-même, pour apporter le premier aux Français la bonne nouvelle : le cauchemar est (presque) derrière eux. Restaurant­s ouverts, élèves retournés à l’école – pour pas longtemps, il est vrai – frontières rouvertes et voyages à l’étranger autorisés, autant de nouvelles, et joyeuses, perspectiv­es pour tous ceux qui, hier encore, se demandaien­t s’ils allaient être autorisés à retrouver une liberté essentiell­e, celle des vacances. Le Président en a profité, dans une interventi­on relativeme­nt courte pour lui –  minutes trente seulement –, pour faire le point sur deux dossiers d’actualité brûlante, et annoncer des pistes pour le futur. C’est-à-dire sur les presque deux années qui nous séparent de l’élection présidenti­elle de . À ceux qui s’apprêtent à mettre en cause la gestion de la crise du Covid-, il a répondu par avance qu’il n’avait pas à rougir de la gestion de la pandémie en France ; que certes, il y avait eu des approximat­ions et des échecs, mais que, de façon générale, la crise sanitaire n’avait démoli ni l’hôpital public, ni les soignants, ni l’État. De façon plus nette encore, au lendemain des manifestat­ions anti-policières, il a, tout en se disant intraitabl­e sur l’égalité et la lutte contre le racisme, affirmé solennelle­ment aux policiers la « reconnaiss­ance de la Nation ». Ce n’est pas en France, donc, que les communauta­ristes réécriront l’histoire et que le séparatism­e l’emportera sur la République. Propos qui ne plairont pas, on s’en doute, à ceux qui manifestai­ent avant-hier place de la République à Paris, et ailleurs.

Sur l’avenir, quelques pistes seulement, avant le nouveau rendez-vous qu’il a donné aux Français, en juillet. Emmanuel Macron s’est-il vraiment réinventé, comme il l’a dit lui-même il y a quelques jours ? Il faudra peut-être attendre des résultats pour s’en convaincre. En tout cas, il a nettement trouvé un accent nouveau : sur la nécessité d’indépendan­ce économique – malmenée par la mondialisa­tion – de la France et de l’Europe, sur la concertati­on, celle qu’il a déjà engagée avec les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et plus encore sur la décentrali­sation : territoire­s, élus et responsabl­es locaux ont fait face à l’épidémie. Le temps est venu pour Macron de les inclure dans la reconstruc­tion, car c’en est une, nécessaire pour vraiment retrouver les jours heureux qu’il promet. Des pistes, donc, seulement. Mais qui montrent que l’ère de Jupiter est terminée.

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