La fin de l’ère Jupiter
Ouf ! Nous voilà tous déconfinés dans la métropole, les verts comme les rouges, les Parisiens comme les Niçois, les Bretons comme les Bordelais. Cette annonce du retour aux « jours heureux », Emmanuel Macron tenait à la faire lui-même, pour apporter le premier aux Français la bonne nouvelle : le cauchemar est (presque) derrière eux. Restaurants ouverts, élèves retournés à l’école – pour pas longtemps, il est vrai – frontières rouvertes et voyages à l’étranger autorisés, autant de nouvelles, et joyeuses, perspectives pour tous ceux qui, hier encore, se demandaient s’ils allaient être autorisés à retrouver une liberté essentielle, celle des vacances. Le Président en a profité, dans une intervention relativement courte pour lui – minutes trente seulement –, pour faire le point sur deux dossiers d’actualité brûlante, et annoncer des pistes pour le futur. C’est-à-dire sur les presque deux années qui nous séparent de l’élection présidentielle de . À ceux qui s’apprêtent à mettre en cause la gestion de la crise du Covid-, il a répondu par avance qu’il n’avait pas à rougir de la gestion de la pandémie en France ; que certes, il y avait eu des approximations et des échecs, mais que, de façon générale, la crise sanitaire n’avait démoli ni l’hôpital public, ni les soignants, ni l’État. De façon plus nette encore, au lendemain des manifestations anti-policières, il a, tout en se disant intraitable sur l’égalité et la lutte contre le racisme, affirmé solennellement aux policiers la « reconnaissance de la Nation ». Ce n’est pas en France, donc, que les communautaristes réécriront l’histoire et que le séparatisme l’emportera sur la République. Propos qui ne plairont pas, on s’en doute, à ceux qui manifestaient avant-hier place de la République à Paris, et ailleurs.
Sur l’avenir, quelques pistes seulement, avant le nouveau rendez-vous qu’il a donné aux Français, en juillet. Emmanuel Macron s’est-il vraiment réinventé, comme il l’a dit lui-même il y a quelques jours ? Il faudra peut-être attendre des résultats pour s’en convaincre. En tout cas, il a nettement trouvé un accent nouveau : sur la nécessité d’indépendance économique – malmenée par la mondialisation – de la France et de l’Europe, sur la concertation, celle qu’il a déjà engagée avec les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et plus encore sur la décentralisation : territoires, élus et responsables locaux ont fait face à l’épidémie. Le temps est venu pour Macron de les inclure dans la reconstruction, car c’en est une, nécessaire pour vraiment retrouver les jours heureux qu’il promet. Des pistes, donc, seulement. Mais qui montrent que l’ère de Jupiter est terminée.