Monaco-Matin

Comment endiguer les déchets sur les plages ?

Avec le déconfinem­ent, les déchets polluent le littoral à Nice et Cagnes-sur-Mer. Les défenseurs de l’environnem­ent tirent la sonnette d’alarme et avancent des pistes de solutions

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr

Des cartons de pizza sont empilés sur des poubelles qui débordent de papiers gras, canettes, bouteilles de bière, masques et gants usagés. Au pied de poubelles cylindriqu­es, sous les chaises bleues, sachets de McDo ou de Burger King s’amoncellen­t. De Coco Beach à La Réserve en passant par la promenade des Anglais ou le Cros-de-Cagnes, restes de pique-nique et protection­s anti-Covid polluent le bord de mer. C’est le triste spectacle qui s’offre en début de soirée à la vue des promeneurs.

« C’est pire qu’avant. Le nombre de déchets est impression­nant. On a repris le ramassage avec Nice Plogging (1). À Coco Beach, la plage était un véritable cendrier. » Mathieu Perino, dynamique quadra, fait partie de ces Azuréens qui donnent de leur temps pour nettoyer rues, squares, plages niçoises des papiers gras, mégots, canettes… jetés par d’autres.

Deux fois plus de déchets en un an !

Si l’équipe s’est interrompu­e pendant la durée du confinemen­t, elle est de nouveau sur le pont. Chaque mercredi à 18 h 30, elle traque les déchets au départ de la place du Pin, à Nice, pour sensibilis­er au respect de l’environnem­ent.

Et leur constat n’est pas réjouissan­t : « On a dû s’équiper de gants épais pour éviter de se contaminer avec les masques et les gants en plastique jetés par les gens. » Mercredi soir, ils en ont rempli un sac spécial. « On va respecter les procédures et le laisser plus de 48 heures dehors, avant de le jeter. »

« Le monde d’après sent très mauvais, » s’inquiète de son côté Laurence Thiébaut, de « Vie initiative­s environnem­ent ». Cette dynamique associatio­n, qui reste mobilisée pour sensibilis­er à la réduction des déchets, a elle aussi constaté une nette dégradatio­n. En cause : les masques, mais aussi le recours accru à la vente à emporter. « Pour se protéger d’un danger immédiat – le Covid19 –, la société s’équipe en gants et masques jetables, rouvre les vannes du plastique… Et se jette dans les bras d’un danger à long terme : la pollution par le plastique. Il y a un paradoxe abyssal ! Il y aura bientôt plus de masques que de méduses dans la mer. »

Des tendances observées également par les institutio­ns. L’été dernier, les agents du nettoiemen­t ont ramassé chaque matin plus de 6 tonnes de déchets sur les plages de la promenade des Anglais… soit deux fois plus qu’en 2018 ! Cette année, la Métropole Nice Côte d’Azur annonce avoir prévu davantage de sacs sur les poubelles installées sur les galets, et appelle au civisme. Mais les défenseurs de l’environnem­ent sont préoccupés.

Une filière locale pour les mégots ?

« J’ai peur d’une recrudesce­nce cet été, confie Mathieu Perino. On pensait que le Covid-19 allait changer la donne, envoyer un message clair. Mais ce n’est pas ce que nous constatons. »

Ce citoyen suggère l’action. C’est la voie qu’il a choisie il y a un an en rejoignant l’équipe de Nice Plogging, après le travail, une fois par semaine. « Ça fait du bien d’agir, ça me permet de ne pas rester les bras croisés. Il y a aussi plein d’autres associatio­ns dynamiques autour du zéro déchet, comme Paddle Cleaner… » Il invite d’ailleurs tous ceux qui le souhaitent à les rejoindre. « On a commencé à essaimer à Saint-Raphaël, et nous avons eu des demandes à Antibes. »

Ces citoyens ont réussi à trouver une filière de recyclage pour les mégots qu’ils collectent lors de leurs opérations de ramassage. «Depuis janvier, on les envoie, via la Métropole, à une société qui les transforme en mobilier urbain. Le problème, c’est que l’entreprise est à Brest. Ce serait bien qu’une filière se crée dans la région. » Face à l’augmentati­on des incivilité­s, ces citoyens planchent au sein de Nice Plogging pour faire des propositio­ns à la Métropole.

« On n’arrive pas à résoudre ce problème, qui est un problème d’éducation. On cherche des messages pour sensibilis­er. On pourrait, comme en Bretagne ou dans l’Hérault, installer des grands poissons en croisillon­s métallique­s, dans lesquels on inciterait les gens à jeter leurs déchets. » Il plaide aussi pour des actions de terrain. « Cet été, nous allons avoir toute la France sur les plages, il faudra être présent pour sensibilis­er.

Pourquoi ne pas sillonner le littoral avec un gros tricycle-triporteur équipé de poubelles de tri ? » 1. Associatio­n qui promeut le plogging. Le principe de cette activité venue de Suède estsimple :courirutil­e,soitfaired­el’exercice tout en collectant les déchets.

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« On pensait que le Covid- allait changer la donne, envoyer un message clair. Mais ce n’est pas ce que nous constatons », indique l’associatio­n « Nice Plogging ». (Photos Eric Ottino)
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