Les coiffeurs ne se font plus de cheveux !
Les premiers jours du déconfinement, beaucoup de professionnels capillaires ont cartonné, rattrapant une partie de leur retard. À présent il faut reconquérir la clientèle sur la durée
Une rentrée euphorique. » Au lendemain du confinement, les coiffeurs niçois et azuréens ont cartonné. Jean-Pierre Galvez, président de la Chambre de métier, président d’honneur de la Fédération de la coiffure 06 et coiffeur à Sainte-Marguerite, confirme ce score monté en épingle : « Surtout la première semaine. » Des cheveux qui avaient poussé, des looks méconnaissables, des femmes qui s’étaient improvisé coloristes avec un cran frôlant l’inconscience de l’apprentie sorcière. Le salon de coiffure était devenu une urgence vitale. « Quinze jours avant la date de réouverture des salons, on a eu des tas d’appels. Des dizaines par jour pour obtenir la certitude d’un rendez-vous le plus vite possible. Des amis m’ont prévenu catégoriquement : ‘‘Je veux être le premier !’’ »
Rupture de stocks
Pas facile de gérer ce flux de SOS crépus au milieu d’une réglementation sanitaire touffue à mettre en pratique et de la difficulté à trouver des équipements souvent en rupture de stock : gels désinfectants, peignoirs et serviettes jetables, masques, etc. Tout le monde en a voulu. « La semaine précédant le déconfinement, poursuit JeanPierre Galvez, j’ai eu un mal fou à trouver des parois en plexiglas, or, elles sont très pratiques pour optimiser la place car sans elles, on doit respecter 4 m² par personne. »
Un vrai casse-tête. Assorti d’horaires en extension. Suffisants pour décaper le manque à gagner consécutif aux deux mois de fermeture ? Pas tout à fait : «Enmai, nous avons rattrapé douze jours de fermeture mais pas les deux mois. » Michel Tricart, président de l’Union des entreprises de proximité et de l’Union des entreprises de coiffure 06, tient un discours similaire : « La première semaine de déconfinement, dans mon salon, à Antibes, c’était de 8 h à 22 h 30 ! Nous avons doublé le chiffre d’affaires d’une semaine normale. Ensuite, c’est un peu retombé mais nous avons récupéré 10 % de mieux en mai par rapport à mai 2019. » Tout reconquérir ? « Pas sur deux mois.
On a rattrapé le mois de mai et, grâce aux aides, on pourra atteindre un équilibre. On ne pourra rattraper le mois d’avril qu’entre juin et décembre, si seulement l’économie reprend. Et quand je dis l’économie, c’est plutôt la vie, car la situation est encore désorganisée et chaotique. »
« Pas de mariage, pas de cérémonies »
Après la folie des premiers jours, les salons de coiffure ont adopté un rythme moins frénétique. « C’est même plus calme les fins de semaine car il n’y a pas de mariage, pas de cérémonie, peu de sorties », regrette Jean-Pierre Galvez. Combler la chute avec les tarifs, est-ce un bon calcul ? « Certains salons les ont retouchés, confirme le président de la Chambre de métier. Nous, on a réajusté des prix inchangés depuis plus de 10 ans. On a été obligés de le faire car les peignoirs, les serviettes à usage unique, les masques… représentent un budget. Un peignoir jetable, c’est entre 1 euro et 1,50 euro. Après, l’augmentation doit être raisonnable. Chez nous, un brushing coûte maintenant 1 euro de plus et une couleur entre3et4.»
Entre ceux qui n’ont pas touché leurs prix et ceux qui montent la barre très haut, il y a parfois un monde. Non loin du Carré d’or de Nice, en février, une Niçoise avait payé chez son coiffeur 170 euros comprenant, notamment, manucure, coloration, soin, coupe, coulage (patine), soutien de brushing, etc. Le 30 mai, pour les mêmes prestations plus un « painting » (technique de balayage) à 69 euros – qu’elle a découvert plus tard sur la note – cette cliente a déboursé 252 euros ! Même sans ce painting imposé, il y a tout de même eu 13 euros de hausse.
La trésorerie chute
La justification de ces augmentations ne se situe pas forcément dans les achats indispensables aux gestes barrières. « Le problème de la trésorerie disponible s’est posé pour certains confrères, s’inquiète Jean-Pierre Galvez. Deux mois sans travailler avec les loyers et les charges à assumer, cela peut s’avérer catastrophique. C’est aussi pour cela qu’on a consenti des aides. » Seront-elles suffisantes ? «Lavraie réponse, on l’aura à la fin de l’année, pronostique Jean-Pierre Galvez. La crainte concerne les responsables de petits salons qui doivent absolument récupérer toute leur clientèle afin de pallier leurs dépenses...»