Économie locale : à chacun sa méthode pour l’aider
Conseil municipal Le RN a proposé une motion concernant un dispositif de soutien aux entreprises via un outil numérique. La démarche n’a pas convaincu
L’histoire d’une bouée de sauvetage que tout le monde veut lancer. Sans pour autant être d’accord sur la couleur de cette dernière. Désirant s’impliquer sur le volet de l’urgence économique vécue par les entreprises locales, le groupe estampillé Rassemblement national a présenté sa motion lors du dernier conseil municipal d’Antibes. Et ce, par la voix d’un de ses membres, Arnaud Vie.
L’idée ? Apporter un soutien aux sociétés en difficulté via la création d’une plateforme en ligne permettant aux usagers de se signaler auprès de la municipalité : « Permettant de quantifier et répertorier les personnes qui ont besoin de faire partie du plan de soutien. »Devant les préoccupations des élus, le maire Jean Leonetti se veut rassurant : « Le travail que vous demandez a d’ores et déjà été engagé dès les premiers jours de l’annonce du confinement. »
Manque à gagner et aides indirectes
La voie se fait clairement ouverte pour le premier magistrat de lister les actions engagées. Rappelant que ce soutien économique n’est « pas du ressort des communes »(1), il évoque le rôle de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis – compétente en la matière : « La Casa a mené plus de 1 300 entretiens individuels et a abondé largement deux fonds d’aides aux entreprises à hauteur de 800 000 euros déjà utilisés à 100 %. » Avant de proposer de ne pas adopter la motion de l’opposition, le maire liste les opérations déjà menées sous la forme « d’aides indirectes » à hauteur de 3,9 millions d’euros qui, évidemment, représentent toutes un clair manque à gagner pour la Ville : « Telles que les exonérations totales de redevances d’occupation du domaine public pour 900 000 euros, le report du versement de la taxe de séjour en fin d’année, l’exonération des redevances des plages (2) pour 1,8 million d’euros et également l’exonération du stationnement sur voirie pour 500 000 euros. » Ajoutez à cela l’exonération de la taxe locale de publicité.
Bref, tout ça pour dire : non, merci à la proposition du groupe Antibes Retrouvé.
Une position également partagée par le groupe d’opposition LREM mené par François Zema qui rappelle au passage l’engagement de l’État auprès des personnes et sociétés en difficulté. Et justement, quand on parle des plus hautes sphères, le conseiller municipal et député Eric Pauget demande la parole pour défendre l’entité locale:« Il faut penser aux conséquences de ces décisions prises dans l’urgence. Comment le gouvernement va-t-il accompagner les communes ? » Regrettant ne pas avoir assisté à l’adoption de la TVA à 5,5 % pour la filière de l’hôtellerie-restauration, il laisse le micro au porteur de la motion, Tanguy Cornec. L’élu RN salue les efforts de la municipalité en déplorant les « transferts de compétence » menant selon lui à un système où chacun se renvoie la balle.
Si le maire opine du chef sur ce point, il soutient : « Je ne peux pas faire voter cette motion puisqu’elle se heurterait l’incompétence de la Ville dans le domaine économique. »
1. Interviennent à ce sujet : la CCI, les EPCI, les communautés d’agglomération, la Région, le Département.
2. Concerne également les AOT pour la restauration et les kiosques.