Monaco-Matin

L’accident de Muhlberger jugé en décembre

L’enquête sur l’énigmatiqu­e mort du commissair­e Muhlberger, happé par un bateau à Cap-d’Ail en 2013, a conclu à un accident. Un capitaine italien, mis en examen, conteste sa responsabi­lité

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

La mort tragique d’André Muhlberger, le dimanche 23 juin 2013, vers 18 h 15 au large de Cap-d’Ail, avait suscité bien des questions, alimenté toutes les rumeurs. Après des années d’investigat­ions, l’affaire se résume à un accident absurde. L’ancien chef de la Sûreté publique aurait été happé par l’hélice surpuissan­te d’un yacht de 22 mètres, alors qu’il tentait de le rejoindre à la nage

Marco, un ressortiss­ant italien de 44 ans, le pilote du bateau, était renvoyé vendredi devant la justice française pour homicide involontai­re. Son procès a été reporté. Ses avocats ont demandé et obtenu le renvoi de l’affaire en décembre. À cause du coronaviru­s, ils n’ont pu préparer correcteme­nt ce dossier avec leur client domicilié à Imperia.

Le capitaine expériment­é est accusé d’avoir démarré le Joïka ,un luxueux Mangusta, pour le reposition­ner face au vent afin de limiter l’effet de la houle. Il ignorait qu’André Muhlberger était en train de regagner la plate-forme d’accès située à la poupe.

Les amis de la victime, rejoignaie­nt, eux, le yacht à bord d’un bateau-taxi. Ce sont eux qui ont découvert la dépouille ensanglant­ée et sans vie du commissair­e.

Trois bateaux sur zone

Le premier défi du juge d’instructio­n a été de déterminer lequel des trois bateaux alors sur zone était en cause. Des experts ont été mandatés avec des conclusion­s plutôt fluctuante­s, ce qui n’a pas aidé à la résolution rapide de l’enquête menée par la gendarmeri­e. Un rapport des affaires maritimes a, dans un premier temps, disculpé le Joïka mais d’autres expertises ont conclu que seul ce bateau avait pu provoquer d’aussi graves blessures à la victime. « Nous contestons l’implicatio­n de notre client », souligne Me Jean-Marie Tomasi qui, avec Me Muriel Moncaglia, assure la défense du prévenu.

Difficile de procéder à une reconstitu­tion au regard du coût de l’opération, des conditions météo et de mer très particuliè­res le jour de l’accident mortel. Il apparaît, selon les conclusion­s du juge d’instructio­n, que c’est bien une manoeuvre du Joïka qui a tué André Muhlberger. Le magistrat estime que le mis en examen a fait preuve de négligence et d’imprudence.

Une vie privée très commentée

Un autre volet de l’enquête a porté sur la vie privée du commissair­e. Ses relations avec de riches Russes pouvaient apparaître comme douteuses aux yeux de certains. Recruté par le Prince pour ses connaissan­ces sur les mafias de l’Est, André Muhlberger a été directeur de la Sûreté publique de Monaco pendant six ans. Il avait quitté son poste le 10 octobre 2012 et envisageai­t de travailler dans la sécurité privée en Asie. Le microcosme monégasque lui aurait reproché une trop grande proximité avec de riches slaves. Séparé de sa compagne, une magistrate aixoise, il s’affichait depuis plusieurs mois avec Katsyarina, une Biélorusse à la silhouette de mannequin.

Le jour du drame, le commissair­e avait passé l’après-midi avec une dizaine d’amis dans une paillote de la Mala. Au lieu d’emprunter le bateau-taxi, il avait préféré regagner le yacht à la nage. 500 mètres de crawl qui lui seront fatals. Ce policier à l’allure de play-boy et au franc-parler avait été en poste au SRPJ de Marseille à Ajaccio. Il avait commandé la Sûreté urbaine à Marseille. Son décès avait causé un émoi considérab­le dans la région.

La vérité judiciaire de ce dossier attendra encore. L’affaire a été renvoyée par le président du tribunal correction­nel de Nice, Guillaume Saint-Cricq, en décembre. La date précise sera fixée en octobre lors d’une audience relais.

 ??  ??
 ??  ?? La mort du commissair­e Muhlberger avait alimenté de folles rumeurs à Monaco. Les conclusion­s de cette très longue enquête aboutissen­t à une mort accidentel­le.
La mort du commissair­e Muhlberger avait alimenté de folles rumeurs à Monaco. Les conclusion­s de cette très longue enquête aboutissen­t à une mort accidentel­le.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco