« Oui, les enfants peuvent retourner à l’école. Le virus ne circule plus »
Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiologue
Le Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiologue, est chef du service de pédiatrie du Centre hospitalier Princesse-Grace à Monaco et référent enfants et Covid-19 dans les Alpes-Maritimes et Monaco.
Avec le retour massif des enfants à l’école, il sera impossible, chacun le sait, de respecter les règles de distanciation.
Est-ce raisonnable ?
Oui, les enfants peuvent retourner à l’école. Pour deux raisons. Rappelons que les moins de ans sont très peu contaminants, bien moins en tout cas que les adultes. La Société française de pédiatrie le confirmait encore récemment, battant en brèche le discours qui a dominé aux premiers temps de l’épidémie de Covid. Par ailleurs, le virus ne circule plus : pour preuve, parmi les derniers tests que nous avons réalisés chez des enfants ces derniers jours, aucun n’était positif.
Cela signifie-t-il qu’il n’y a plus de précautions à prendre ?
Non. Ce virus conserve de nombreux mystères. Certes, et c’est fondamental, nous sommes désormais en capacité, au moindre doute, de réaliser des tests et de prendre les mesures qui s’imposent. Mais, même s’il est plus qu’improbable que jours de scolarité conduisent à refaire partir l’épidémie, il n’est pas exclu qu’il se remette à circuler.
D’où l’importance de conserver les bonnes habitudes acquises au cours des derniers mois, de maintenir certains gestes barrière à l’école, comme l’hygiène des mains, tousser dans son coude…
Il reste que ces écoliers qui vont reprendre le chemin de l’école ont des familles qui hébergent parfois des personnes vulnérables, notamment des personnes âgées.
Certes, et c’est la raison pour laquelle il est important que les enfants, lorsqu’ils sont de retour de l’école, prennent un certain nombre de précautions, s’ils sont en contact avec des personnes vulnérables : se laver les mains, éviter les bises sur le visage, etc.
L’épisode Covid- modifiera-til selon vous à long terme la prise en charge des infections chez l’enfant scolarisé ?
Sans aucun doute. Le Covid- nous a fait prendre conscience que nous devions changer d’attitude. Il nous a amenés à nous poser des questions que nous ne nous posions pas jusqu’à présent. Exemples : Faudra-t-il dès la rentrée de septembre s’attacher à rechercher systématiquement la présence de virus, coronavirus et autres, grippe, bronchiolite etc., lorsqu’un enfant tousse, est enrhumé ? Faudra-t-il l’exclure de l’école au moindre symptôme, ou pourra-t-on se « contenter » d’appliquer les gestes barrières – port du masque, hygiène des mains, etc. — sachant qu’ils sont désormais maîtrisés même par les plus jeunes ? On va mener cet été une réflexion sur ce qu’on proposera dès la rentrée.
Les tests du Covid- en PCR passent par un prélèvement nasopharyngé, difficile à réaliser notamment chez les plus jeunes. C’est peu pratique pour ce dépistage que vous envisagez !
C’est la raison pour laquelle nous essayons d’anticiper sur la rentrée de septembre, en réfléchissant à des outils qui pourraient nous aider à faire des enquêtes de portage du virus au sein des écoles.
Des pistes ?
Oui, on pense notamment à des tests salivaires, plus simples à réaliser. On pourrait alors réaliser des prélèvements réguliers, pourquoi pas tous les jours, dans les écoles, pour évaluer la circulation du coronavirus, mais aussi d’autres virus.