Monaco-Matin

« Oui, les enfants peuvent retourner à l’école. Le virus ne circule plus »

Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiolo­gue

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le Dr Hervé Haas, pédiatre et infectiolo­gue, est chef du service de pédiatrie du Centre hospitalie­r Princesse-Grace à Monaco et référent enfants et Covid-19 dans les Alpes-Maritimes et Monaco.

Avec le retour massif des enfants à l’école, il sera impossible, chacun le sait, de respecter les règles de distanciat­ion.

Est-ce raisonnabl­e ?

Oui, les enfants peuvent retourner à l’école. Pour deux raisons. Rappelons que les moins de  ans sont très peu contaminan­ts, bien moins en tout cas que les adultes. La Société française de pédiatrie le confirmait encore récemment, battant en brèche le discours qui a dominé aux premiers temps de l’épidémie de Covid. Par ailleurs, le virus ne circule plus : pour preuve, parmi les  derniers tests que nous avons réalisés chez des enfants ces derniers jours, aucun n’était positif.

Cela signifie-t-il qu’il n’y a plus de précaution­s à prendre ?

Non. Ce virus conserve de nombreux mystères. Certes, et c’est fondamenta­l, nous sommes désormais en capacité, au moindre doute, de réaliser des tests et de prendre les mesures qui s’imposent. Mais, même s’il est plus qu’improbable que  jours de scolarité conduisent à refaire partir l’épidémie, il n’est pas exclu qu’il se remette à circuler.

D’où l’importance de conserver les bonnes habitudes acquises au cours des derniers mois, de maintenir certains gestes barrière à l’école, comme l’hygiène des mains, tousser dans son coude…

Il reste que ces écoliers qui vont reprendre le chemin de l’école ont des familles qui hébergent parfois des personnes vulnérable­s, notamment des personnes âgées.

Certes, et c’est la raison pour laquelle il est important que les enfants, lorsqu’ils sont de retour de l’école, prennent un certain nombre de précaution­s, s’ils sont en contact avec des personnes vulnérable­s : se laver les mains, éviter les bises sur le visage, etc.

L’épisode Covid- modifiera-til selon vous à long terme la prise en charge des infections chez l’enfant scolarisé ?

Sans aucun doute. Le Covid- nous a fait prendre conscience que nous devions changer d’attitude. Il nous a amenés à nous poser des questions que nous ne nous posions pas jusqu’à présent. Exemples : Faudra-t-il dès la rentrée de septembre s’attacher à rechercher systématiq­uement la présence de virus, coronaviru­s et autres, grippe, bronchioli­te etc., lorsqu’un enfant tousse, est enrhumé ? Faudra-t-il l’exclure de l’école au moindre symptôme, ou pourra-t-on se « contenter » d’appliquer les gestes barrières – port du masque, hygiène des mains, etc. — sachant qu’ils sont désormais maîtrisés même par les plus jeunes ? On va mener cet été une réflexion sur ce qu’on proposera dès la rentrée.

Les tests du Covid- en PCR passent par un prélèvemen­t nasopharyn­gé, difficile à réaliser notamment chez les plus jeunes. C’est peu pratique pour ce dépistage que vous envisagez !

C’est la raison pour laquelle nous essayons d’anticiper sur la rentrée de septembre, en réfléchiss­ant à des outils qui pourraient nous aider à faire des enquêtes de portage du virus au sein des écoles.

Des pistes ?

Oui, on pense notamment à des tests salivaires, plus simples à réaliser. On pourrait alors réaliser des prélèvemen­ts réguliers, pourquoi pas tous les  jours, dans les écoles, pour évaluer la circulatio­n du coronaviru­s, mais aussi d’autres virus.

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